Pas mal attendu par les fans de RPG, Octopath Traveler avait fait tourner pas mal de têtes à son annonce, notamment de par son esthétique assez unique, mélangeant le style typique du voxel avec des sprites qui semblent tout droit sortis de Final Fantasy VI et des effets d’eau, de lumière et de particules qui décrochent la mâchoire.

J’ai eu la chance de pouvoir mettre la main sur un exemplaire du jeu avec deux semaines d’avance et après 25 heures passées en sa compagnie (sans pour autant avoir atteint la limite autorisée par les NDA… ou du moins au moment où j’écris ces lignes alors que je m’apprête à vivre quatre jours intenses de Japan Expo), je peux déjà m’avancer en disant que non seulement Octopath Traveler sera très long, mais qu’il est aussi le Messie tant attendu sur pas mal de plans, notamment en tant que marqueur du retour en force de Square Enix. J’ai une toute petite réserve que je ne pourrai vérifier qu’une fois bien arrivé vers la fin, mais pour l’heure, j’ai déjà énormément de choses à vous expliquer, car il y a énormément de choses que je ne savais pas et qui m’ont surpris. Certains dans le bon sens, d’autres dans un sens un peu moins incertain.

OctoPAF, la structure !

Octopath Traveler est un RPG à la fois typique et atypique. Typique dans le sens qu’il s’inscrit dans une longue lignée de JRPG et plus spécifiquement celle de l’Âge d’Or avec une histoire à la fois prenante, ambitieuse et très sombre, mais aussi atypique dans le sens de sa structure, semblable à une sorte d’open world qui n’en est pas un mais qui est quand même plus ou moins linéaire par la force des choses (je m’explique un peu après).

Pour ce qui est de l’histoire, on suit les aventures de huit personnages très différents, mais sans liens apparents entre eux et on commence avec n’importe lequel, suivant une histoire qui lui sera très spécifique.

Ainsi, Thérion est un voleur qui tente de cambrioler un manoir dont on dit qu’il est plein de richesses et qui à la suite d’événements malencontreux se retrouve à devoir retrouver trois cailloux magiques volés.

Alfyn est un jeune homme qui souhaite parcourir le monde pour devenir le plus grand médecin.

Primrose est une ancienne noble dont le père a été tué par trois mystérieux hommes encapuchonnés et qui est devenue danseuse pour les retrouver et se venger d’eux.

Olberic était un des plus grands guerriers de son royaume, jusqu’au jour où il a été trahi par son compagnon d’armes et après des années d’exil il repart sur la route pour le retrouver et obtenir des réponses.

Ophelia est la fille adoptive d’un prêtre et décide de partir en pèlerinage pour raviver la flamme sacrée d’un ancien dieu en faisant le tour des grandes chapelles.

Tressa est une jeune fille de marchands qui décide de parcourir le monde à la recherche de trésors et de rencontres qui l’aideront à grandir (figurativement).

H’aanit est une des meilleures traqueuses de son village et va partir à la recherche de son maître, porté disparu à la suite d’une traque à l’issue encore incertaine.

Et Cyrus est un précepteur qui quitte son université à la recherche d’un livre porté disparu.

La chose que j’aime énormément dans cette histoire, c’est son absence de gros enjeux apparents. Il est possible qu’il y en aie un plus tard, même si j’espère que ça ne sera pas juste « gros monstre destructeur de monde passe à l’attaque », car le ton posé par ces histoires reste pas mal ancré dans un certain réalisme qui peut parfois s’avérer étonnamment brutal. Je ne devrais plus être surpris, surtout après avoir fait Xenoblade Chronicles 2, mais encore une fois je me retrouve face à un jeu fortement mis en avant par Nintendo où l’on parle de thèmes des plus sombres comme la prostitution ou bien le désir de vengeance. Et c’est sans compter sur les PNJ que l’on peut interroger et qui ont à 80% une backstory tellement tragique que l’on pourrait écrire des romans entiers rien que sur eux.

Octopath Traveler Therion

Cependant, et c’est aussi là que je trouve Octopath intéressant, c’est que chacun des huit personnages possède une histoire et un ton assez distinct l’un de l’autre. Ainsi, si l’histoire de Primrose fait penser à du Game of Thrones (le gore en moins) et Olberic à un RPG de Matsuno, le charme et l’optimisme attendrissant de Tressa et Ophelia viendront contrebalancer et offrir une certaine légèreté que je trouve importants.

Niveau structure, c’est là que les choses deviennent plutôt uniques et vraiment intrigantes : on commence le jeu en sélectionnant un des huit héros, on termine son chapitre 1, puis après on est libres d’aller dans n’importe quelle ville pour aller à la recherche d’un autre héros pour lequel on fera son chapitre 1 et ainsi de suite. Cependant, et c’est personnellement ce que je trouve le plus dommage, c’est qu’il n’y a pas vraiment un sentiment d’unité dans ce groupe qui se formera petit à petit. On fera les introductions de chaque personnage certes, mais les cutscenes ne changeront jamais, qu’il y aie un seul ou quatre membres dans votre équipe. Il s’agit de huit histoires individuelles qui se recouperont probablement plus tard avec très certainement un dernier gros chapitre (même s’il ne s’agit que de pure spéculation de ma part là) et elles resteront strictement individuelles dans les cutscenes.

Notez ceci étant dit qu’il existe des interactions entre les personnages à la Tales of via des mini-scènes que l’on peut déclencher à certains moments précis et qu’avec la bonne combinaison de personnages (ou bien des apparitions aléatoires et sporadiques à la taverne), mais toutes sont optionnelles et aucune n’aura de répercussion sur le scénario. Vu la complexité du projet et gérer toutes les possibilités, je sais que ça aurait été extrêmement difficile et long à implémenter sans recourir à la facilité du personnage interchangeable in-cutscene qui aurait dit la même ligne, mais le truc, c’est que chacun des huit héros a sa personnalité et sa manière de parler, donc je vois bien pourquoi ils ont opté pour ce compromis.

