Note : entrée fournie par le staff.

Comme tous les ans, j’attends avec une grande impatience trois choses : l’E3 pour des raisons évidentes, les gros jeux de l’année et les salons. Et comme tous les ans, j’attends avec une encore plus grande impatience les salons bordelais, car c’est l’occasion pour moi de retrouver des potes avec qui je ne peux pas forcément traîner en temps normal. De fait, mon avis sur ces événements sera toujours teinté d’une certaine positivité liée à ces aspects.

Et si je devais trouver un mot pour décrire le Bordeaux Geek Festival de cette année, c’est bien « Intention ». Cette année, le festival avait pour intention de corriger les erreurs du passé. Cette année, le festival avait pour intention d’être plus ambitieux. Cette année, le festival avait pour intention de plaire au plus grand nombre.

… Et forcément, plus on a d’intentions, plus on a de chances de se prendre les pieds dans le tapis. Et hélas, c’est ce qu’il s’est passé cette année. Alors certes, je me suis toujours autant éclaté et ai passé un bon lot de journée, mais les problèmes que j’ai pu plus ou moins directement rencontrer ont pas mal dilué mon sentiment de positivité envers un des festivals les plus humains. Humanité d’ailleurs montrée sur ce mur dans le petit couloir réservé à la presse mettant en avant les portraits de tous les membres de l’association et les bénévoles qui ont aidé à faire cet événement.

Et parce que je sais que les organisateurs du festival vont lire cet article, je vais faire une liste point par point de ce qui était très cool, moins cool et des choses à absolument changer pour faire de cet événement le second gros événement que Bordeaux mérite, parce que j’aime toujours ce festival et que je ne souhaite que du bien (et histoire que ça donne aussi quelques pistes pour Animasia, même si l’organisation de cet événement a toujours été bien meilleur). Bref, ça risque d’être assez déplaisant, mais c’est vraiment pour tenter d’être constructif.

The Good

La bonne répartition boutiques/stands plus classiques

Une des plus grosses critiques que j’avais émis les années précédentes venait du côté envahissant des boutiques, qui étaient toujours disposées de manière chaotique à travers le salon et rendaient quelque peu invisibles les stands environnants. Cette année, l’espace était clairement divisé en deux : le premier hall était réservé aux artistes, aux activités et aux boutiques liées au livre, tandis que le second contenait 80% des boutiques du salon, avec figurines et habituels sabres de collection, ainsi que les activités qui prenaient le plus de place, comme les diverses scènes, le ring de catch, l’archery tag et les stands de restauration (complété par quatre food trucks à l’extérieur). L’effet positif étant bien évidemment que ceux qui voulaient juste des activités n’avaient pas à chercher trop loin (sauf exceptions), tandis que ceux qui voulaient s’acheter une figurine de Luffy ou bien une casquette ou quoi savaient où aller (même s’il n’y avait presque aucun goodies My Hero Academia, malgré la horde de cosplays et rgngngng je veux mes figurines de Bakugo, Ochaco et Izuku rgngngn). Bref, sur ce point, même si ça demande encore deux-trois ajustements, j’ai presque envie de crier « c’est bon, ne touchez plus à rien ! »

Une grande variété dans les activités

Entre les conférences, les quiz, les jeux à jouer, les expositions, les concours de cosplay, les concerts et les personnes à rencontrer, dire qu’il n’y avait rien à faire serait une très grosse ineptie (même si ce propos est à nuancer un peu plus bas). Car même si je me mettais à tourner en rond au bout du troisième matin et que je n’ai pas pu faire ma partie d’archery tag à cause d’un petit soucis de pieds chopé pile le premier soir, il n’a empêché que j’ai eu l’occasion de faire pas mal de choses, dont certaines que je ne peux que recommander à ceux qui ne s’y sont pas encore essayés. Le truc qui m’a le plus plus en dehors des habituels quiz (que je n’ai pas remporté cette année) était le stand de lancer de hachettes, où l’on pouvait faire ressortir notre Kratos intérieur et lancer une hachette sur une cible en bois. Alors certes, je n’ai marqué que deux points par accident et n’ai pas encore maîtrisé les subtilités de cet art, mais ça offrait une bonne idée de ce que proposent les organisateurs de cette activité dans un centre qui y est dédié en périphérie de Bordeaux et qui peut remplacer de manière idéale et plus bourrine le bowling du week-end.

