Vous en avez peut-être déjà entendu parler au détour d’une conversation ces derniers mois. Après tout, un pan assez significatif des joueurs sur Internet a développé une certaine obsession pour ce jeu, et, bien évidemment, j’en fais partie.

Undertale, a.k.a « le Mother 4 qui n’existera jamais » a fédéré une véritable communauté postant des fan-arts, rejouant ses musiques ou bien écrivant des articles long comme l’écharpe du Quatrième Docteur. Et aujourd’hui, je vais plus ou moins faire ça.

L’article qui suit va être divisé en trois parties. La première sera assez générale et tentera de vous persuader de vous essayer à un des meilleurs jeux de l’année, tandis que la seconde partie expliquera plus en détail pourquoi. Enfin, la troisième sera celle plus ou moins réservée à ceux qui ont déjà fait le jeu, car, franchement, il y a un peu trop de détails (non pas concernant le scénario, mais plus le gameplay, qui mérite lui aussi de rester au maximum secret). Pourquoi diviser en trois ? Car jouer à Undertale en en sachant le minimum syndical est plus que recommandé. J’ai joué à ce jeu en ayant respecté cette règle et ai plus ou moins fini avec une mâchoire fermement plantée au sol et une envie folle de parler du jeu à mes proches en utilisant des onomatopées et en faisant de grands gestes avec les bras tellement je n’avais pas les mots pour décrire ce que je venais de vivre.

Bref, si vous êtes un être curieux avide de contexte, limitez-vous à la première partie de cet article. Si vous l’êtes moins et que vous voulez savoir de quoi ça parle, vous pouvez éventuellement lire la seconde, même si vous en saurez un peu trop. Eeeeeet si vous en avez rien à faire de ce jeu et que vous voulez juste lire les élucubrations d’un Témoin de Chara, vous pouvez lire la dernière partie… Mais sachez que je vous jugerai. Un peu.

Qu’est-ce que Undertale ? (sans trop spoiler)

undertale

Undertale est un RPG développé par Toby Fox, un développeur indé qui était connu dans un recoin assez reculé d’Internet pour être le « Fan N°1 » de Homestuck, un projet transmédia assez complexe aux pages tellement nombreuses aujourd’hui que ça dissuade assez rapidement les moins téméraires (moi inclus). Toby Fox a composé des morceaux-hommage pour Homestuck, dont Megalovania, qui est LE morceau le plus connu… D’Undertale, ironiquement. Il a aussi moddé le classique Earthbound pour lui donner une ambiance un peu plus trashouille, avec une histoire originale et aussi des compositions originales, dont Megalovania, qui est LE morceau le plus connu… D’Undertale, ironi… Comme l’impression de me répéter, là.

Enfin bref, après avoir remporté ce petit succès, notre développeur au nom vulpin s’est décidé à réunir quelques artistes pour développer son propre jeu, son petit chef d’oeuvre : Undertale. Un Kickstarter a été mis en place pour « Un RPG parlant d’Amour où combattre n’est absolument pas nécessaire ». La campagne de crowdfunding a rencontré le succès espéré et s’en sont suivies deux années d’un développement assez laborieux (le jeu devait sortir en Août 2014, mais n’est sorti qu’en Septembre 2015). La suite est telle qu’on la connaît : le jeu est sorti et même s’il n’a pas explosé de suite, les critiques dithyrambiques de certains journalistes ont rendu curieux leurs confrères, qui se sont à leur tour mis à vanter les mérites du jeu, entraînant ainsi un bouche-à-oreille monstrueux, au point de détrôner Half-Life 2 pendant un petit moment en tant que « Meilleur Jeu PC de tous les temps » sur Metacritic. Est-ce que ce mouvement critique était exagéré ? Absolument pas. Le jeu est fantastique et mérite toute votre attention. Il ne coûte que dix euros sur Steam et, si vous l’achetez directement sur le site du développeur, vous obtenez sa bande-son, qui est absolument et plus que véritablement fan-tas-tique.

Voilà qui conclut notre première partie. Vous n’avez pas besoin d’en savoir plus et vous devriez déjà aller l’acheter (ou attendre les imminentes Soldes Steam au pire). Ce qui suit n’est pas tellement plus détaillé que ça, et est donc réservé aux curieux qui veulent quand même en savoir plus. Ne scrollez pas plus loin que cette image de fleur mignonne si vous êtes déjà convaincus.

