Avant de commencer cette « critique », je mettrai en avant le fait que j’ai enfin découvert l’univers de Steins;Gate via cet épisode. Je n’avais jamais vu l’anime, ni joué aux épisodes suivants, ce qui dans un sens tombe plutôt bien, puisque Steins;Gate Elite est une sorte de remake du visual novel qui a tout lancé. Et parce qu’il s’agit d’un visual novel dans le plus pur et le plus simple des sens, cette critique ne durera pas bien longtemps et se focalisera plutôt sur l’histoire et le fait que ça ne s’adresse pas à tout le monde pour un nombre assez impressionnant de raisons.

El Slip Kangourou

L’histoire de Steins;Gate Elite est… Plutôt unique sous pas mal d’aspects. On y suit les aventures de Rintaro Okabe, un scientifique autoproclamé fou (cette seconde partie n’est pas autoproclamée) se faisant appeler Hououin Kyoma luttant dans l’ombre contre une mystérieuse Organisation qui en voudrait à sa vie. Dans son laboratoire et en compagnie d’une amie d’enfance mal lunée et d’un super hacker qui n’est là que pour pouvoir avoir un peu de compagnie, Rintaro construit diverses babioles à l’utilité plus ou moins avérée dans l’espoir de vaincre l’Organisation. Le soucis, c’est qu’une de ces inventions s’avère accidentellement être une machine temporelle qui leur permet d’envoyer des messages dans le passé… Et créer des réactions en chaînes plus ou moins catastrophiques.

Je ne vais pas aller plus loin, puisque le scénario fait toute la force du jeu et qu’il part tellement loin que le décrire serait devenir fou, mais il faut savoir tout d’abord que le jeu est intégralement traduit en anglais et qu’il peut parfois être indigeste tant il regorge de termes et théories scientifiques en plus de pas mal d’éléments de langages liées à la culture otaku et internet des années 2000/début 2010, en plus d’événements et lieux réels qui sont ici très légèrement retouchés pour éviter des soucis de droits d’auteur. Autrement dit, si vous êtes un nerd intéressé par la physique quantique et né au minimum avant 2004 – comme moi – il y a moyen pour que vous puissiez pleinement apprécier ce qui s’y dit. Pour les autres, rassurez-vous, les développeurs vous couvrent plutôt bien, car le jeu dispose d’un glossaire accessible à tout moment et qui ira cataloguer 90% des termes les plus obscurs, mais avoir un minimum de compréhension des différentes théories sur le voyage dans le temps et le Multivers reste un gros plus.

L’autre point légèrement noir et qui va me faire passer pour un immense hypocrite vient du rythme des premiers chapitres, qui peuvent paraître incroyablement long en s’éparpillant 30 minutes de plus que ce à quoi on s’attendrait puisque l’on a compris depuis longtemps le point que chaque chapitre essayait de faire. Et même si certains des plus gros mystères restent bien conservés, d’autres peuvent être résolus bien avant que les personnages ne le comprennent, ce qui peut parfois diminuer l’impact de certaines « révélations ». Rien de bien méchant non plus, mais il faut parfois persévérer pour espérer arriver aux vraies bonnes choses que nous propose le titre, notamment les conséquences de nos choix.

Car l’avantage des visual novels par rapport aux romans ou bien les anime, c’est que l’on peut avoir un impact sur le déroulement de l’histoire. Et ici, les choses sont beaucoup plus subtiles que dans la plupart des jeux nous proposant plusieurs choix : sans forcément prévenir, Rintaro recevra des mails de personnages secondaires et pourra choisir soit de les ignorer, soit d’y répondre en choisissant des termes clés sur lesquels rebondir. Là où les choses deviennent intéressantes, c’est que ces choix sont jamais anodins, mais tous les choix les plus importants qui auront un impact concret sur la fin que l’on aura sont dissimulés dans un océan de mails peu importants. Il est donc impossible de tomber sur la vraie fin consciemment sans avoir recours à un guide ou bien sans avoir une chance de fou, ce qui rend l’expérience bien plus personnelle.

Enfin, le dernier point que je trouve très cool à aborder concerne la nature de remake de Steins;Gate Elite. Entre la sortie du jeu originel et celui-ci, un anime reprenant fidèlement l’intrigue du jeu était sorti. Et pour la version Elite, les développeurs ont tout simplement décidé d’utiliser les plans et les animations de l’anime et mettre le texte en dessous. Certains diront que ça ne sert à rien de jouer au jeu et que regarder l’anime serait une solution plus viable… Cela étant dit, même si je suis en partie d’accord, l’ajout du glossaire, des lignes de description et les monologues intérieurs de Rintaro, sans compter des dialogues plus posés rendent le jeu potentiellement plus digeste pour n’importe qui, là où l’anime nous balancerait tout son jargon sans forcément de moyens pour comprendre ce que cela voulait dire en plus de ne proposer qu’un seul cheminement possible là où Elite possède de nombreuses fins et des séquences animées inédites pour s’adapter à ce format. En résulte une présentation très dynamique qui distingue très fortement Steins;Gate Elite du reste de la concurrence, même si on y perd les jolis artworks du jeu de base… On ne peut pas tout avoir.

Niveau bonus, les versions Nintendo Switch, PC et PS4 possèdent quelques différences. La version Nintendo Switch est la seule à inclure 8-Bit ADV Steins;Gate, une sorte de jeu d’aventure similaire à ceux de la Famicom, tandis que les versions PC et PS4 contiennent Steins;Gate : Linear Bounded Phenogram, une compilation de mini-histoires dans l’univers du jeu racontant l’histoire du point de vue de ses nombreux protagonistes. L’idée que ce genre de contenu soit restreint au choix de la plateforme me brosse dans le mauvais sens du poil, d’autant plus que pour débloquer ces bonus, il faut finir le jeu sur chaque plateforme et quelque chose me dit que Linear Bounded Phenogram est le plus intéressant des deux, ce qui est encore plus un problème quand il faut se dire que l’on va devoir jouer à un visual novel obligatoirement chez soi et non en déplacement (sauf si vous avez un PC portable, je le conçois).

Au final, Steins;Gate Elite ne sera clairement pas pour tout le monde, aussi bien à cause de la barrière de la langue que de son sujet central, qui demande que l’on s’y soit un minimum intéressé auparavant, en plus d’une très légère propension à traîner en longueur (mais rien de trop méchant). Cela étant dit, pour ceux qui rencontrent ces prérequis, attendez-vous à vivre une aventure aussi intense que captivante aux commandes d’une bande de personnages clairement atypiques et uniques. Le fait de devoir prendre deux fois le jeu sur deux plateformes différentes et le finir au moins deux fois pour accéder aux bonus est particulièrement frustrant et anti-consommateur au possible, mais on va laisser passer parce que ça ne concerne que des à-côtés et non une aventure principale qui elle vaut déjà le détour à plein tarif !

Indispensable

Benjamin « Red » Beziat