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Des invités de poids

Une des plus grosses faiblesses du salon les années précédentes venait de l’absence de stars internationales. Certes, les célébrités de YouTube, c’est cool, mais ça n’attire pas forcément un large public. Cette année, on avait le droit aux trois grosses pointures qu’étaient Sylvester McCoy (le Septième Docteur dans Doctor Who), Ross Muller (le leader des Marcheurs Blancs de Game of Thrones) et Jordan Mechner (créateur de Prince of Persia). Bien évidemment, avoir de tels invités représente un sacré budget et il faut avoir les contacts, mais si jamais les organisateurs continuent sur cette lancée, il y a moyen pour que l’on voit arriver de grosses personnalités dans les prochaines éditions (d’ailleurs, je réitère ma demande de voir Kohei Horikoshi ou bien Hiromu Arakawa pour un futur Animasia… Just saying).

La disponibilité du staff

Ce que je trouve vraiment sympa avec ces événements bordelais, c’est que malgré le fait qu’ils aient pris de sacrées proportions par rapport aux années précédentes, le staff et les bénévoles sont toujours présents et prêts à tout pour aider. J’y retrouve toujours cette dimension humaine que l’on ne retrouve pas vraiment sur les autres gros salons et ça, c’est quelque chose qui je l’espère ne changera jamais.

Des allées larges et pas mal de possibilités de circulation

Un des principaux soucis des salons les plus populaires vient du fait que l’on passe une bonne partie de notre temps à piétiner, la faute à vouloir caser un maximum de stands, quitte à ce que l’on ne puisse plus circuler. Là, l’espacement entre chaque stand était de minimum trois ou quatre mètres, ce qui était plus qu’idéal pour pouvoir rejoindre un bout du salon en moins de cinq minutes.

Le Lac

Pour le coup, c’est le genre d’élément qui n’est lié qu’au lieu, mais avoir un espace naturel aussi grand à côté de l’événement est plus qu’appréciable. Pouvoir se prélasser au soleil le temps d’une pause avant d’y retourner tout en mangeant ce que l’on a pris sur un des foodtrucks parqués à côté (ou que l’on a embarqué juste avant si l’on n’a pas les moyens de payer) et discuter avec des inconnus qui eux aussi sont détendus avec cet espace, c’est un plus des plus appréciables.

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The Bad

La longue marche et le manque d’indications

On commence par un point qui frappe dès que l’on arrive sur place : le salon a bougé de place, passant du Hall 1 au Hall 3. Pour le coup, j’imagine que c’est lié au fait que la Foire Internationale voulait reprendre le privilège d’être accessible au plus grand nombre en prenant l’entrée faisant face à la station de tram, mais cela a eu pour effet que l’on devait faire tout le tour de l’immense parc des expositions pour arriver devant l’entrée du Bordeaux Geek Festival. Le souci, c’était qu’il fallait le savoir, car j’ai pu remarquer que beaucoup de gens faisaient comme moi l’erreur de prendre l’entrée des années précédentes, avant de devoir faire le tour en traînant du pied. Alors certes, on aurait pu aussi se renseigner avant d’y aller au lieu de venir comme des touristes et être paumés d’entrée de jeu, mais un panneau au niveau de l’arrêt de tram n’aurait pas été une mauvaise chose.

Mais l’intérieur aussi manquait de repères efficaces en dehors d’une grande carte posée entre les deux halls, car même au bout de trois jours je découvrais des stands que je n’avais jamais vu et ne me suis rendu compte de l’existence des salles de conférence qu’au bout du second jour, car elles étaient là où étaient les toilettes. Et c’est sans compter sur un des stands que je voulais le plus voir, qui non seulement n’était pas indiqué sur la carte, mais qui en plus était placé au beau milieu des boutiques, faisant que j’avais tourné en rond un bon quart d’heure dans la mauvaise zone pour trouver un stand qui n’était pas là. On ne manque jamais assez d’indications et c’est clairement un des points qu’il faudra revoir pour permettre aux gens de se fixer des objectifs clairs et précis.

