C’est fou de se dire qu’il aura fallu attendre 22 ans avant d’avoir une suite à Pokémon Snap ! Depuis l’annonce de la Wii U, je ne compte plus le nombre de messages que j’ai lu en mode « À quand un Pokémon Snap 2 ? » et même malgré ça, il aura fallu attendre la génération de consoles suivante pour que The Pokémon Company saute le pas et nous livre cette suite tant convoitée.

Pourquoi tant d’attente ? J’imagine qu’à l’époque de la GameCube et la Wii, ça pouvait être considéré comme trop tôt et à l’ère de la Wii U, le succès mitigé de la console et de Pokkén Tournament ne les a pas encouragé à mettre en place le projet, sans compter qu’au milieu des années 2000 jusqu’à la moitié des années 2010, le concept de Pokémon Snap se serait probablement fait taillader dans tous les sens par la presse et une partie des joueurs, là où maintenant le public semble bien plus ouvert à l’idée de jouer à des jeux spécifiquement conçus pour être relaxants, avec notamment l’avènement des jeux dits « wholesome ».

Et pour le coup, New Pokémon Snap remplit plus que bien son contrat. C’est un jeu qui est totalement fait pour se détendre et passer du bon temps… Même si ça s’est fait parfois aux dépends de mon tempérament de forceur impatient.

Photo Finished

Tout comme pour son prédécesseur sur Nintendo 64, New Pokémon Snap nous propose un concept simple mais plus qu’accrocheur : vous devez prendre des Pokémon en photo comme si vous étiez conviés à un safari photo. On vous place dans un véhicule qui avance tout seul et vous devrez viser correctement les Pokémon pour les prendre en photo et lesdites photos passeront entre les mains du Professeur qui vous notera en fonction de divers critères, comme le cadrage de la photo, la taille du sujet, l’angle ou bien la présence d’autres Pokémon ou non dans l’image.

Et tout comme avec l’original, on n’est pas totalement passif et on ne fait pas que regarder les paysages et les Pokémon défiler. On peut aussi interagir avec eux grâce à divers outils, comme des pommes pour attirer ou embêter les Pokémon selon qu’on les envoie à côté d’eux ou dans leur tronche. On aussi à notre disposition un sifflet qui diffuse une petite musique digne d’un camion de marchand de glaces anglais et qui peut avoir différents effets positifs ou négatifs sur l’humeur des Pokémon, ainsi qu’un radar qui permet de repérer plus facilement les Pokémon qui sont un peu planqués dans le décor, scanner des éléments intéressants ou bien attirer les bestioles sensibles aux ondes.

La principale nouveauté de ce nouvel épisode remplace les Agass’balls de l’original par les balles Lumina. Des balles qui illuminent les Pokémon pour augmenter le score et aussi pour activer certaines plantes qui auront des effets variés sur les environnements, ainsi que créer des interactions inédites avec certains Pokémon.

D’ailleurs, ça m’amène à un point que j’ai beaucoup apprécié : le level-design est un peu plus malin qu’il n’y paraît au premier abord. Car chaque Pokémon peut être pris en photo de bien des manières et chacun possède quatre rangs différents. Le rang à 1 étoile est atteint quand on prend une photo vraiment simple, puis ça monte jusqu’à 4 étoiles en fonction de ce que le Pokémon fait ou qu’on lui fait faire. Couplez ça au fait que chaque rang est lui-même divisé en 4 catégories du type bronze, argent, or et diamant qui dépendent de la qualité de la photo et vous avez de base un jeu plus que rejouable et un potentiel cauchemar pour ceux qui visent le 100% !

Ces rangs et ces catégories de rangs font que l’on fera vraiment attention à notre manière de voir les niveaux et aussi comment on va interagir avec les Pokémon et les décors, puisque nos actions peuvent avoir de sacrées répercutions pouvant mener à des clichés vraiment sympas. Bon, après ces répercutions vont rarement au-delà d’un périmètre d’une trentaine de mètres, mais ça fait que chaque Pokémon à l’écran peut avoir un panel assez varié de réactions, ce qui rend chaque niveau d’autant plus vivant et imprévisible. De plus, une grande nouveauté de cet épisode vient des missions secondaires, qui consiste en une liste d’objectifs optionnels planqués dans un menu et qui sont en fait des indices plutôt subtils qui peuvent vous donner envie de découvrir des interactions cachées auxquelles vous n’auriez pas forcément pensé et qui peuvent mener à des moments bien sympas.

L’autre truc vraiment cool et qui casse un peu la potentielle monotonie de refaire la même quinzaine d’environnements, outre les variations de jour et de nuit qui apportent leur propre lots de Pokémon et de comportements, c’est qu’en prenant un maximum de photos, on gagne des points d’expérience qui font monter ces biomes en niveau. Ainsi on débloque des embranchements et des Pokémon qui n’étaient pas là au niveau 1 et plus on grimpe en niveau, plus on gagne en diversité et en complexité.

