Le hasard fait parfois très les choses.

Étant un très gros fan de dessin, je passe mon temps à suivre des artistes sur Twitter (et les retweeter toutes les cinq minutes au grand dam de mes Followers), ainsi que sur Tumblr, où beaucoup de personnes talentueuses sont réunies. Forcément, ces réseaux étant aussi des réseaux de partages, pas mal des artistes que je suis montrent des artistes qu’eux-aussi aiment et donc de fil en aiguille, je me suis mis à découvrir des talents que je ne connaissais pas, dont Nagabe, qui poste très souvent des dessins intrigants montrant une créature noire étrange et une petite fille d’un blanc pur.

Quelques semaines passent et les découvertes se font plus surprenantes : non seulement j’apprends que cette personne a en fait créé un manga publié au Japon, mais ledit manga sortira en France début Mars par le biais de l’éditeur Komikku, spécialisé dans les oeuvres plus personnelles.

Les semaines passent, et mon impatience grandit. Par respect envers l’auteur et l’oeuvre je ne lis rien et compte lire le manga à l’aveugle. Et on arrive à la veille de la rédaction de ces lignes, où j’ai enfin pu mettre la main sur le précieux. Et après l’avoir dévoré en deux temps, je ne peux dire qu’une chose : je suis charmé et plus qu’intrigué !

The Last of Them

L-Enfant-et-le-Maudit

Pour une raison que je vais évoquer un peu plus loin, je ne vais pas entrer dans les détails pour ce qui concerne l’histoire : on y suit une jeune fille nommée Sheeva et un homme frappé par une malédiction l’ayant transformé en créature monstrueuse surnommé « le Professeur ». Ils vivent ensemble pour une raison inconnue et ils ne peuvent entrer physiquement en contact car la malédiction se transmet au toucher et l’homme ne souhaite clairement pas infliger à la fillette la même souffrance qu’il traverse.

Le reste de « l’humanité », quant à elle, a décidé de fuir dans des terres plus « pures » et abat à vue toute personne potentiellement contaminée.

Je n’irai pas plus loin, mais sachez que ce premier tome est assez étrange dans le sens qu’il ne s’y passe pas grand chose, mais il s’y passe suffisamment pour que l’on comprenne une partie des enjeux.

Et là où le manga devient fantastique à mes yeux, c’est qu’il prend son temps. Il ne se passe peut-être « rien » en terme d’action, mais la relation dépeinte entre le Professeur et Sheeva se fait tout en subtilités. Le Professeur joue le rôle d’un père de substitution qui tente de s’occuper de la jeune fille du mieux qu’il peut tout en tenant compte des limitations de sa condition et du fait que le monde qui l’entoure reste plus que mystérieux. L’alchimie entre les deux personnages fonctionne et on se retrouve en à peine un chapitre à s’attacher à eux et à craindre le pire.

Car comme on peut bien se l’imaginer, l’Enfant et le Maudit sera loin d’être une histoire gaie. Dès la fin du premier chapitre, on arrive à un twist certes prévisible, mais qui fait déjà bien mal. Et plus on progresse, plus on en apprend sur le monde et donc plus on commence à s’inquiéter car l’univers créé ici fait travailler notre imagination à cent à l’heure. Et c’est sans compter sur la frustration créée par le cliffhanger le plus ignoble qui soit, qui fait trépigner à l’idée de lire la suite. Sachant que Nagabe n’a pour l’instant eu l’occasion de ne sortir que trois tomes et que la série a commencé en 2015, quelque chose me dit que l’attente sera longue… Très longue.

En fait, si je devais trouver un défaut à ce premier tome, ce serait que même si d’un point de vue esthétique, le manga est à tomber par terre, certaines cases sont un poil trop sombres, faisant que l’on a du mal à discerner ce que l’on est censés voir. Certes, dans la plupart des cas c’est voulu, mais dans d’autres cas, c’est juste trop sombre. Après, je ne parle que de quelques cases sur 175 pages, donc ça reste vraiment un défaut mineur.

Vous l’aurez compris : j’ai adoré ce premier tome de l’Enfant et le Maudit. Mais est-ce que je suis prêt à le recommander à vous tous ? Non, probablement pas. C’est très lent et si on tente de compter les scènes marquantes telles qu’on l’entend habituellement, il ne suffirait que de quelques doigts sur une seule main pour y parvenir. L’Enfant et le Maudit fait partie de cette catégorie de manga qui se lit pour son ambiance et son univers plus que pour son action. De plus, m’est avis que les personnes étant parents y retrouveront un petit quelque chose de perturbant qui les fera encore plus apprécier cette oeuvre. On sent que l’auteur sait ce que c’est que d’avoir un enfant et c’est pour les petites touches ici et là que ce livre peut devenir très spécial pour cette catégorie de lecteurs.

Bref, si vous êtes fan des contes sombres et tragiques à l’esthétique soignée et unique, vous adorerez l’Enfant et le Maudit.

Benjamin « Red » Beziat