Japan Expo a été l’occasion de rencontrer des personnalités importantes et intéressantes du milieu du jeu vidéo japonais, et après Sôhei Niikawa avant-hier, c’est au tour de Yasuyuki Oda, du légendaire studio SNK de passer sous la moulinette de mes questions !

Vous avez travaillé pour SNK à l’époque de King of Fighters 95 et Garou Mark of the Wolves avant de collaborer avec Capcom sur les différentes itérations de Street Fighter IV avant de repasser chez SNK pour King of Fighters XIV et SNK Heroines : Tag Team Frenzy. Durant ces périodes de transition, avez-vous pu remarquer des différences de mentalité entre Capcom et SNK ou bien est-ce que les deux studios abordent le développement de la même manière ?

Yasuyuki Oda : Du temps de ma première phase chez SNK dans les années 90, ce qui importait le plus, c’était d’avoir du staff de qualité. Que ce soit dans le gameplay ou bien dans le domaine visuel, la qualité de développement se faisait beaucoup ressentir sur les jeux de cette époque. On avait vraiment besoin d’un staff talentueux.

SNK Heroines : Tag Team Frenzy se présente comme un jeu de combat à la fois accessible avec ses contrôles simplifiés, mais aussi pas mal orienté compétition, notamment avec le concept des Dream Finish qui est selon le type de match le seul moyen de remporter un round. Comment peut-on parvenir à trouver un équilibre qui permette de réunir les joueurs occasionnels et les fans les plus hardcore de jeu de combat ?

Yasuyuki Oda : On peut définir SNK Heroines comme un « Fighting Party Game ». Un jeu casual qui se veut tout aussi exigeant que n’importe quel jeu de baston. Le joueur casual peut s’amuser avec les contrôles simplifiés et les joueurs hardcore peuvent aussi apprécier les différents mind games, puisque le joueur doit trouver les ouvertures pour pouvoir placer les coups, dont notamment le Dream Finish. Le jeu peut donc être apprécié par ces deux types de joueurs.

Comment est venue l’idée des Dream Finish ? L’idée est plutôt audacieuse dans le sens qu’elle permet à n’importe quel joueur un tant soit peu chanceux ou bon de pouvoir échapper à la mort et peut entraîner des situations assez intéressantes et intenses d’un point de vue mind game.

Yasuyuki Oda : Deux raisons. Tout d’abord, si c’était un jeu en tag team classique, le jeu ne présenterait pas beaucoup d’intérêt. Le joueur jouerait, perdrait son personnage et enchaînerait avec l’autre, mais aurait peu de chances de s’en sortir si l’adversaire possède une bonne avance. Ça manquerait de peps.

Dans SNK Heroines, le joueur a deux personnages et tente de se démener avec sa première héroïne pour remplir sa jauge et même s’il ne se retrouve après qu’avec un seul personnage, il aura normalement une jauge remplie qui lui permettra de lancer le Dream Finish qui pourra renverser la situation. Ça rend le concept de tag team plus intéressant.

La seconde raison, c’est que comme on ne peut pas finir le match sans utiliser le Dream Finish, non seulement ça forcera les joueurs à l’utiliser, mais ça terminera toujours les matchs dans un déluge de couleurs.

SNK Heroines Tag Team Frenzy

Pour le coup, ça me rappelle un peu les jeux de duel à la Niddhog ou Divekick où les joutes se décident sur une seule action. Là, je sens que la partie jeu de baston sert en fait de prélude et ça rend la chose encore plus nerveuse.

Yasuyuki Oda : C’est un peu ça.

Comment fonctionne le processus de sélection des personnages ? De trancher pour savoir qui intégrera ou non le roster du jeu ?

Yasuyuki Oda : On a pris les personnages féminins qui avaient déjà une bonne côte de popularité aux côtés d’autres que l’on souhaitait mettre plus en avant, pour tenter de les rendre plus populaires à l’avenir.

Je vois. Et par curiosité, est-ce qu’il y aura des guests, d’univers totalement différents ?

Yasuyuki Oda : C’est vrai que l’on a pas mal de demande, mais pour l’heure, rien n’a été décidé.

De par la nature assez légère du jeu, on peut en venir à penser qu’il s’agit d’un jeu idéal pour la Nintendo Switch, qui permet des parties rapides avec n’importe qui et n’importe où. Du coup je me demandais si le jeu avait été conçu avec la Nintendo Switch en tête ou bien s’il est arrivé sur la plateforme par la force des choses ?

Yasuyuki Oda : En général, quand on débute un projet, on le fait sur PC et après, de là on adapte sur les autres plateformes, selon ce que l’on peut faire.

Parmi tous les personnages du jeu, lequel est-ce que vous préférez ? Celui avec lequel vous jouez le plus ?

Yasuyuki Oda : Huuum… Je dirais Mui Mui et Love Heart !

SNK Heroines Love Heart

SNK Heroines est un des jeux sortant cette année pour célébrer les 40 ans de SNK avec la SNK 40th Anniversary Collection. En France, on adore les ragots et les anecdotes croustillantes et donc je me demandais si vous en aviez une qui vous a particulièrement marqué ou bien que l’on vous a raconté à propos de la compagnie ?

Yasuyuki Oda : Quand j’ai commencé à travailler chez SNK dans les années 90, les bureaux étaient situés dans un petit bâtiment. Et parce que le studio a rapidement gagné en popularité et en succès, on a du embaucher beaucoup de personnes en très peu de temps. Du coup, la compagnie a fait rapidement construire un plus grand bâtiment spécifiquement pour les développeurs.

Et quand on a déménagé, tout le monde était excité à la vue de ce bâtiment tout neuf, tout frais, au point que ça sentait encore la peinture. Et un de mes collègues était tellement excité qu’il a jeté sa pantoufle en l’air et elle s’est plantée dans le plafond ! Et au même moment, il y a un de nos boss qui est passé et pour éviter qu’il ne regarde au plafond et ne découvre la pantoufle plantée au plafond, tous les employés se sont mis à regarder le sol en le saluant. *rires*

Ça a du être un événement marquant pour le plafond !

Yasuyuki Oda : *rires*

Pourrait-on un jour espérer un SNK Heroes, avec tous les beaux gosses de la série basé sur le même principe ? Je suis certain que pas mal de gens aimeraient bien jouer un Terry Bogard qui ferait tomber le t-shirt !

Yasuyuki Oda : Cette proposition est souvent apparue au sein de la team, mais j’ai toujours répondu « Bah ouais, mais ça, c’est plus ou moins tous les jeux de baston des années 90 » avec plein de beaux mecs !

Et plus sérieusement, pour finir, je connais certaines personnes qui ne seraient pas contre un Capcom VS SNK 3, ou au moins une ressortie des deux premiers épisodes sur des plateformes numériques ?

Yasuyuki Oda : Je ne peux pas répondre à cette question malheureusement, puisque la décision dépendrait tout aussi bien de Capcom que de SNK.

Je comprends. En tout cas, merci beaucoup pour vos réponses !

Yasuyuki Oda and Me

Benjamin « Red » Beziat