Quand on parle de RPG, on pense bien souvent à des grandes aventures épiques avec un méchant très méchant qui menace le monde et un groupe de héros qui va tenter de lui faire face tout en traversant des épreuves qui impliquent beaucoup de sang, de larmes et de cris. Une ambiance épique qui prend aux tripes avec des musiques incroyables et peu de temps morts.

Gardez juste les musiques incroyables et enlevez le reste et vous avez Atelier Ryza 2, une aventure vraiment calme avec une ambiance ultra tranquille, beaucoup de bons sentiments et où comparé à ces autres grandes aventures, il ne se passe pas grand chose.

Et pourtant, malgré mes appréhensions, je l’ai beaucoup apprécié. Énormément, même… Même si je sais qu’il ne plaira clairement pas à tout le monde, au point que je le caserais plus dans la catégorie des jeux relaxants du style Rune Factory, Story of Seasons, ou bien Stardew Valley.

Mais ne partez pas de suite et comprenez comment j’ai découvert via Atelier Ryza 2 à apprécier ces jeux qui prennent volontairement leur temps.

Fullmellow Alchemist

Atelier Ryza 2 prend place 3 ans après les événements du premier épisode. Ryza vit tranquillement sur son île natale, aidant la population avec ses talents d’alchimiste, lorsqu’un beau jour, le chef du village arrive avec un objet mystérieux qu’elle serait potentiellement capable d’utiliser. Dans la foulée, Tao, son ami d’enfance, lui envoie une lettre l’invitant à quitter l’île pour aller dans un pays où il y a des mystérieuses ruines à explorer et qui renferment des secrets bien secrets et mystérieux.

L’histoire d’Atelier Ryza 2 pourrait plus ou moins se résumer à « une bande d’amis part explorer des ruines antiques » et c’est plus ou moins tout ce qu’elle a à nous offrir. Oubliez tout ce qui est conspiration ou bien antagoniste mémorable, on est là pour l’Aventure avec un grand A et qui rappelle étrangement l’esprit des films et jeux d’aventure des années 80 et 90, du style Le Château dans le Ciel ou bien Tail Concerto et, finalement, tout le jeu tourne plus autour du concept de vivre un bon moment avec ses personnages, que l’on va apprendre ou réapprendre à connaître via tellement de cutscenes que l’on pourrait presque qualifier Atelier Ryza 2 de visual novel avec pas mal éléments de crafting. Oh et un peu de RPG ici et là.

Notez au passage que Atelier Ryza 2 est le premier jeu de la série Atelier que j’ai fini (le seul autre auquel j’ai vaguement joué était Atelier Iris 2 sur PS2) et même si je n’ai pas eu trop de problèmes pour comprendre l’histoire et rattraper certaines subtilités, il est quand même préférable de faire le premier Atelier Ryza en amont, même si le premier est en anglais et le second intégralement traduit en français. Pas obligatoire, mais quand même recommandé, ne serait-ce que pour apprécier le fait que l’un des thèmes centraux du jeu est le temps qui passe et le passage à la vie adulte là où dans le premier les personnages principaux étaient quasi tous ados.

En fait, le truc que j’ai vraiment apprécié dans ce jeu, c’est son ambiance vraiment détendue et son focus sur le développement de ses personnages. Concrètement, ce que vous ferez très souvent, c’est de l’exploration de terrain pour récolter des matériaux et quand vous rentrez au bercail, il y a 90% de chances pour qu’une cutscene se déclenche, faisant avancer l’histoire d’un des personnages principaux ou secondaires qui se suivent comme des petites scènes de vie qui se développent au fil de l’aventure. Pendant les 15 premières heures, j’appréciais beaucoup cette dynamique qui rendait le jeu vivant et les personnages intéressants, mais le contrecoup du fait que les scènes se déclenchent souvent automatiquement quand on arrive dans un lieu, c’est que quand on a envie d’accomplir une tâche spécifique, il arrivera que l’on soit involontairement prisonnier de ces petites vignettes durant généralement une minute et donc ce qui était rigolo au début peut parfois être un peu irritant, non pas pour la qualité de ces scènes, mais juste parce que ça peut être un obstacle à ce que l’on voulait faire en premier lieu.