Flowey Wink

Qu’est-ce que Undertale ? (En spoilant, mais pas trop)

Undertale raconte une histoire assez particulière : Bien avant les événements du jeu, une guerre a éclaté entre le camp des humains et celui des monstres. Les premiers en sont sortis victorieux et, histoire d’être tranquilles, ils ont décidé d’envoyer les seconds sous terre et sceller l’entrée. Ceci dit, même si les monstres ne peuvent pas sortir, les humains, eux, peuvent entrer. Et c’est ce que fait un jeune enfant par accident en tentant de gravir une montagne qui sert de point d’entrée. Comment sortir de là ? Eh bien… Sachez que si vous décidez d’entrer dans cette montagne, vous vivrez une aventure aux multiples facettes et à la profondeur assez vertigineuse. Personnellement, même après avoir fini le jeu une première fois en ayant tout fait pour avoir la « vraie fin », je ne me doutais absolument pas que je n’avais que gratté la surface d’un monde aussi complexe. Mais je vais m’en arrêter là, histoire d’honorer ma parole et ne pas trop spoiler.

Comme dit plus haut, Undertale est un « Un RPG parlant d’Amour où combattre n’est absolument pas nécessaire ». Comment cela se traduit-il ? Eh bien pour faire très simple, durant les combats, il est possible de parler aux monstres afin de les convaincre de se rendre. Chaque monstre a son point faible et il faut soit se creuser les méninges, soit expérimenter un peu pour le faire partir. Et là où ça devient intéressant, c’est qu’il est carrément possible d’épargner tout le monde, y compris les boss.

Sans trop entrer dans les détails, le jeu possède un système de moralité assez intéressant et toutes les actions que l’on fait peuvent avoir des conséquences à plus ou moins long terme. Ainsi, et c’est un exemple situé plus ou moins au début du jeu, si l’on tue certains ennemis, on ne les verra pas plus tard dans un bar en train de tranquillement siroter un café. Et comme dans tout RPG qui se respecte, il est également possible de tuer absolument tout ce qui bouge pour cumuler de l’EXP afin de pouvoir vaincre les adversaires qui nous barrent la route, mais Undertale n’est pas un RPG comme les autres, et décider de se la jouer Rambo peut vous retomber dans le coin de la truffe tôt ou tard, au point que vous vous sentirez assez mal et vous le sentirez passer.

Là-encore, je ne vais pas trop élaborer, histoire que vous gardiez un minimum la surprise, mais si j’ai un conseil à vous donner avant que vous ne fuyiez le reste de cet article : en jouant à Undertale, essayez d’être le plus gentil possible et ne tuez personne. Vous gagnerez pas mal de temps par la suite en plus de vous sentir extrêmement bien dans votre peau.

Et là on atteint le point de non-retour. Bien évidemment, le spoil ne concernera pas directement le scénario, mais détaillera un peu plus les subtilités du gameplay ainsi que sa narration. Personnellement, je vous recommanderais de vous en arrêter là, histoire de garder un minimum de surprise avant de commencer à jouer. Après, je dis ça, je dis rien…

… C’est bon ? Vous êtes parti ? Non ? Je vous laisse encore une ligne avant que vous n’entriez dans la zone spoiler. Attention ! Après cette image très mignonne tirée du jeu, il sera trop tard !

Undertale bar

Qu’est-ce que Undertale ? (azy spoile moi, je m’en fiche!)

Undertale, c’est la vie ! Encore une fois, je ne vais pas entrer dans les détails, mais l’histoire que nous raconte Toby Fox est une des plus joliment contées de l’année. Si l’on décide de ne tuer personne, tous les monstres que l’on rencontre seront gentils avec nous et on découvrira que leur appellation n’est qu’une façade, tant les sentiments qu’ils éprouvent sont humains. Amour, gloire (et pas vraiment beauté), célébration, deuil, vie, mort… Plein de thèmes universels abordés avec sincérité et passion ont fait que ce jeu est entré dans le cœur de tellement de joueurs.