Le seul problème à ce système, c’est que si l’on n’est pas assez bon ou bien que l’on manque vraiment de chance, on devra se faire au moins deux fois la même variation du niveau avant de pouvoir passer au suivant, si ce n’est plus, puisque plus on avance, plus le nombre de points d’expérience requis devient énorme. Dans le post-game, c’est plus vraiment un problème, puisque l’on travaillera plus qu’à débloquer les variantes, mais dans le scénario principal où il faut obligatoirement débloquer le niveau 2 de chaque biome pour progresser, ça m’a un peu frustré par moments, puisque je voulais juste progresser et non me refaire le même circuit que je venais tout juste de traverser et qui mettait plus de 3 minutes à se terminer.

D’ailleurs, ça aurait pu être un problème s’il n’était pas corrigé très tard dans le jeu, mais la vitesse de déplacement du véhicule est très lente, ce qui fait qu’au début, durant ces périodes où l’on se refait les niveaux par obligation, on devait parfois passer du temps à se tourner les pouces avant de retrouver le segment du niveau où l’on sait que l’on gagnerait le plus de points. Fort heureusement, arrivé aux portes de la cinquième et île on débloque l’option de faire accélérer son véhicule en multipliant la vitesse par deux ! C’est juste un peu dommage que ça intervienne grosso modo à la fin du scénario principal, mais ça reste un problème qui finit par paraître moins important sur le long-terme et un très mauvais et lointain souvenir si jamais on se destine à finir le jeu au mieux et découvrir toutes les variations de chaque niveau.

Le truc cool une fois que l’on a pris les photos que l’on souhaite, c’est qu’on peut ensuite les customiser via des stickers et d’autres filtres. Le seul truc un peu dommage, c’est que la vraie retouche de photo avec les changements d’angles et de focale ne peut se faire qu’à l’écran de fin de niveau et non après être retourné au menu principal, faisant que si vous voulez jouer avec vos clichés au maximum, il vaut mieux le faire immédiatement. J’imagine que la raison pour ce drôle de fait est que le niveau est encore chargé à ce moment-là et revient concrètement à manipuler un espace en 3D qui aurait été figé jusqu’à 70 fois, là où une fois dans le second éditeur de photos on ne manipule plus qu’une collection de JPEGs.

Enfin, il est aussi possible de partager ses photos en ligne et obtenir des Likes qui ont pour joli nom des Badges Pomme. Un truc plutôt classique, mais bienvenu !

Finir le jeu m’a pris environ 6h30 en prenant le temps d’explorer une zone bonus et j’ai poussé à 7h de jeu en m’amusant sur d’autres variations de niveaux débloqués en post-game. Sachant qu’il y a un peu plus de 200 Pokémon (même si je ne connais pas le nombre exact), et que j’en ai photographié plus de 175, je pense qu’il y a un peu de marge de manœuvre pour ceux qui veulent jouer dans l’optique de « finir le jeu », là où je pense qu’il durera bien plus longtemps pour ceux qui veulent juste se détendre et faire des photos rigolotes à partager en ligne.

Côté présentation, New Pokémon Snap est vraiment sympa ! Parce qu’il a été développé par Bandai Namco, graphiquement, le jeu semble utiliser le moteur de Pokkén Tournament et même si pour les personnages humains le résultat est pas forcément optimal, pour les Pokémon, ça passe plutôt bien et les animations les rendent plutôt crédibles. Ce n’est pas non plus parfait parfait, mais ça fait bien le taf !

Une petite surprise vient de l’inclusion des doublages japonais en plus des doublages anglais ! Alors certes, ça fait bizarre de faire une fixette sur ce détail, mais en dehors de Pokkén Tournament, je n’ai pas trop le souvenir d’avoir entendu de voix dans un jeu Pokémon récent, donc je prends ça comme ça vient. Par contre j’aime beaucoup le travail sur le son en 3D, qui permet d’assez bien repérer les Pokémon qui sont dans les alentours ! La petite surprise vient des cris qu’ils poussent, bien plus proches des animaux de notre monde que de ceux que l’on avait l’habitude d’entendre dans les autres jeux et c’est loin d’être déplaisant !

Enfin, les musiques sont… Pas du tout mémorables. C’est une de ces rares fois où je suis ressorti d’un jeu en n’ayant absolument aucune piste qui me soit restée en tête. Les musiques sont très discrètes, ce qui n’est pas forcément un mal vu le contexte, même si j’aurais bien apprécié quelque chose qui aie un peu plus d’impact.

Au final, j’ai passé un bon moment sur New Pokémon Snap ! C’est une suite qui fait plus ou moins ce qui était attendu d’elle, à savoir reprendre le concept de base et le moderniser en rajoutant des éléments de game-design qui ont évolué en 22 ans et qui est là pour passer un moment sans prise de tête à s’émerveiller devant des créatures toutes mimi.

Ceci étant dit, c’est typiquement le genre de jeu difficile à conseiller à tout le monde et à n’importe quel prix, puisque ça entre dans des cases très spécifiques. Ce n’est même pas la peine d’y penser si vous cherchez un peu d’action, une histoire épique ou bien que vous détestez quand c’est répétitif, mais au contraire, si vous cherchez juste quelque chose d’agréable pour vous évader pendant quelques heures, voire plus, ça peut le faire !

C’est bien pour ça et en replaçant le jeu dans son contexte plutôt unique que je reste sur une mention « Recommandé ». Ça reste un jeu agréable et c’est bien parfois tout ce dont on a besoin dans ce monde si cruel qu’est le nôtre…