Au risque de partir d’emblée sur une tangente sur cette critique de Resident Evil 3, je pense qu’il est utile, voire nécessaire de connaître un minimum la personne derrière la critique avant de la lire pour pouvoir faire son propre avis de l’avis de la personne que vous lisez. Aller juste voir la note en bas de la page, c’est bien pour se donner une idée de l’avis de la personne, mais suffit que ladite personne ne soit pas fan d’un genre ou bien au contraire soit beaucoup trop fan d’une série pour que ça change la perception de cette note et c’est parfois pas plus mal que la personne qui écrit la critique d’un jeu injecte dans l’introduction une partie de son vécu pour vous permettre de mieux engager le texte qui suit.

Tout ça pour dire que je suis une grosse flippette de base et que j’ai pas vraiment joué à un Resident Evil depuis le 5, parce que plus les jeux devenaient réalistes et dégueu, moins ça me faisait envie…

De là, vous pouvez déjà vous forger un avis sur la teneur du texte, mais ça ne veut pas pour autant dire que c’est moins valide que l’avis d’un fan qui a poncé tous les épisodes et fini le mode Tofu de Resident Evil 2. Dans un sens, si vous êtes le genre de personne qui n’est pas trop jeux horrifiques et curieux de voir ce que ça donne, bah là vous avez l’avis d’un gars comme vous ! En plus, ça tombe bien parce que cet épisode ne fait pas vraiment peur !

Oh et j’ai aussi fait la campagne en mode Facile. *tousse*

Bon bah je crois que la moitié des gens sont déjà partis. Hum.

Danse with the STARRRRRRRS !!!

L’histoire de Resident Evil 3 se déroule en parallèle du 2. On y incarne Jill Valentine, héroïne du premier épisode dans ce que l’on peut appeler une très très mauvaise journée. À peine a-t-elle eu le temps de se remettre des événements horrifiques du manoir Spencer qu’elle est dérangée en pleine nuit par une montagne de muscles et de chair putréfiée douée de suffisamment de conscience pour ne vouloir qu’une chose : la tuer.

Tout le jeu n’est donc qu’une immense course-poursuite, Jill tentant désespérément de s’évader avec l’aide de Carlos, un pur bonhomme qui est là pour aider la population à évacuer une ville infestée de zombies. En fait, Resident Evil 3 pourrait plus ou moins être la meilleure adaptation vidéoludique de Terminator. On remplace le Nemesis par un T-2000 et en avant la musique.

Et, chose intéressante, le jeu prend en compte cette histoire plus que simple et articule sa structure autour de ça. Grosso modo, Resident Evil 3 est un jeu d’action horrifique où le but est juste de suivre les différents objectifs que l’on nous balance et tirer sur tout ce qui bouge jusqu’à ce que l’on voie les crédits de fin défiler quatre heures plus tard. Bon, ça, ça s’applique surtout au mode Facile, puisque dans ce mode les munitions sont tellement abondantes que je passais mon temps à vider mon inventaire assez limité pour réussir à caser des objets utiles pour la quête principale. En Normal et dans les difficultés supérieurs, c’est pas vraiment la même limonade, puisque les munitions sont plus limitées et on n’a plus d’assistance à la visée, ce qui fait que les confrontations sont beaucoup plus tendues et sont même à éviter si possible. D’ailleurs, c’est un truc que je trouve pas mal : le choix de la difficulté et les avantages et inconvénients qui y sont liés rend le jeu non seulement beaucoup plus accessible à n’importe quel profil de joueur, mais ça transforme en profondeur la nature même du jeu. Soit on a le droit à un blockbuster fun et rigolo, soit un jeu un peu plus nerveux, mais toujours assez bourrin, ou bien Dark Souls.

Pour être honnête, c’est assez difficile de parler en long, en large et en travers de cet épisode tant il va droit au but. C’est beaucoup d’action, peu de puzzles, quand ce n’est pas juste « va trouver tel objet pour le ramener à tel endroit » et c’est un third-person shooter tel qu’on en voit par douzaines sur le marché. Ça ne cherche pas à être révolutionnaire, mais juste un divertissement efficace et c’est clairement pas un truc que je considère comme un reproche.

Le seul vrai reproche que j’aurais à faire, c’est que le Nemesis en lui-même n’est finalement pas si effrayant que ça. Ses apparitions sont assez prévisibles dans la première moitié et dont le but ne consiste qu’à l’éviter puisque l’attaquer ne sert à rien (autre que potentiellement gagner des goodies si on parvient à le sonner, mais ces récompenses sont au coût d’un nombre incroyable de munitions à écouler), tandis que dans la seconde, ça ne se limite plus qu’à des boss fights plus ou moins similaires.

