Qui dit vacances dit période assez légère en sorties et donc beaucoup de temps libre pour faire des choses que l’on ne pourrait pas trop faire autrement… Comme rejouer à un des jeux de notre enfance, en écrire un article, puis attendre les vacances d’après pour le publier parce qu’on a été bien plus vite rattrapé par le torrent de jeux à critiquer que prévu… Hum.

Pour le coup, ça faisait un bon petit moment que je voulais replonger dans la série Kingdom Hearts et un joli petit concours de circonstances a fait que j’ai pu me faire plaisir. D’abord, les vacances ont fait que je n’avais plus vraiment de jeux à critiquer, donc il fallait m’occuper autrement (quelqu’un a dit continuer d’écrire mes livres ? Ahahah, pauvre fou !). Secundo, j’ai commencé à lire le livre La Légende Kingdom Hearts, disponible chez Third Editions (et que vous vous devez d’acheter et lire si vous êtes curieux de connaître un pan de l’Histoire de Square Enix, parce que le livre est vraiment ultra complet #PasUnPlacementDeProduit #PlutôtUneViveRecommandation), ce qui m’a plus que donné envie de rejouer aux jeux. Tertio, parce que Kingdom Hearts III sort en Janvier et que j’avais envie d’avoir un maximum de temps pour pouvoir me refaire toute la série et mieux contextualiser la future défaite du vil Xehanort. Et enfin je suis tombé sur la collection I.5 + II.5 HD sur PS4 à un prix raisonnable, donc tous les prétextes nécessaires étaient réunis pour m’y atteler…

Même si j’avais oublié qu’en refaisant les jeux dans l’ordre j’allais aussi « subir » le premier Kingdom Hearts, qui… Est beaucoup plus brut dans ses mécaniques et dans sa mise en scène que dans mes souvenirs d’enfant…

Simplest and Messiest

L’histoire de Kingdom Hearts est assez simple : Sora, un jeune garçon vit sur un archipel avec ses amis, l’un un aventurier en devenir et l’autre une habitante d’un autre monde au passé mystérieux arrivée bien des années auparavant. Tous trois, pour des raisons différentes, souhaitent quitter leur île pour aller explorer les autres mondes et alors qu’ils s’apprêtent à naïvement accomplir leur rêve en construisant un radeau, un enchaînement d’événements tous plus étranges les uns que les autres fait que les forces des Ténèbres débarquent en masse et détruisent le monde de nos trois héros.

Sora se retrouve alors à devoir se battre pour retrouver ses amis et essayer de voir comment empêcher aux autres mondes d’être détruits, levant au passage le voile sur une conspiration mêlant certains des plus grands méchants de films Disney.

Autant Kingdom Hearts a désormais la sale réputation d’être un bourbier scénaristique avec tout autant de sous-intrigues que de personnages et le syndrome du seul gars qui tirait les ficelles depuis une époque tellement lointaine que c’est assez risible de le voir échouer autant de fois en tout autant d’épisodes, mais pour qui apparemment tout cela était prévu (sans compter cette histoire de Prophète que les plus récents jeux mobiles nous ont balancé), autant l’histoire de ce premier épisode reste assez simple. Pas mal ésotérique et avec des incohérences grosses comme des pastèques, mais quand même assez simple. Le petit détail que j’ai remarqué et que j’ai bien apprécié avec la version Final Mix vient des scènes bonus qui apportent des éclaircissements supplémentaires en plus d’un peu mieux mettre en place le scénario de Kingdom Hearts II (sachant que Final Mix est sorti fin 2002 au Japon et que le II est sorti fin 2005 là-bas).

Je vais un peu gâcher la conclusion de cet article en disant que le scénario est plus ou moins la seule raison pour laquelle il vaut mieux éviter de négliger cet épisode. Il pose bien les bases de l’univers en plus de certains concepts qu’il convient de connaître pour la suite et les scènes qui concernent purement la partie Kingdom Hearts du jeu (omettant totalement sa partie Disney) sont de loin les meilleures.

La raison pour laquelle je dis que c’est la seule, c’est bien parce que le gameplay a assez mal vieilli. Surtout quand on le compare aux épisodes les plus récents.

Le premier coupable dans cette histoire est que les combos de Sora sont assez limités, aussi bien dans le nombre de coups différents et combinaisons que l’on peut créer que le fait que l’on ne puisse pas tout bonnement arrêter nos enchaînements. Le système de parade est en théorie très bon et pouvoir parer les coups permet de gagner des points d’expérience supplémentaires, ce qui est une très bonne chose, mais le seul problème est que parfois on voit le coup adverse venir et on sait comment le parer, mais on ne peut pas le faire parce que l’on est déjà au beau milieu d’une de nos attaques. Peut-être est-ce parce que j’ai été un peu trop gâté par les jeux de Platinum Games et aussi les Kingdom Hearts les plus récents, mais la rigidité du système de combat du jeu original rend l’expérience beaucoup plus désagréable qu’on aurait pu l’imaginer. Je pourrais dresser une analogie qui va en faire hurler de rire certains, mais je me la réserve pour mon article sur Kingdom Hearts II.