Notez aussi que beaucoup diront que ces scènes comportent « du vide », puisque souvent elles ne font pas avancer l’histoire globale de manière significative, mais en ce qui me concerne, je trouvais que ça ajoutait souvent de la profondeur aux personnages. Peut-être est-ce parce que j’écris des histoires dans ce style que je les apprécie beaucoup ? Je ne sais pas, mais je sais qu’il y en aura qui risquent d’être irrités par ça.

Côté gameplay pur et dur, Atelier Ryza se divise en 3 parties : Les phases d’exploration où il suffit juste de fureter à gauche et à droite pour trouver des matériaux pour la seconde phase, celle de l’alchimie, et la troisième concerne les combats.

Je vais d’abord parler des combats, puisque c’est le plus « simple » comparé au reste et, dans un sens, le système de combat me rappelait un peu celui de Xenoblade Chronicles 2 avec une sorte de progression en tiroirs. Ainsi, les combats commenceront généralement avec des attaques basiques qui vous permettront de gagner des points d’action que vous pourrez utiliser pour faire des attaques spéciales que vous pourrez enchaîner en progressant dans le jeu. Ces attaques spéciales permettent de faire grimper la jauge de tactique, qui à chaque échelon permet de faire plus d’attaques basiques en plus de cumuler plus de points d’attaque spéciale et donc créer des combos plus longs.

Et durant les combats, les autres membres de votre groupe vous donneront des ordres comme balancer des attaques physiques ou magiques. Si vous répondez à leurs attentes, vous leur donnerez la possibilité de sortir une attaque encore plus puissante ou bien vous ils amélioreront leurs stats. Ajoutez à ça le fait qu’une fois le niveau 50 atteint vous débloquerez des attaques ultimes qui draineront toute votre jauge de tactique et vos points d’action, mais qui feront des dégâts très élevés et vous avez un système de combat qui fait que ça peut vite devenir très rigolo.

Notez aussi une petite subtilité que j’ai découvert sur le tard : vous pouvez faire un long combo où vous enchaînez trois à quatre attaques standards et juste derrière des attaques spéciales. Avant je faisais soit l’un, soit l’autre, mais quand j’ai compris qu’on pouvait faire ça, je me suis senti aussi bien très stupide que beaucoup plus puissant.

En ce qui concerne le système d’alchimie… Hooo boy, ça va être compliqué. Je dois vous avouer que quand j’ai vu pour la première fois l’interface, j’ai un peu hurlé intérieurement parce qu’elle fait vraiment peur, mais si vous suivez mes conseils, ça ira bien mieux.

Quand vous sélectionnez une recette, vous êtes accueilli par un système de boucles assez effrayant, mais en fait c’est tout bête : il suffit juste de mettre vos ingrédients dans chaque boucle, sachant que pour débloquer le reste des boucles, il faut simplement mettre un ingrédient dans les 3 à 4 boucles d’origine. Certaines sont verrouillées simplement du fait qu’il faut mettre un ingrédient dans la boucle qui lui est adjacente, mais d’autres nécessitent de mettre des ingrédients spécifiques qui ont le bon élément et le nombre de points d’élément nécessaire. C’est aussi simple que ça et le truc bien, c’est qu’au bout d’une heure on découvre que l’on peut laisser le jeu faire ses propres mélanges en choisissant soit d’utiliser des ingrédients de haute ou basse qualité.

… Mais ! Mais mais mais il y a un truc que le jeu explique très mal, que j’ai mis littéralement 20h à comprendre parce que je me reposais que sur le craft automatique et qui a plus ou moins rendu le système aussi vertigineux qu’impressionnant : il est possible et parfois nécessaire de créer de nouvelles recettes basées sur celles que l’on fait déjà. Ainsi, il faut juste avancer manuellement dans ses boucles jusqu’à atteindre la case de Recette, dans laquelle il faudra insérer un ou plusieurs ingrédients du même type et qui amène à la page de craft du nouvel objet que l’on veut faire. Sachant que c’est le seul moyen d’obtenir de nouvelles armes plus puissantes, vous comprendrez que j’ai fait les trois quarts du jeu avec les armes de base comme un abruti et qu’une fois que j’ai compris ça et que je suis allé chez le forgeron pour tripler la puissance d’attaque de mes armes, j’ai juste roulé sur le reste du jeu (bon ok, j’ai joué en Facile pour gagner du temps, donc par exemple j’ai fumé le boss final en moins de 2 minutes avec des armes et armures ultimes).