Mais là où ça devient absolument génial, et j’y ai fait un peu allusion plus haut, c’est le niveau de profondeur de l’univers. Car quand on joue de manière généreuse, tout est mignon, tout est beau, au point que l’on se sente super bien après avoir éteint notre ordi. Ceci dit, quand on joue en « Mode Génocide », une nouvelle facette de l’histoire se révèle, et passer d’un extrême à un autre s’avère mentalement drainant. Le « Mode Pacifiste » donne de rares indices quant à la part sombre que cache ce conte sans jamais pleinement le montrer, mais plongez-y les pieds et investissez-vous dans l’histoire, et vous découvrirez des détails inédits et absolument glaçants. Lorsque j’ai vu ce qui m’attendait du côté sombre du miroir, je me suis senti physiquement mal.

Et ce n’est pas une exagération. Même si le scénario est un poil cliché par endroits, il n’en reste pas moins bien prenant, car tout est parfait. Les personnages principaux sont très bien écrits, le rythme est soutenu, au point que quelque chose se passe toutes les dix minutes, les émotions sont bien réelles et la durée est parfaite. Faire un premier run prendra à peine plus de sept heures, ce qui peut paraître court pour un RPG. Mais quand on voit certains jeux, qui n’hésitent pas à rallonger artificiellement leur durée de vie avec du grinding inutile, sacrifiant ainsi le rythme au profit du ratio temps de jeu-argent, on peut se dire que Toby Fox a pris une excellente décision. D’ailleurs, Undertale se veut être un hommage et une critique des clichés de RPG japonais et il réussit tellement bien dans les deux que si vous jouez à un autre J-RPG derrière, ça va vous faire tout drôle, croyez-moi.

Ce qui est drôle avec ce jeu, c’est aussi sa propension à briser les codes, aussi bien ceux des RPG et du jeu vidéo au travers de mécaniques parfois surprenantes, que les siens. Car le système de combat, bien qu’assez classique pour un RPG quand il s’agit de l’offense, prend la forme d’un puzzle-game à partir du moment où on décide d’épargner nos adversaires. Et que dire de la manière de se défendre ? Quand les ennemis attaquent, on a droit à des phases d’esquive façon bullet-hell. Parfois les ennemis dépasseront le cadre ou même tenteront de l’utiliser contre vous. Et dans un cas très particulier, accessible uniquement si vous décidez de tuer absolument tout le monde, un certain personnage ira même jusqu’à essayer de vous tuer dans les menus et vous devrez vous aussi rivaliser d’ingéniosité pour l’envoyer ad patres. Sans en dire plus, c’est la destruction de quatrième mur la plus impressionnante qu’il m’ait été donnée de voir depuis le boss final d’Asura’s Wrath (que vous vous devriez de faire, au passage).

Enfin, il convient de parler des musiques du jeu et de vous offrir une sélection des morceaux à écouter absolument. Et, pour le coup, je dirais presque que toute la bande-son est exceptionnelle, mais certaines pistes sont font écho à d’autres et font un peu doublon, donc histoire de faire les chose bien, les cinq morceaux que vous vous devriez d’écouter, même hors-contexte : le très énervé et épique « Megalovania » (qui a d’ailleurs été repris avec brio par le kazooïste TsukoG), « Home », qui donne envie de se mettre au chaud au coin du feu tout en mangeant de la tarte, « ASGORE », morceau qui possède la fin la plus folle de la bande-son (et qui est une reprise du thème de game over, étrangement), « Death by Glamour », qui donne juste envie de se dandiner sur sa chaise tout en se sentant fabuleux et « Battle Against a True Hero », qui sonne juste comme une punition qui va t’être infligée et qui va te faire bien mal (ce qui est le cas).

Si je rentrais pleinement dans la zone spoiler, je reviendrais longuement sur les fins d’Undertale, mais le but n’est pas non plus d’écrire un pavé plus que ce n’est de vous donner envie de découvrir une œuvre à la fois personnelle et universelle qui remet pas mal de codes du jeu vidéo tout en vous faisant soit ressentir une joie immense ou bien une angoisse extrême. Comme je l’ai déjà dit plus haut, le jeu ne coûte que 10 euros, ce qui, comparé à d’autres productions parfois cinq fois plus cher et cinq fois moins bien, est bien peu. Il n’existe pas de jeu parfait, mais si un jeu continue de m’obséder plus d’un mois après l’apparition des mots « The End », c’est qu’il doit faire quelque chose bien, non ?

Benjamin « Red » Beziat