Souvent, quand on parle de séries de jeux qui ne se renouvellent pas, c’est en mal, parce que ça ne fait pas les choses assez différemment des épisodes précédents. Bien évidemment, il existe des exceptions, mais ça reste assez mal vu d’avoir des jeux qui sont structurellement identiques à leur prédécesseur. Personnellement, si la suite est bonne, ça ne me dérange absolument pas, même si ça m’embête pour une autre raison très spécifique à mon job : comment est-ce que j’écris la critique d’un jeu qui est fondamentalement le même que ses prédécesseurs ? Est-ce que je répète mon texte ? Est-ce que j’occulte tout ce dont j’ai déjà parlé avec l’épisode précédent, sachant qu’il y aura forcément des gens qui prendront le train en marche et qui donc ne sauront pas de quoi je parle ? Ou est-ce que je passe mon temps à parler que des nouveaux trucs, quitte à pinailler tout du long et donner l’impression que je n’ai pas passé un bon moment alors qu’il s’agit d’un jeu sur lequel j’ai passé un excellent moment ?

Oui, fondamentalement, Lost Judgment est identique à tous les épisodes de Yakuza à l’exception de Like A Dragon et Yakuza Dead Souls et bien évidemment, il est aussi identique à Judgment. Et ce n’est clairement pas un mal, tant aucun des épisodes de cette série n’a vraiment réussi à passer en dessous de la barre de l’excellence. Bon ok, peut-être Dead Souls, mais sinon tous les jeux sont excellents et Lost Judgment ne va encore une fois pas contredire ce sentiment si fort que j’ai pour cette série.

… Même si ce n’est pas non plus mon préféré. Like a Dragon a plus ou moins tout défoncé sur son passage et mis la barre tellement haute qu’il est presque désormais impossible de faire mieux. Eh.

Verdict : Non Coupable !

Comme toujours, la grande force d’un jeu de la série Yakuza vient de son scénario et Lost Judgment ne manque pas à perpétuer cette tradition ! Ici, un vieux pervers est poursuivi en justice pour avoir fait des attouchements en public, mais alors que le verdict est tout juste rendu, l’homme déclare qu’un cadavre a été retrouvé à une trentaine de kilomètres de là. Comment pouvait-il être au courant alors que la police n’a jamais révélé l’affaire et que, pire encore, l’homme en question était déjà détenu au moment du meurtre ? C’est ce que l’on devra découvrir au détour d’une histoire aussi complexe que fascinante, bien qu’un poil prévisible sur les bords, surtout arrivé à la seconde moitié !

Sans entrer dans les détails, l’histoire de Lost Judgment est bien plus sombre que pas mal des épisodes de la série et propose des dilemmes moraux et des réflexions vraiment intéressantes sur la nature de la justice, au point que vous risquez vous-même de vous livrer à des réflexions troublantes sur le fait de justifier ou non certaines actions. Rappelez-vous des débats qui ont suivi la sortie de Avengers Infinity War autour du plan de Thanos et imaginez que Lost Judgment propose une question qui fera que vous et vos amis auront des points de vue et des raisonnements probablement très différents les uns des autres !

Cela étant dit, même si l’histoire est vraiment très bonne, personnellement, je ne l’ai pas appréciée autant que Like a Dragon ou même Yakuza 3, parce que, comme avec le premier Judgment, l’histoire est un peu trop sombre et sérieuse à mon goût et manque de ces petits moments de chaleur humaine qui ont rendu Like a Dragon aussi mémorable. Tout est beaucoup trop sérieux, limite trop froid et c’est sans parler des sujets abordés qui sont vraiment pas joyeux ou bien le fait qu’il y a des cadavres vraiment répugnants qui sont montrés et même une séquence d’égorgement tellement extrême que j’ai vraiment caché partiellement l’écran pour ne pas voir uniquement pour confirmer mes craintes parce que ça ne coupait pas au dernier moment.

Alors oui, vous pourrez rétorquer que d’autres jeux Yakuza ne se sont pas cachés de montrer des gens mourir de manière bien violente, mais il y avait toujours une forme de retenue dans les autres jeux que Lost Judgment n’a pas vraiment. Et concernant le trop plein de sérieux de l’histoire, bien évidemment que c’est contrebalancé par le nombre de situations absurdes que l’on peut traverser via un contenu annexe toujours aussi fourni… Au point qu’après avoir fini le scénario au bout de 20h pile et en ayant pris quelques heures pour faire des quêtes annexes, le jeu affichait que je n’avais fait que 14,8% du contenu global, donc il y a large la place au jeu d’être un peu stupide et rigolo, mais ça ne sera clairement pas durant le scénario principal et d’où le fait qu’en début de critique je disais que j’allais pinailler sur du détail.