L’espace Dédicaces

Mettre les invités au coeur de l’événement part d’une bonne intention et même si j’avais trouvé dommage il y a deux ans qu’ils aient été mis à l’écart, je me rends compte que ce n’était finalement pas une si mauvaise chose.

Car cette année, l’espace dédicaces était très… Très mal situé. Se trouvant au beau milieu d’un espace du salon où il n’y avait qu’un seul couloir où l’on pouvait circuler. Aucun embranchement possible sur les côtés à cause de murs posés là. Juste ce couloir, ce qui faisait que lorsqu’un invité comme Bob Lennon était dans cet espace, bah ses très nombreux fans débordaient dans le couloir, réduisant de manière drastique l’espace où l’on pouvait circuler, créant des bouchons monstrueux en plus d’un soucis de sécurité assez alarmant. Bref, dans l’idéal, il vaudrait mieux que les invités se situent dans un coin certes visible, mais pas central ou bien offrant des alternatives de circulation.

Un trop gros mélange des genres et des genres parfois un peu trop niche

Proposer de la variété est loin d’être une mauvaise chose. Ça permet d’attirer un plus large public et ça montre bien à quel point la définition du mot geek est large, après tout. Cependant, le contrecoup de ce genre de méthode est que si l’on n’est pas intéressé par certaines choses, l’espace qu’occupent ces choses-là peut être considéré comme « perdu » à nos yeux et donc le salon nous paraître plus petit que l’on peut le croire, au point que l’on aura plus rapidement la sensation de tourner en rond.

Bien évidemment, ce que l’on trouvera intéressant ou non relève du subjectif mais j’imagine bien les fans de jeux trouver l’espace dédié à l’écologie inutile et les fans d’écologie verront sûrement une hérésie dans la zone consacrée aux boutiques. Le festival l’an prochain aura une thématique fixe (le soulèvement des machines) et je pense que ce n’est pas plus mal

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La disparition soudaine des invités et des visiteurs

Si vous étiez venu au BGF le samedi ou le dimanche, vous aviez la chance de pouvoir rencontrer les plus gros invités. Cependant, si vous étiez venu lundi, vous auriez trouvé bizarre le fait que l’on pouvait plus facilement circuler dans les allées, au point que l’on aurait pu penser que l’on arrivait trop tard. Les raisons sont doubles : une bonne partie des gros invités étaient déjà repartis le dimanche soir et ce jour férié ne l’était pas vraiment pour pas mal de gens. Du point de vue du visiteur, avoir moins de monde dans les allées est toujours une bonne chose (largement moins du point de vue des organisateurs, obviously), mais s’il ne pouvait venir que le lundi, uniquement pour découvrir que les invités qu’il voulait rencontrer ne sont plus là, ça peut être perturbant.

L’absence d’artistes indépendants

Je ne sais pas ce qu’il s’est passé, mais à mon grand dam, je n’ai pas trouvé beaucoup d’artistes indépendants cette année. Ce n’est pas pour dire qu’il n’y en avait pas non plus, mais leur nombre était considérablement réduit par rapport aux autres événements, qu’il s’agisse de dessinateurs non encartés auprès d’éditeurs ou bien de développeurs, qui pour le coup n’étaient tous que sur un seul stand situé dans un coin assez peu visible. Après, leur mise en avant se fait plus lors d’Animasia et certains d’entre eux étaient au Stunfest, qui avait lieu en même temps, donc ceci est expliqué par cela.

