Note : L’avantage de pouvoir écrire des critiques de jeux, c’est que l’on a l’occasion de jouer à beaucoup de titres différents. Le désavantage, c’est que passé un certain point on se retrouve bien vite envahi, au point que jouer à des jeux pour le simple plaisir de les faire devient très difficile et on peut rater certaines des plus grosses sorties.

Voilà donc la raison pour laquelle, dix mois après tout le monde, je peux enfin parler de God of War. Janvier et Février ayant été assez peu chargés en jeux auxquels je voulais jouer et parce que les circonstances ont fait que je n’ai pas pu consacrer de temps à mes livres, j’ai décidé de plonger dans ma pile de jeux « pour le plaisir » et ai pris celui dont tout le monde a passé son temps à en dire le plus grand bien.

Et parce que j’avais certes du temps, mais pas tant que ça et aussi parce que je sais bien qu’écrire une critique complète de ce jeu dix mois après sa sortie ne sert concrètement à rien, le texte qui suit est juste un petit avis déstructuré et pas forcément pertinent d’un auteur sur la campagne principale. Et non, le contenu annexe n’a pas été touché pour quelques raisons sur lesquelles je vais revenir bien assez vite.

God of Family Preservation

Pour ceux qui ne sauraient pas de quoi parle ce nouvel épisode de la série, l’histoire de God of War est plutôt simple : la seconde femme de Kratos est décédée et afin de lui rendre hommage, le Fantôme de Sparte part avec son fils dans une quête qui l’emmènera au sommet du monde pour y disperser ses cendres. Bien évidemment, les choses ne seront pas aussi simples et quelques obstacles se dresseront bien assez vite sur la route de ce duo dysfonctionnel, notamment un gars un peu chelou et surpuissant qui peut facilement faire de gros dégâts.

Je ne vais pas en dire plus pour ne pas spoiler, mais même si l’histoire en elle-même est assez classique et prévisible sur bien des aspects, la façon dont elle est racontée et la nuance apportée par les acteurs dans la majorité des scènes font qu’on est scotché à la console d’un bout à l’autre avec l’effet de « allez, encore un arc scénaristique et j’arrête », uniquement pour s’arrêter plusieurs heures plus tard juste parce qu’on a faim. Le jeu mise presque entièrement sur son sens du spectacle et sur la relation entre Kratos et Atreus et ça paye totalement… Même si certains développements donnent l’impression d’avoir été mal implantés ou bien ont été placés par nécessité « parce qu’il faut mettre une scène comme ça sinon les gens trouveraient ça nul ».

Zappez ce paragraphe si vous ne voulez pas être « spoilés », même si je vais rester vague : lors de la première moitié du jeu la relation entre Kratos et Atreus est assez difficile, Kratos voulant cacher la vérité à son fils et étant aussi légèrement incapable de savoir comment s’occuper de lui (menant aussi à des passages non verbeux d’une nuance folle, où de simples gestes racontent une tonne de choses intéressantes). Puis vient forcément le moment où Atreus apprend la vérité concernant son père et sa vraie nature. La scène de la révélation n’aurait pas pu être mieux amenée, la réaction d’Atreus est touchante et les cinq minutes qui suivent sont vraiment touchantes. On sent que la situation entre le père et son fils se sont débloquées et les deux personnages évoluent… Sauf que pile après et pendant une trentaine de minutes le jeu prend un développement certes plutôt prévisible pour Atreus, mais c’est tellement précipité et mal agencé que ça ne paraît pas assez naturel, uniquement pour être corrigé un peu plus tard et retrouver une dynamique plus saine. On sent bien l’intention derrière pour que ça colle à la thématique centrale du jeu, mais tout arrive et est résolu trop vite pour vraiment avoir un impact.

Heureusement, ces instances sont très rares et l’histoire est globalement très plaisante à suivre, car elle continue de manière fluide l’histoire de Kratos sans pour autant avoir à jongler avec une tonne d’éléments des précédents épisodes, se focalisant plutôt sur une histoire intimiste et focalisée sur un petit nombre de personnages bien développés que sur un grand ensemble qui donnerait l’impression de faire un boss rush comme dans le second et troisième épisode de la série (même si je dois avouer que j’ai adoré le 2 pour son absence quasi totale de temps morts).

Oh et avant d’embrayer sur autre chose, il me faut vraiment souligner à quel point les personnages principaux, aussi rares soient-ils, font presque tous partie du haut du panier, notamment Sindri le forgeron, qui est plus ou moins une version Fantasy de Jeff Goldblum et chacune de ses apparitions est un pur bonheur car il apporte la légèreté nécessaire à une aventure autrement épique, sérieuse et dramatique.