Le second coupable est bien plus évident et beaucoup moins défendable : la caméra est juste naze. Placée trop près de Sora, non seulement notre visibilité est limitée et la sensation de profondeur parfois mal ajustée, mais elle part aussi totalement en vrille dès que l’on lock un adversaire à forte mobilité. Ajoutez à ça des sauts tout aussi rigides qui demandent parfois trop de précision et vous avez une recette pour plus de prises de tête que nécessaire.

Kingdom Hearts Gang

Et enfin, il convient que je partage un des moments les plus rageants de ma partie…

Je hais la Forteresse Oubliée (et Atlantica, que je n’ai même pas pris la peine de faire par pur souci de vouloir éviter à ma PS4 de passer par la fenêtre). Non seulement ce niveau est un petit labyrinthe des horreurs, mais en plus il a le malheur de posséder en extérieur un level-design vertical. Les salles du château, passe encore. Chacune possède un design cool et en plus il y a de vraies bonnes idées pour des énigmes rigolotes. Mais l’extérieur du château est la pire des plaies : les corniches sont ridiculement petites et il n’y a pas de mur invisible, faisant que si vous tombez, bah vous êtes repartis pour tout vous refaire, y compris vous battre contre des Sans-Coeur qui ont pris le temps de revenir. Ajoutez à ça le fait que sur ces corniches rikiki vous devez affronter des ennemis volants et que Sora est tellement débile avec son lock-on semi-automatique qu’il tentera bien trop souvent de pourchasser un ennemi qui s’est barré de la corniche… Vous faisant tomber dans le vide.

Heureusement ça ne m’est pas arrivé ‘trop’ de fois, mais j’ai bien hurlé une paire de fois en me voyant tomber de haut. Ajoutez à ça la meilleure idée au monde de vous forcer à faire l’ascension de ce fichu niveau non pas une, mais deux fois ! Et peu importe que vous ayez débloqué les points de téléportation la première fois, ils auront disparu la seconde fois. Couplez à ça le fait que les ennemis sont beaucoup plus forts la seconde fois en plus de quasiment tous voler et vous comprendrez pourquoi je maudis à jamais celui qui a validé le design de ce niveau. Oui, il est beau, mais non, il n’est pas fun. Argbl !

Si l’on exclut ces petits soucis, le gameplay reste fun. Les boss sont parfois créatifs et tous ont un design très cool. D’ailleurs, en parlant de design, les Sans-Coeurs sont vraiment cool (mon préféré reste le petit chevalier, qui est certes commun, mais qui n’en reste pas moins adorable). On sent clairement que Tetsuya Nomura s’est fait plaisir et certains possèdent des traits proches de ceux d’une certaine série de fantaisies finales, notamment une des parties du boss final, qui ressemble étrangement à une partie du boss final de Final Fantasy VI… Remarque, le boss entier est en concept celui de Final Fantasy VI (conçu par Tetsuya Nomura) réadapté pour un jeu d’action, remplaçant une partie des connotations religieuses pour quelque chose de plus coloré et cartoonesque.

Et bien évidemment, il est impossible de parler de Kingdom Hearts sans évoquer sa bande-son. Yoko Shimomura avait certes déjà bien bossé dans le milieu du jeu vidéo avant la sortie de ce jeu, mais c’est grâce à Kingdom Hearts que sa popularité va exploser (si l’on exclut le thème de Guile de Street Fighter II, qui est rétroactivement devenu très populaire en se transformant en meme aux débuts de YouTube). Elle est parvenue à capturer l’esprit des films Disney avec brio, mais c’est aussi et surtout les compositions originales et exclusives à la série qui ont rendu cette bande-son légendaire, les fabuleux Dearly Beloved et Destati en tête. Le thème de la Forteresse Oubliée n’en est pas moins en reste, notamment grâce au monstrueux thème de combat Scherzo di Notte. Autant de thèmes puissants et majestueux qui rendent encore mieux grâce à leur remasterisation via les compilations HD.

Bref, peut-on encore jouer à Kingdom Hearts Final Mix en 2018 ? Bien évidemment que oui. Alors certes, le jeu a énormément vieilli, surtout lorsque comparé à Kingdom Hearts II, mais il n’en reste pas moins une aventure qui m’a transporté. Oui, il m’a fait hurler de rage plus d’une fois et m’a fait suer encore plus, mais je n’ai pu m’empêcher d’y retrouver une part de mon enfance. Si vous avez envie de retracer les pas d’une bien belle série, n’hésitez pas à le faire.

Et maintenant que l’épisode original est fait, le suivant sur la liste est Chai… Kingdom Hearts II, plus connu comme étant le point culmiant de la série.

Je vous expliquerai tout ça la prochaine fois !

Benjamin « Red » Beziat