(Disponible sur PS4 (version critiquée ici), PS3, Xbox One, Xbox 360, PC, iOS pour un peu moins d’une vingtaine d’euros)

Tales From the Borderlands est un bijou venu de nulle part et la preuve que Telltale peut faire absolument tout ce qu’il veut à partir de n’importe quoi. Pourquoi avoir choisi Borderlands ? Aucune idée, mais le résultat final est là, et… Ça a diablement bien marché ! Je l’ai acheté en promo lors de soldes sur le PSN, car j’attendais qu’il soit fini pour tout faire d’un coup, et je ne l’ai clairement pas regretté. Enfin bref, je commence à tourner en rond et me perdre en phrases d’accroche vantant les mérites du jeu. Temps de passer aux choses sérieuses.

Rassurez-vous, niveau spoilers, je ne me limiterai qu’au premier épisode et j’évoquerai un certain personnage qui peut être considéré comme un spoiler, mais en dehors de ça, je resterai un maximum vague.

Rhys

L’histoire et ses personnages

I won’t take the easy road ♫

Tales From the Borderlands nous met tour à tour dans les bottes en croco de Rhys et les bottes de Fiona.
Le premier est un employé d’Hypérion (la super-corporation au coeur de Borderlands 2) découvrant par un malencontreux hasard qu’il a été dépassé dans la course à la présidence par son rival, Hugo Vasquez et que son ancien patron, qui allait le promouvoir, vient d’être éjecté dans l’espace parce que… Hypérion est l’équivalent corpo de l’Université Invisible du Disque-Monde et donc que pour avoir une place, il faut la prendre, quitte à ce que le précédent propriétaire disparaisse dans de mystérieuses circonstances. Pire encore, Vasquez décide de promouvoir Rhys en faisant de lui le chef de la section balayeurs. Humilié, notre héros décide de se venger en volant au nez et à la barbe de son rival une clé pour une des Arches de Pandora valant 10 millions de dollars. Bien évidemment, rien ne se passe comme prévu et Rhys se retrouve entraîné dans une série d’événements tous plus débiles les uns que les autres, coincé sur cette hostile planète qu’est Pandora. Mais il ne les subira pas seul, puisqu’avec lui, il y a son meilleur ami Vaughn et une de ses collègues, Yvette, qui les assiste depuis la base d’Hypérion.

Fiona, de son côté, est une spécialiste dans l’escroquerie et les coups fourrés. Avec l’aide de sa soeur Sacha et Félix, leur mentor, ils vont tenter un gros coup en vendant à des entrepreneurs un peu crétins une fausse clé capable d’ouvrir une des Arches de Pandora pour la modique somme de 10 millions de dollars… Hum, comme l’impression d’avoir déjà écrit ça quelque part.

Donc oui, les chemins de nos deux héros se croisent et ils doivent faire alliance pour tenter de survivre, car une bonne partie de Pandora et Hypérion est à leur poursuite. Sans compter sur l’ombre étouffante d’un certain dictateur, qui pourrait tenter de faire son grand retour.

Un scénario doté d’une belle qualité d’écriture

La grande force de Tales From the Borderlands est assurément son scénario, qui part dans absolument tous les sens tout en restant incroyablement cohérent. Les situations absurdes s’enchaînent et l’on ne s’ennuie pas une seconde, car on ne sait jamais à quoi s’attendre. Une minute on peut être en train de rire aux éclats et la suivante on a juste envie de détourner le regard. Car, Borderlands oblige, c’est crade, et certaines scènes sont carrément répugnantes, d’autant plus que l’on est directement impliqué dans la plupart d’entre elles.

La structure est aussi intéressante, puisque l’on se retrouve avec un mystère d’entrée de jeu. L’histoire commence un peu avant la fin et tout n’est qu’un flashback. Rhys et Fiona ont été capturés par un mystérieux homme masqué et se retrouvent à se balader d’un bout à l’autre de Pandora, forcés à raconter tout ce qui les a menés jusque là. Et ce « spoiler » fait que de très nombreuses questions restent dans un coin de la tête du joueur, notamment l’identité de l’homme masqué et ce qui est arrivé aux autres (même si ça, ça dépend entièrement des décisions du joueur, puisque certains personnages très importants peuvent mourir entretemps). Et, sans trop en dire, disons que je n’ai pas vu venir la moitié de ce qu’il allait se passer, ce qui est vraiment cool.