Cette philosophie de reboot ne concerne pas que le ton ou bien la façon de raconter son histoire, mais aussi son gameplay et sa structure. Eeeet c’est là que le jeu pêche un peu plus en ce qui me concerne. Non pas que le gameplay de ce God of War soit mauvais, loin de là, mais le côté défouloir a été échangé pour un système de combat un peu plus méthodique et « lourd ». Chaque coup aura un impact plus que satisfaisant, mais là où dans les précédents on pouvait plus ou moins y aller comme le gros bourrin qu’est Kratos jeune, ici le « vieux » Kratos sera un peu plus lent et ne pourra pas s’occuper d’autant d’ennemis à la fois qu’auparavant. La perte du bouton saut a aussi pas mal changé la façon d’aborder les combats, mais à la place on a le droit à un Atreus plus qu’utile pour attaquer les adversaires à distance afin de les déstabiliser et tout le tintouin. Aussi, le fait de pouvoir balancer sa hache et la rappeler à volonté peut créer des situations comique/stratégiques vraiment cool, où l’on pourra se débarrasser de certains ennemis sans même avoir à aller à leur contact. Ceci étant dit, j’ai remarqué que niveau variété, c’est pas tout à fait ça, puisqu’on se retrouve avec cinq ou six types d’ennemis (hors boss), juste avec des couleurs et des vêtements différents. Rien de bien grave, mais une fois qu’on s’en rend compte, ça casse un peu l’illusion.

Niveau puzzles, cet épisode est dans la droite lignée des précédents, avec des énigmes pas particulièrement difficiles et qui reposent presque entièrement sur le fait de bien observer son environnement pour faire attention aux mécanismes plus ou moins bien dissimulés.

God of War Art

Cependant, c’est surtout dans sa structure que le jeu change pas forcément pour le mieux, transformant les aventures linéaires des précédents épisodes en une sorte de monde ouvert un peu bancal pour ce qui est du rythme de l’histoire. Pour le coup, l’aventure principale est tellement bien rythmée et le sentiment d’urgence est tel que jamais je n’ai ressenti l’envie de faire quoi que ce soit en termes de quêtes annexes, comme si je trahissais Kratos et Atreus en partant flâner au lieu d’essayer de résoudre leurs problèmes les plus importants. Le contenu annexe est purement optionnel et je me dis que ça aurait peut-être été une meilleure chose qu’ils structurent le jeu autrement, car on finit bien trop souvent aux mêmes endroits plutôt que de découvrir des lieux toujours plus enchanteurs.

Et bien évidemment, God of War est très beau. Les environnements sont superbes, débordant de détails et de vie et les personnages sont très bien modélisés. Pour le coup, j’y ai joué sur PS4 classique et n’ai donc pas pu me prendre la grosse claque que les joueurs de Pro se sont mangée, mais le jeu n’en restait pas moins sublime. Aussi, et c’est un détail que j’ai remarqué et qui me fait grandement plaisir : la violence a été pas mal réduite par rapport aux précédents épisodes. Pas non plus de manière drastique, mais les développeurs n’ont pas cherché à poursuivre cette quête du « toujours plus choquant et dégueulasse » que les précédents épisodes avaient entrepris. Tout comme Kratos, ils se sont assagis et je trouve que ça rend service au propos véritablement mature du jeu, là où les précédents mettaient toujours plus de violence et de sexe en mode « on est trop matures » alors que ça les faisait juste passer pour une bande d’ados qui n’ont aucune notion de ce qu’est la vraie maturité.

Au final, cet article est beaucoup plus long que je ne l’aurais imaginé. Hum.

God of War n’est, à mes yeux, pas le « Jeu de l’année dernière » que tout le disait qu’il était, mais il n’en reste pas moins un des meilleurs. C’est un pur blockbuster qui a pour intention de raconter une histoire personnelle et mature et qui y arrive haut la main, balayant du revers de la main sans aucun effort 70% de la concurrence. En termes de gameplay, de structure ou bien de cohérence entre le gameplay et l’histoire qu’il raconte, c’est pas le meilleur dans sa catégorie, mais il n’en reste pas moins un excellent moment.

Une suite paraît inévitable et vu la direction prise par la série avec cet épisode, je suis plus que curieux et impatient de voir où tout ça va nous mener !

Probablement en barque. Eh.

Indispensable

Benjamin « Red » Beziat