Et même si la campagne est relativement courte, se terminant en trois heures et demi ou cinq heures selon le niveau de difficulté et notre envie d’explorer, elle n’en reste pas moins rejouable à l’envie grâce à son rythme effréné qui donne l’impression d’être dans une attraction de Disneyland et aussi et surtout les différents bonus que l’on peut acheter avec les points que l’on cumule en fin de partie et qui rendent les parties suivantes d’autant plus rapides… Au point que ça le transforme en jeu à speedrun, puisque plus vous allez vite et sans mourir, plus vous gagnez de points. Et quand la récompense ultime est un objet qui tue chaque ennemi en un coup et de manière illimitée… Bah disons que le jeu passe du Manoir Hanté à Space Mountain. Et au moment où j’écris ces lignes, soit le jour de sa sortie, le record du monde en difficulté infernale est déjà de 57 minutes !

En vrai, là où je peux le plus m’attarder, c’est sur le mode Resistance, la nouvelle tentative de Capcom de faire un mode multijoueurs avec sa série (même si c’est pas nouveau, puisque Resi en multi, ça remonte déjà à Outbreak sur PS2 en 2003 et ils s’étaient récemment cassés les dents sur Operation Raccoon City en… 2012. Huh… Bon ok, c’était peut-être pas si récent que ça… Le temps passe trop vite.)

Resistance est un mode multi plutôt intéressant, en cela qu’il nous propose simultanément un escape game et un tower defense en ligne. On choisit soit le camp des survivants, soit celui du mastermind. Dans le premier camp, vous êtes quatre à devoir coopérer pour remplir différentes conditions qui vous permettront de vous échapper du laboratoire d’Umbrella, tandis que dans le second, vous serez le seul maître à bord et votre but est de poser des pièges pour ralentir les survivants, et si possible les tuer afin de faire avancer la montre.

Le truc intéressant, c’est que Resistance est un vrai pot-pourri d’influences. Un petit peu de Dead by Daylight pour le côté asymétrique et le mastermind qui peut contrôler une unité quasi-invincible pour bien faire mal chez les survivants, un peu de Five Nights at Freddies avec la gestion des nombreuses caméras de surveillance pour savoir où et quand poser nos pièges, du deckbuilding à la Kingdom Hearts Chain of Memories, puisque nos zombies et pièges à placer sont des cartes que l’on choisit dans un deck et du Team Fortress 2, puisque chaque survivant a un skill en particulier.

Et même si ce n’est pas mon truc et que je me suis fait démolir dans les deux camps que j’ai joué, ça n’en reste pas moins un concept très intéressant et plutôt bien exécuté, à la condition d’apprendre les différentes subtilités des deux camps. Il y a aussi un système de progression qui fait que l’on débloque de nouvelles options au fil des parties, ce qui est plutôt cool… Et des micro-transactions pour débloquer des bidules cosmétiques pour aucune raison légitime… Heureusement qu’elles ne sont pas intrusives et n’affectent pas le gameplay, mais bon, ça reste un aspect déplaisant d’un mode qui en plus n’est pas l’attraction principale…

Au final, Resident Evil 3 n’est peut-être pas le jeu de l’année, ni le meilleur Resident Evil sorti ces dernières années et il ne tient pas vraiment la comparaison avec un Resident Evil 2 plus généreux en contenu solo, mais il n’en reste pas moins un excellent divertissement qui vous durera au minimum un bon après-midi, si ce n’est plusieurs si vous accrochez à l’aspect speedrun de sa campagne ou bien le mode Resistance, qui est bien plus travaillé que ce que l’on aurait pu en attendre.

Et c’est peut-être parce qu’il se repose sur ces « et si » que je ne suis pas totalement chaud pour le recommander à 60€. Imaginez que vous aimez le solo, mais ne comptez pas y retourner et que le multi ne vous touche pas trop et ça fait un peu mal les 60€ pour 4 ou 5 heures de fun. Après, je l’ai déjà vu ici et là à 40€, ce qui est une proposition plus qu’intéressante et au grand pire, vous pourrez toujours attendre une inévitable baisse de prix.

Quoi qu’il en soit, je ne peux que trop le recommander à quiconque cherche un jeu à grand spectacle qui vous en mettra plein la vue. Ce n’est peut-être pas le jeu le plus flippant qui existe, mais il a quand même ses 2-3 moments un peu dégueu, donc ça reste réservé à un public qui n’a pas peur de voir des cerveaux apparents ou bien des gens qui vous tombent dessus sans vraiment prévenir.

Resident Evil 3 est un bon divertissement et c’est pour ça que je le recommande !

Benjamin « Red » Beziat