Mais là où j’ai vraiment apprécié la façon dont le jeu a été écrit, c’est sa volonté de parfois se poser et laisser le joueur respirer, avec des scènes un peu plus intimistes où les personnages vont prendre un peu plus le temps de se développer. D’ailleurs, le casting est impeccable. On rencontre une vingtaine de personnages et tous sont mémorables. Pas forcément aimables, mais la façon qu’ils ont de s’exprimer et leur personnalité fait que l’on ne peut que les aimer ou aimer les détester. Personnellement, ayant toujours un faible pour les personnages un peu crétins mais bourrés de bonnes intentions, j’ai été bien plus attiré par le duo Rhys/Vaughn que Fiona/Sacha, mais c’est aussi parce que l’arc du premier duo semble plus développé que celui du second, qui semble un peu plus classique.

Fiona

Parlons du gameplay

So show me where you fit ♪

Les jeux Telltale étant ce qu’ils sont depuis quelques années, les énigmes et le gameplay sont devenus quasi-inexistants pour éviter à l’histoire de perdre en rythme et c’est carrément une bonne chose (de mon point de vue, en tout cas). Seul bémol, et ça me court sur le haricot depuis pas mal de temps : les dialogues à choix multiples sont toujours là… Tout comme ce fichu timer, qui nous laisse jamais assez de temps pour mesurer la portée de nos paroles… Comme dans la vraie vie, en fait. Hum… Enfin bref, on doit toujours réagir du tac-au-tac, et c’est assez éreintant. Sans compter sur les QTE qui arrivent parfois à l’improviste et qui mettent un coup de pression assez énervant.

Aussi, je comprends que faire un jeu coûte très cher, mais il serait peut-être temps d’améliorer tout ce qui est animations, puisque les personnages bougent de manière assez peu naturelle et il arrive aussi parfois que certains personnages ou décors nous fassent faux-bond le temps d’une seconde. Heureusement, ça n’arrive pas tout le temps, mais quand ça se voit, c’est assez désagréable. Surtout sur PS4, quand on est habitué à mieux, mais bon, le jeu se doit d’être accessible au plus grand nombre, donc forcément, il est disponible sur des plateformes moins performantes (dont iOS). Après, ces deux points peuvent être considérés comme du pinaillage en comparaison du reste.

Qu’en est-il des musiques ?

Enfin, un dernier point à aborder et qui me semble essentiel : la musique. Pour ce qui est des musiques composées pour le jeu, en dehors du long thème principal qui est absolument fantastique, hélas, c’est de la musique d’arrière-plan. Après tout, on est tellement concentrés sur les dialogues et les éventuels QTE que l’on a pas le temps de les apprécier. Composées par Jared Emerson-Johnson, elles se basent en grande partie sur le travail de Jesper Kyd et sonnent pour la plupart très Borderlands-y, tout en ayant leur propre cachet. Mais là où ça devient assez exceptionnel, c’est dans l’utilisation des chansons. La série nous a habitué à des introductions dynamiques et vivantes sur fond de musique pop-rock et dans ce domaine, Tales ne déçoit absolument pas. Ainsi, on n’a non pas une seule introduction, mais une par épisode ! Et toutes sont mémorables. C’est assez dingue, mais chaque intro est différente et ravit les yeux et les oreilles. Personnellement, ma préférée reste l’introduction du troisième épisode, puisqu’elle fait partie de ces respirations et développe pas mal l’histoire et les personnages le temps d’un clip musical.

Vasquez_Intro

J’ai pas lu ton pavé, ça dit quoi ?

(Honte à toi si c’est vraiment le cas ♫) Tales From the Borderlands est une des meilleures séries Telltale, offrant une galerie de personnages tous plus mémorables les uns que les autres et une histoire imprévisible et plus que satisfaisante. Chaque épisode est meilleur que le précédent et le cinquième est absolument glorieux, offrant une conclusion certes convenue, mais ultra satisfaisante. Dommage que la technique soit parfois aux fraises, mais on s’en fiche un peu tellement on rit/pleure/crie de joie/terreur. Bref, achetez-le (sauf si vous n’aimez pas l’humour noir et les séquences un peu cradingues, autrement vous vous sentirez plutôt mal ou bien que vous soyez anglophobe, puisque c’est intégralement en anglais) !

Note : 42 Kebabs sur 13 Éléphants

Benjamin « Red » Beziat