Souvent, le meilleur moyen de ne pas être déçu par un truc, c’est de ne pas se créer d’attentes, puisque le plus on en aura, le plus le retour de bâton fera mal. Et même si j’avais mis The Cruel King and the Great Hero en numéro 1 dans ma liste des jeux les plus attendus de 2022, mes attentes pour ce jeu n’étaient pas non plus astronomiques. Dans ma tête, ça allait être un jeu plein de bons sentiments dont j’aurais besoin pour me détendre et en cela, c’est bien réussi… Surtout vu le contexte actuel de sa sortie qui a fait que j’avais vraiment besoin d’un truc tout mignon et gentil pour m’évader le temps d’une partie.

Et là vous vous demandez probablement pourquoi et comment j’ai fait pour mettre ce jeu en numéro 1 de ma liste des jeux les plus attendus de 2022, au-delà d’un God of War Ragnarok ou bien d’un Final Fantasy XVI, ce à quoi je répondrai que j’avais en partie envie de vous donner envie de vous y intéresser en mettant un jeu totalement inattendu en numéro 1, mais aussi parce que The Cruel King and the Great Hero est le second jeu de Sayaka Oda, qui avait sorti il y a trois ans déjà The Liar Princess and the Blind Prince, un jeu aussi adorable qu’un poil maladroit, mais avec un univers vraiment unique qui se démarque vraiment de tout ce que l’on a l’habitude de voir. Je l’avais beaucoup apprécié à l’époque malgré ses défauts et donc quand j’ai appris que son nouveau projet était carrément un RPG au tour par tour, forcément que ma hype a grimpé en flèche !

D’ailleurs, juste pour témoigner de mon attente du jeu, un petit peu de contexte sur les coulisses de la critique : j’ai reçu un code pour tester le jeu sur PS4, mais parce que je pensais partir quelques jours et aussi parce que je la voulais beaucoup, j’ai aussi acheté avec mes propres sous le collector du jeu sur Switch ! Et, franchement, ce collector est hyper chouette, avec une des plus jolies boîtes que j’aie eu le plaisir de voir, la bande-son numérique et un petit artbook sympa en plus d’une peluche de Yuu toute pipou. Pour 55€ je ne m’attendais pas forcément à plus, ni à moins, c’était vraiment très raisonnable.

Ceci étant dit, avant que vous ne vous précipitiez pour aller l’acheter, je pense que vous voudrez aller jusqu’au bout de cette critique, parce que je dois avouer que c’est assez… Compliqué de parler du jeu. Il n’est pas mauvais, loin de là, mais il n’est pas excellent non plus et c’est clairement un jeu qui s’adresse à un jeune public (ou bien les gens comme moi qui n’ont pas peur de jouer à des trucs mignons passé un certain âge)… Eeet c’est là que ça va vraiment coincer.

Le jeu est uniquement en anglais. Et pas dans un anglais simple, mais un anglais un minimum élaboré qui fait que ça serait très compliqué de le mettre entre les mains d’un enfant français qui commencerait à apprendre l’anglais à l’école.

Bon, bien entendu, ça n’est pas étonnant compte tenu du fait que traduire un jeu, c’est un processus aussi chronophage qu’onéreux, surtout pour un RPG, et donc l’éditeur a dû faire un choix. Et bon, soyons honnêtes, je doute que ce jeu se vendra par palettes entières, surtout quand il sort pile à la fin d’un Ludocalypse où beaucoup de monde a probablement déjà mis pas mal d’argent dans les sorties récentes ou bien a encore une tonne de jeux de la saison précédente à terminer.

Et c’est vraiment dommage, puisque The Cruel King and the Great Hero est un jeu parfait pour les 7 à 11 ans, puisqu’il présente un conte vraiment adorable avec juste ce qu’il faut de noirceur pour être engageant.

On y suit les aventures de Yuu, une enfant qui a été recueillie par le Roi Dragon suite au décès de son père biologique et accessoirement ancien héros du coin. Tous les soirs, le Roi Dragon lui raconte l’histoire des actes héroïques de son père. De fil en aiguille, Yuu se met en tête de devenir une héroïne et va partir à l’aventure pour aider ceux dans le besoin. Je ne vais pas aller plus loin pour ne pas spoiler, mais l’histoire présente des thématiques hyper intéressantes ainsi qu’un twist assez étonnant qui rajoute une jolie couche de profondeur. Si j’avais décidé de devenir parent et que j’y aurais joué avec mon enfant, je sens que ça aurait créé des conversations très intéressantes, d’autant plus que non seulement l’enfant se retrouverait dans l’histoire de Yuu, mais le parent aussi se reconnaîtrait dans le Roi Dragon et tout ce qui tourne autour de l’indépendance qu’on laisse aux petits. Sans aller plus loin, je dirai juste que l’histoire peut être bien émouvante quand elle le veut et c’est typiquement le genre de jeu qui va occuper un coin de mon cerveau pour un petit moment.