Un autre truc que j’ai appris à la dure juste parce que j’étais bloqué à deux pas de la porte du boss de fin, c’est que vous pouvez et devez aussi améliorer les objets d’exploration, surtout le bracelet d’émeraude qui permet de traverser des gouffres. Pour cet objet en particulier, vous devrez débloquer deux boucles très spécifiques dans le menu d’alchimie, notamment concernant les fils jaunes et fils autres. Non seulement ça vous donnera accès à certaines zones, mais du coup vous pourrez aller voir le boss de fin sans galérer pendant 30 minutes à comprendre comment ça marche.

Enfin, concernant les phases d’exploration, il y a une petite composante presque optionnelle, mais intéressante dans les donjons, où vous devrez retrouver des souvenirs. C’est divisé en trois phases avec la première impliquant de répondre à certaines demandes qui débloqueront ensuite la seconde phase où vous devrez explorer les donjons à la recherche de points lumineux qui contiennent des indices qui vous permettront de résoudre des énigmes qui aboutiront soit sur une recette pour progresser dans le donjon, soit sur une tonne de points de compétence à dépenser dans un arbre qui vous permettra de débloquer plus de recettes ou bien des upgrades de capacité du chaudron d’alchimie.

Il existe encore une tonne de petites subtilités comme le tableau de quêtes ou bien le développement de la ville qui permet de débloquer plus d’ingrédients à acheter en boutiques, mais je vais m’en arrêter là pour ne pas vous assommer d’infos.

Côté présentation, le jeu est très joli, avec des décors bien variés et parfois plutôt uniques, dégageant une atmosphère bien prenante comme il faut ! Le seul petit bémol, c’est que parce que Gust reste un de ces petits studios qui joue sa vie sur quasiment chaque sortie, on sent certaines concessions qui ont du être faites, notamment au niveau des animations souvent limitées de personnages, certaines animations de décor qui sont carrément balayées d’un écran noir pour pas qu’on les voie ou bien notamment les designs d’ennemis qui se comptent dans la quinzaine grand max et qui donc utilisent le coup classique mais ici très voyant du changement de couleur pour signifier qu’ils sont plus puissants. Une bonne partie du budget est parti dans les excellents doublages japonais et aussi et surtout la musique, qui est vraiment incroyable !

En creusant un peu plus le sujet, c’est pas étonnant que la bande-son soit si excellente, puisque Kazuki Yanagawa et Reo Uratani étaient aux commandes, le premier étant un habitué de la série Atelier depuis 2010 et le second ayant bossé chez Capcom avec Monster Hunter 3, 4 et Generations et Hyrule Warriors L’Ère du Fléau !

Les thèmes de combats sont excellents, ceux de la ville également et je n’aurai jamais assez d’éloges pour le thème des boutiques, qui est franchement bon !

Le seul point noir et je pense qu’il aura été corrigé au moment où vous verrez ça, c’est que j’ai testé le jeu sur PC dans une version qui… N’avait absolument aucun onglet de réglage des graphismes. J’ai joué au jeu en 720p avec des réglages par défaut sans aucun moyen de mettre en plein écran ou de monter la définition et donc je devais improviser en baissant manuellement la résolution de mon écran pour que ça prenne tout le truc. Ce n’était pas franchement agréable et j’espère qu’il y aura un patch day one qui ajoutera des options graphiques et si non, mieux vaut que vous privilégiez les versions Switch et PS4.

Au final, je pense que vous aurez compris que j’ai beaucoup aimé Atelier Ryza 2, mais aussi que ce jeu n’est clairement pas à mettre entre toutes les mains, car même si l’ambiance et l’histoire sont vraiment bonnes et attendrissantes, ça peut manquer de ce petit ingrédient qui rendrait l’aventure plus attrayante pour le plus grand nombre.

Ceci étant dit, si vous avez l’esprit ouvert ou bien que vous aimez les jeux mignons sans avoir peur de passer pour quelqu’un de mielleux ou « niais » et que vous préférez les jeux qui misent sur le crafting et les cutscenes à foison, je peux vous le recommander et au pire, si vous comprenez l’anglais vous pouvez toujours opter pour le premier épisode pour voir si ça vous botterait de faire la suite. Oui, ça fait pas mal de barrières à l’entrée, mais dans tous les cas, sachez que si vous craquez, vous aurez une aventure de minimum 26h remplie de sourires et peut-être même quelques petites larmichettes au coin de l’oeil ! Dans tous les cas, ce jeu m’a fait devenir fan de la série et je ne serai clairement pas contre un troisième épisode de cette série !