L’invisibilisation de beaucoup de choses

Outre le stand qui ne figurait pas sur la carte et l’espace conférences qui était mal indiqué, pas mal de choses étaient mal mises en avant. Je savais que Jordan Mechner était présent sur le salon, mais lorsque j’en parlais à certaines personnes en leur disant d’absolument aller à sa rencontre, la réponse que j’obtenais était « Attends… Il est là !? », suivi par une tentative désespérée de le retrouver sur un stand qui ne le mettait pas vraiment en avant non plus. Et cette remarque était valable pour pas mal de choses, notamment l’espace dédicaces des dessinateurs de comics, qui lui était situé dans un des recoins les plus sombres du salon, dissimulé derrière celui de Wacom, qui était là pour nous vendre des tablettes graphiques.

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(Et qui les vendent plutôt bien, d’ailleurs… J’en veux une comme ça, maintenant…)

La hausse du prix

 15€ la journée, 20€ si on la prend sur place… Je sais que le salon coûte très cher, notamment à cause du Parc des Expositions de Bordeaux (qui est un des espaces les plus chers de France), mais il est assez difficile de justifier ce prix, surtout si on le compare à celui d’autres salons. Et certes, le billet garantissait aussi une entrée pour la Foire Internationale, mais je pense que pas mal de gens qui sont venus au BGF auraient été ravis d’avoir l’option de ne pas avoir à payer de supplément pour quelque chose qui ne les intéresserait pas vraiment en dehors d’un espace Retro gaming de MO5, qui était très cool et proposait diverses bornes d’arcade de très bon cru, comme Ikaruga ou Crazy Taxi. Après, les pass 2 et 3 jours étaient beaucoup plus rentables par rapport au billet pour une journée, mais je pense que ce prix créé ensuite des attentes pour le public et ça pourrait assez facilement avoir des mauvaises répercussions sur l’image du festival.

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Si vous aimez voir des vrais animaux, c’était à la Foire qu’il fallait aller, pour le coup.

The Ugly

Les couacs d’organisation

Le point à absolument revoir et qui sera cruciale quant à la réussite des futurs événements concernera la communication. Car en plus du problème du stand fantôme, du Quiz du lundi spécial Nintendo qui était prévu, mais n’existait pas aux yeux du staff imputables à l’organisation (et le Quiz des Gamers qui passait d’une scène à une autre à la volée, même si je ne pense pas que ce soit de la faute de l’orga) il m’est arrivé deux petits incidents qui ne m’ont pas énervé plus qu’ils m’ont mis dans un certain état de confusion. J’avais prévu deux interviews qui ne sont jamais arrivées pour des raisons qui m’échappent et n’ai eu aucune information quant à une confirmation ou annulation et… J’en ai eu une troisième qui avait été demandée au nom du site par quelqu’un d’autre que moi. Je ne sais pas qui a voulu usurper mon identité et celle du site pour pouvoir rencontrer ses idoles (même si j’ai ma petite idée grâce à un indice donné par une des personnes chargée de l’accueil des bloggeurs et VIP), mais je dois avouer que ça ne m’a pas beaucoup plu. Les bloggeurs et membres de la presse avaient de simples bracelets (que la sécurité à l’entrée n’a pas reconnue, au passage) et je pense que ça explique comment la personne a pu s’en sortir, là où avec des badges avec les noms du site et le notre il aurait été plus difficile de semer le doute.

Avec un focus placé sur un peu moins de choses à la fois et une meilleure communication en interne et pour le public, le BGF a moyen de devenir un de ces festivals vraiment incontournables. En l’état, il n’en reste pas moins un festival très humain et mettant pas mal en avant ceux qui font ce qu’est la communauté aujourd’hui, ce qui est une excellente chose. On n’est vraiment pas loin du second gros festival bordelais que l’on mérite et j’espère que les organisateurs prendront les mesures nécessaires pour accomplir cette vision l’année prochaine et continuer d’attirer le public, car s’il y a bien quelque chose que je ne souhaite pas, c’est que ça disparaisse. Ce genre d’événement est une célébration positive de notre culture et un beau prétexte pour permettre à tout le monde de se retrouver le temps d’un week-end et passer un bon moment.

Et il faut faire en sorte que ce genre de bon moment puisse perdurer et devenir un souvenir impérissable.

Benjamin « Red » Beziat