Dans la vie, certaines choses se déroulent selon un plan que l’on a établi dans notre tête et on se sent plutôt bien… Et il arrive parfois que les choses dérapent tellement que le résultat final est très, très différent de ce qui était prévu. De fait, je tiens à ouvrir ce compte-rendu en m’excusant le plus platement possible auprès du staff du Hero Festival, car je n’ai hélas pu rester que huit heures sur le salon au lieu des onze à treize prévues pour des raisons de santé personnelles qui m’ont forcé à lever les voiles plus tôt que prévu. Après, ça ne veut pas non plus dire que je ne me suis pas éclaté, loin de là, mais ça m’a empêché de faire deux des choses que j’avais voulu faire, notamment essayer les jeux indé (surtout qu’il y avait Edge of Eternity) et aller à la rencontre de Shibuya Production, qui prépare actuellement un reboot d’Astro Boy des plus prometteurs et un petit jeu indépendant du nom de Shenmue III.

I Need a Hero ♫

La première chose qui m’a frappé avec ce festival, c’est que comparé à ceux que j’ai déjà pu faire, c’est sa disposition. Alors certes, diviser un salon en diverses parties thématiques, c’est pas nouveau, mais là, c’était le niveau au dessus, puisque l’on avait une section entièrement dédiée au jeu vidéo, une autre au comics, une autre aux univers fantasy et une dernière plus orientée culture japonaise au sens le plus large. Autre chose, bien plus surprenante, était la présence d’une section entièrement en extérieur consacrée à la culture médiévale, du tir à l’arc en passant par les combats à l’épée et même carrément des animaux de la ferme avec un chien-loup trop mignon que j’aurais adoré adopter et tisser des liens télépathi… Ahem (ceux qui auront lu l’Assassin Royal ou le Trône de Fer sauront). Cette façon de segmenter et « donner une identité à chaque zone » était très intéressante sur le papier, mais sur le terrain, j’ai trouvé le côté identification et segmentation pas assez poussé, résultant en une impression de gloubiboulga étrange. Bon, après, ce n’était pas non plus un problème immense, d’autant plus que la solution pour pousser ce concept jusqu’au bout consisterait à gonfler considérablement le budget et passer plus de temps à l’installation, ce qui ne servirait pas à grand chose en dehors de donner au salon une dose d’identité supplémentaire. Après, j’ai légèrement l’impression que cette pensée vient du fait que les zones fantasy et médiévales étaient vraiment identifiables par rapport aux autres, notamment grâce à la présence de nombreux et sublimes stands en bois transpirant le « fait main » et proposant des articles fabriqués localement, là où les zones comics et Japon abondaient de boutiques d’importations et de librairies (ce qui n’est pas non plus une mauvaise chose, vu la rareté de certains produits… Juste que l’on voit ce genre de stands dans 90% des conventions de taille moyenne et plus grand encore).

En ce qui concerne les animations, un détail qui m’a frappé concerne l’agencement des scènes : il y en avait un peu partout, et pas forcément à des endroits des plus logiques. J’ai notamment remarqué qu’une des scènes de la zone comics et SF était placée en plein milieu du chemin, offrant des animation que l’on pourrait considérer comme étant de « remplissage », car les gens regardaient d’un oeil et écoutaient d’une oreille avant de passer leur chemin et aller en direction des boutiques/autres scènes/zone avec les jeux. Et c’est probablement ça, le pire, puisque ça portait à préjudice les pauvres animateurs, qui non seulement avaient un public restreint du fait qu’il valait mieux éviter de causer des bouchons, mais aussi devaient faire face à l’indifférence de la majorité des gens qui passaient par là. Mettre ces scènes dans un coin aurait pu les desservir dans le sens qu’il aurait fallu les trouver et ça aurait pu donner l’impression qu’ils étaient parqués, mais ça aurait aussi pu permettre  d’éviter ces moments gênants où les animateurs étaient interrompus dans leur fil pour qu’une annonce soit passée concernant des enfants qui se seraient perdus dans le salon.

Côté jeux vidéo, si l’on exceptait l’inadmissible intrusion à fond les ballons de Maître Gims et de Kids United dans les haut-parleurs centraux à la zone qui détruisaient le capital bon goût du festival en général (non mais sérieux), l’endroit était plutôt sympathique. Alors certes, une bonne partie de l’espace était occupé par des bornes de jeux sortis depuis quelques semaines et le PS VR, l’espace alloué aux indés était plutôt large et les jeux proposés étaient aussi nombreux que les genres dans lesquels ils s’inscrivaient. On avait le droit à Edge of Eternity, Swap Tales Leon, Splasher, Stellar Overload et bien d’autres, ce qui était plus que cool. Il y avait également une scène pour rencontrer Marcus et une autre pour Fred of the Dead (a.k.a Sparadrap des Noob), qui proposait même des duels à Bomberman avec Kayane (qui réussissait à mettre la pâtée à tout le monde) et quelques espaces ici et là pour que certains vidéastes puissent rencontrer leurs fans. En tout cas, niveau invités, ce n’était pas ce qui manquait, avec énormément de comédiens de doublage, des vidéastes, des auteurs et dessinateurs ainsi que quelques acteurs d’assez haute renommée. Certes, ce n’est pas encore au niveau d’un Toulouse Game Show, qui va nous offrir le privilège de rencontrer Don Rosa (!!!!), mais ça restait quand même très impressionnant, car autant d’invités sur une convention qui n’en est pourtant qu’à sa troisième édition, ça impose tout de suite le respect.

Pour les autres pôles, je dois avouer que le programme ne m’intéressait pas trop, donc je n’ai pas eu le temps de trop me pencher dessus. Après, j’ai remarqué que le cosplay était plutôt bien mis en avant, avec là encore des costumes merveilleusement bien travaillés et l’espace comics avait le droit à des sections typées musée où étaient exposées couvertures de comics, la Delorean et la Jeep de Jurassic Park (qui aiment bien faire le tour des conventions, puisque le véhicule de Doc’ était notamment présent au Bordeaux Geek Festival).

Au final, parce que je n’y ai passé que huit heures, je ne peux pas dire que le Hero Festival était le meilleur ou un mauvais salon (ce qui de toutes façons était bien loin d’être le cas). Pour ceux qui n’en ont jamais fait, j’imagine qu’ils ont eu ce plaisir de la découverte que j’avais eu à ma première Japan Expo et mon point de vue ne peut qu’être un minimum « blasé », puisque j’ai déjà fait plus d’une dizaine de salons et quand on a fait un de taille modérée (en dehors du Stunfest, qui peut aussi être considéré comme un modéré, mais avec un seul et unique thème), on les a plus ou moins tous fait, même si le coup des animaux était inédit, en comparaison. J’y ai passé un bon moment malgré mes problèmes personnels et suis prêt à y retourner l’année prochaine, à la seule condition que l’on aie la promesse qu’il n’y aie plus de musique de radio à fond les ballons dans les allées. Ça serait cool.

Benjamin « Red » Beziat