Côté gameplay, je pourrais facilement résumer The Cruel King and the Great Hero en « Mon premier JRPG » tant il est d’une simplicité… Bah enfantine. Les combats au tour par tour n’ont pas des masses de trucs à nous faire prendre en compte en dehors de la gestion de ses points d’action pour lancer des attaques spéciales, le système d’équipement est basique et la progression sur la carte est linéaire, puisqu’on ne fait qu’aller de couloir en couloir. Ce qui m’amène à mon plus gros problème avec ce jeu.

The Cruel King and the Great Hero est LENT. Et volontairement en plus. Les points de téléportation sont rarissimes et il est impossible de courir en dehors des zones sécurisées. Le seul moyen de débloquer la course dans les zones où l’on peut affronter des monstres, c’est… En étant à un niveau suffisamment élevé. Ce qui veut dire que la traversée des nouvelles zones se fera systématiquement à deux à l’heure. Au début, c’est pas dérangeant, puisque l’on en profite pour admirer les sublimes décors du jeu… Mais sur la fin, et surtout arrivé au donjon final, j’avais un peu l’impression de devenir fou, surtout que ce fichu donjon dure plus d’une heure ! Concrètement, j’ai fini le jeu en 11h30, mais si Yuu pouvait courir peu importe les circonstances, je suis persuadé que j’aurais pu finir le jeu en 6 ou 7h ! Je comprends l’idée que le ralentissement peut être un indicateur de faiblesse du personnage, mais ça brise totalement notre sensation de contrôle, surtout qu’on ne fait que traverser des couloirs. La couleur change, les éléments de décors peuvent varier et on verra une créature étrange se balader dans le fond ici et là, mais un couloir reste un couloir et c’est pas le truc le plus fun ou stimulant à faire, surtout quand on se traîne pour le traverser…

Et c’est vraiment dommage que ça soit structuré volontairement comme ça, puisque du coup ça ne m’a absolument pas donné envie de faire des quêtes annexes. Il y en a pas mal et elles permettent de créer des petites histoires rigolotes, mais elles consistent toutes à faire des allers et retours… C’est assez usant et c’est dommage, puisque grâce à ces quêtes, on peut débloquer des pièces d’équipement potentiellement hyper utiles et même des points que l’on peut obtenir pour débloquer des concept arts !

Heureusement, le grinding n’est pas nécessaire et la montée en niveau se fait assez naturellement, surtout si on prend le temps de se traîner dans des couloirs annexes pour récupérer des trésors. La difficulté du jeu est plutôt bien équilibrée et grimpe progressivement, au point que face au boss final, même en ayant un bon niveau, j’ai eu mon petit moment de panique en voyant des attaques m’arriver qui pouvaient potentiellement m’annihiler si je faisais pas attention.

Côté présentation, c’est un quasi-sans faute ! La direction artistique est monstrueusement jolie, au point que je peux dire sans sourciller que c’est un des plus beaux jeux auxquels j’ai joué ces dernières années ! Chaque décor, chaque personnage est plaisant à regarder et même les monstres particulièrement terrifiants et dérangeants que l’on affrontera vers la fin du jeu sont fascinants dans leurs designs ! Le seul défaut, c’est que ça rame un peu sur Switch, mais on n’y fait pas non plus trop attention. Et côté musiques, c’est très sympa, avec des thèmes de combat très engageants… Même si il y a un étrange bug avec les musiques qui fait que quand on change de zone, elles mettent 5 secondes ou plus à charger. Bien trop souvent je me baladais dans un silence de mort dans la zone en pensant que ça allait préparer à un nouvel événement et en fait non, c’est juste la musique qui n’était pas encore chargée… C’est assez perturbant et j’espère que ça sera corrigé.

Au final, si ça n’était pour sa lenteur parfois criminelle et son absence de traduction française, j’aurais facilement recommandé The Cruel King and the Great Hero à tous ceux qui sont un minimum ouverts d’esprit ou bien qui veulent passer un bon moment avec leurs enfants. Je ne dis pas non plus que je n’ai pas passé un mauvais moment, bien au contraire, mais clairement si comme avec Voice of Cards on pouvait avoir un patch qui sorte prochainement et qui propose d’accélérer les déplacements ou qui active la course par défaut, ça ne serait pas de refus !

Je dois avouer que j’hésite entre un statut Recommandé ou bien un Pourquoi Pas et je pense plutôt pencher pour ce dernier, car même si le jeu n’est qu’à 30€, je préfère vous recommander de le prendre au prix que vous jugerez le plus en accord avec vos attentes ou bien d’attendre un potentiel patch qui corrige la vitesse du jeu.

Dans tous les cas, j’aime beaucoup cette série de jeux et j’espère que Sayaka Oda aura la chance de continuer ce qu’elle fait ! On a vraiment besoin de plus de jeux mignons qui mettent du baume au cœur !