Car oui, côté contenu global, Lost Judgment perpétue aussi la tradition d’avoir tellement de contenu qu’on ne sait plus quoi en faire et en plus des mini-jeux classiques comme les cages de baseball, les fléchettes et les jeux dans le jeu, avec notamment cette fois-ci Sonic the Fighters, Fighting Vipers et une tonne de jeux Master System à débloquer, on a aussi une tonne de quêtes annexes aussi bien sur la carte qu’au sein du lycée dans lequel on enquête. Bon, pour le coup, faute de temps, je n’ai pas pu me pencher sur les quêtes spécifiques au lycée, mais vu le mini-jeu de danse que j’ai pu débloquer, je sens qu’il y a moyen de s’amuser un peu en plus de résoudre un assez gros mystère qui semble bien intéressant !

Du côté du gameplay, Lost Judgment reprend la base de son prédécesseur, lui-même calqué sur les Yakuza 0 à 6. On tape sur des méchants dans des combats en temps réel avec la possibilité de prendre des objets dans le décor pour taper bien plus efficacement et violemment sur les méchants ! La particularité de Lost Judgment est qu’il introduit un nouveau style de combat par rapport au précédent épisode et donc là où on avait le style du tigre pour les attaques puissantes dirigées à l’encontre d’un seul adversaire et le style de la grue qui fait des dégâts de moule, mais qui permet de toucher plus de gens d’un coup, ici on peut rajouter le style du serpent, qui permet de parer les attaques adverses et désarmer ceux qui tricheraient en amenant un couteau ou un sabre dans un combat à mains nues… Enfin, je dis ça, mais j’ai accidentellement ruiné un combat assez dramatique parce que je n’arrêtais pas de prendre des chaises dans le décor pour les éclater dans le pif d’un boss… C’était moins dramatique, mais c’était beaucoup plus drôle.

Et c’est là que j’entre dans la partie où je me plains de la formule Judgment, puisqu’en plus d’être un jeu de tabassage de criminels, Lost Judgment est aussi un jeu d’enquête. Vaguement. Mais quand les phases d’enquête commencent, c’est là que les soupirs sont les plus forts. Ainsi, on a une phase de filature hyper reloue en intro de jeu où il faut suivre un PNJ pendant un petit moment sans se faire repérer, même si, à mon grand soulagement, cette phase ne se reproduit plus jamais dans le scénario principal et ne se cantonne qu’aux quêtes annexes. On a aussi les phases de course poursuite un peu plus marrantes où il faut épuiser la personne qu’on poursuit tout en veillant à ne pas nous épuiser nous-mêmes en rentrant dans des obstacles, des phases d’infiltration un peu nulles où il faut se faufiler dans des couloirs tout en jetant des pièces de temps en temps pour distraire les gardes et veiller à ne pas se faire choper, sinon faut tout recommencer et enfin… Les phases de recherche, soit le pire moment du jeu et qui m’a causé deux belles micro-crises de panique parce que je n’arrivais pas à trouver le petit pixel que le jeu voulait que je trouve pour que je puisse progresser dans l’histoire. C’est de loin une des pires idées de la série et même si heureusement ça n’arrive pas non plus trop souvent, c’est toujours une plaie de devoir juste faire des va-et-vient avec la caméra en attendant de tomber sur le truc qui nous fera avancer.

Je ne fais vraiment qu’effleurer la surface de ce jeu pour ne pas perdre de temps à lister ce qui revient à des détails, mais Lost Judgment est clairement un jeu qui s’adresse aussi bien aux gens qui aiment bien suivre des histoires plus ou moins sérieuses que ceux qui veulent des jeux avec du vrai contenu interactif et non pas juste des tours à escalader.

Et bien évidemment, côté présentation, Lost Judgment continue de placer la barre bien haute avec ses décors ultra détaillés et vivants en plus de ses personnages pour la plupart très joliment modélisés, sans parler de sa mise en scène très réaliste quand ça veut l’être ou bien plus extravagante, mais avec aussi des scènes de combat à la chorégraphie impeccable que ne renierait pas certains films d’arts martiaux à l’ancienne !

Et même si la bande-son du jeu reste relativement passe-partout, il me faut vite fait l’évoquer tant elle est toujours aussi plaisante et mention spéciale au thème du boss final qui est juste ultra maboule et digne d’un combat de boss de fin ! En y réfléchissant, cette année aura été particulièrement délicieuse en musiques de boss finaux et je ne vais clairement pas m’en plaindre ♪

Au final, Lost Judgment pourrait tout simplement être résumé en quelque chose du style : c’est un jeu Yakuza avec tout ce que ça implique de bien ! Ce n’est pas le meilleur épisode de la série, mais ça n’en reste pas moins un excellent moment avec un scénario prenant et vraiment mature quand ça veut l’être, et avec une tonne de contenu intéressant qui fait que l’on peut y passer aussi bien une vingtaine d’heure qu’une quarantaine et ressentir tout autant de plaisir !

Si vous aimez la série des Yakuza, vous devriez passer un excellent moment ! Et si vous n’êtes pas familier, je vous recommanderais plutôt soit de faire le premier Judgment, soit les précédents Yakuza ou bien commencer direct sur Like a Dragon, histoire aussi de vous familiariser avec ses personnages et cet univers de plus en plus uni et unique !

Bref, sans grande surprise et sans grand effort, Lost Judgment recueille une mention Indispensable !