D’ailleurs, tant que j’y suis, je me dois de souligner le travail incroyable qui a été effectué sur la traduction française du jeu. Car même si elle ne colle aucunement au texte japonais que l’on peut entendre, les libertés qu’elle prend non seulement renforcent le propos, mais offrent aussi une richesse et une saveur plus qu’appréciable aux dialogues.

OctoPAF dans l’plancton !

Octopath Traveler Haanit

Pour ce qui est du gameplay, le jeu est beaucoup plus « simple ». C’est un JRPG tout ce qu’il y a de plus typique, avec exploration de terrains, donjons et cavernes remplis de monstres, exploration de villes pour y accomplir des quêtes annexes et achat d’équipement en masse pour pouvoir taper plus efficacement sur les monstres.

La principale nouveauté introduite dans les phases d’exploration de ce jeu vient du fait que chacun des personnages du groupe possède un talent particulier à utiliser sur les PNJ. Ainsi, Thérion peut leur faire les poches, Tressa peut leur acheter le contenu de leurs poches, Primrose et Ophelia peuvent guider les PNJ ou bien les faire temporairement intégrer au groupe, Olberic et H’aanit peuvent les rouer de coups, aussi bien pour le fun que pour accomplir pas mal de quêtes annexes et Cyrus et Alfyn peuvent recueillir des informations qui seront utiles pour plus tard. Accessoirement, tous ont des capacités spéciales à utiliser en combat, même si Tressa s’en tire mieux que tout le monde, puisqu’elle a aussi une autre capacité passive qui fait que l’on recueille automatiquement de l’argent en entrant dans une zone (d’ailleurs, elle est aussi monstrueusement craquée et peut probablement briser le jeu si on joue bien ses cartes).

Sur le papier, les combats d’Octopath Traveler ressemblent peu ou prou à ceux de n’importe quel JRPG au tour par tour, avec des ennemis qui ont des faiblesses à exploiter pour causer un maximum de dégâts. Une liste de leurs vulnérabilités est disponible à tout moment et il est possible de voir et légèrement affecter l’ordre de passage de tout le monde.

La principale particularité de ce système de combat vient d’une mécanique assez similaire à celle de Bravely Default. Chaque personnage possède des points d’exaltation qui arrivent plus ou moins à chaque tour. Ces points permettent de multiplier nos attaques dans le même tour ou bien renforcer nos sorts et aptitudes. Bien évidemment, il y a un contrecoup et utiliser un point d’exaltation revient à laisser passer notre chance d’en obtenir d’autres de manière naturelle au tour suivant. Exploitez les faiblesses de vos adversaires suffisamment de fois et vous pourrez les mettre en état d’étourdissement, où leur défense est réduite de moitié et ils sont incapables d’agir sur le tour où vous les avez assommé et le suivant (mais en contrepartie ils seront prioritaires une fois sortis de leur état).

La meilleure tactique revient donc à tout faire pour conserver ses points d’exaltation pour le moment où un maximum d’ennemis seront assommés afin de pouvoir balancer en un ou deux tours nos plus grosses attaques. Couplez tout ceci au différent nombre d’armes, aux tonnes de compétences, aux huit classes incarnées par nos huit personnages en plus du fait qu’un peu plus tard il sera possible de filer des classes secondaires à chacun et vous avez un nombre de façons d’aborder les combats plus que convenable en plus d’une liberté de customisation quasi-totale qui rend le tout bien plus intéressant qu’au premier abord.

Enfin, il me faut aborder la partie qui a fait tourner toutes les têtes en premier lieu : la présentation.

https://www.youtube.com/watch?v=2K3FzMOz9Mo

C’est bien simple, le jeu est extrêmement beau ! Les décors sont toujours à tomber par terre et les sprites des personnages sont plus qu’évidemment basés sur ceux de Final Fantasy VI, au point que certaines expressions sont identiques (et ça me donne envie de réclamer un remake de FF VI dans ce style au lieu de tenter quelque chose dans une 3D qui ne conviendrait à personne).

Et mon plus gros coup de cœur : la bande-son. Elle est d’une qualité absolument folle et absolument toutes les pistes sont géniales ! Je n’arrive pas à trouver plus de trois pistes que j’apprécie moins que les autres et même si j’ai déjà entendu les différents thèmes de combat depuis 23h, je n’arrive pas à m’en lasser. Franchement, je crois qu’il sera très difficile de faire mieux que cette bande-son cette année et j’ai hâte de découvrir ce que le jeu réserve encore à mes oreilles sur les prochaines heures et j’attends bien évidemment le thème du boss final au tournant, qui je sens sera exceptionnel.

En bref, si l’on met de côté sa structure atypique et déroutante qui ne plaira probablement pas à tout le monde, je suis tombé follement amoureux d’Octopath Traveler et suis vraiment curieux de la direction que prendra le jeu dans la trentaine/quarantaine d’heures que j’imagine me reste. Pour cause de Japan Expo, je crains de ne pas pouvoir le finir avant la sortie pour pouvoir vous donner mon avis définitif, mais sachez que je vais tout tenter pour. Encore une fois, j’ai quelques réserves que j’espère voir disparaître par la suite, mais je sens que l’on tient là un des meilleurs RPG de cette génération. Reste plus qu’à confirmer ce sentiment…

Benjamin « Red » Beziat