Note : Code de jeu fourni par l’éditeur.

En Décembre dernier, lors du PlayStation Experience, les joueurs ont eu l’agréable surprise d’apprendre que Patapon, Loco Roco et PaRappa The Rapper seraient remasterisés pour la PS4, avec principalement des graphismes entièrement retravaillés et l’inclusion de Trophées. Ces jeux, qui ont connu leur heure de gloire à l’époque de la PS1 et de la PSP étaient légèrement tombés dans l’oubli au fil des années, à l’exception de PaRappa, qui conservait son statut d’icône nostalgique. Il avait même été déterré à l’occasion de la sortie de PlayStation All-Stars Battle et des fans avaient fait une pétition pour demander à Sony un troisième épisode. On peut imaginer que ce Remaster est non seulement l’occasion de faire découvrir aux plus jeunes générations un jeu entré dans l’histoire pour son style très particulier, mais aussi jauger l’intérêt du public pour la série en vue d’exaucer les souhaits des fans.

Et… Personnellement… Après avoir joué à ce Remaster… Je ne veux plus jamais entendre parler de PaRappa. Je veux son bonnet, ceci dit.

Broken Flow

Avant que je ne commence à déverser mon flot d’amour pour ce jeu, il convient que je remette les choses en contexte. PaRappa est sorti en 1995, à une époque où le genre du jeu de rythme était plus ou moins inexistant. Il y avait déjà eu quelques titres ici et là, mais PaRappa the Rapper est le jeu qui a plus ou moins lancé le genre, grâce à son esthétique unique et des musiques entraînantes qui en auront inspiré beaucoup (notamment Konami, dont la série Pop N’ Music reprend en grande partie le style de PaRappa). C’était une époque où les règles n’étaient pas encore bien établies et où l’on pouvait tomber dans énormément de pièges de design qui ne seraient reconnus qu’au fur et à mesure que le genre continuerait de grandir.

De fait, le gameplay de PaRappa the Rapper est particulièrement brut et imprécis. Le lag déjà présent de base a été conservé et le système de notation est absolument incohérent. Il arrivera parfois que vous réussissiez des morceaux en martelant n’importe quelle touche comme une brute, là où vous perdiez en tentant de respecter au mieux les indications à l’écran. J’ai perdu un nombre incalculable de fois sur des séquences que je passais autrement sans problème en faisant exactement la même chose et suis même passé de « Bad » à « Good » en inversant les touches R1 et L1. Bien évidemment, faire absolument n’importe quoi vous garantira un game over, mais le degré d’imprévisibilité du système de notation m’a non seulement donné envie de balancer ma manette contre un mur, mais aussi de faire rôtir un certain poulet d’un certain niveau particulièrement aléatoire en terme de difficulté. D’ailleurs, en regardant la liste des Trophées, j’ai remarqué que plus de la moitié des joueurs abandonnent passé le niveau 3 et ce nombre chute à à peine un tiers arrivé au dernier stage, signe que peu ont été ceux qui ont eu la patience de jouer une heure pour le finir d’un bout à l’autre.

Le jeu est relativement court, avec seulement 6 niveaux qui peuvent se finir en moins de trois minutes si l’on est un tant soit peu chanceux, mais là encore, il faut se rappeler que l’on est devant un jeu de PlayStation One, donc on peut comprendre sa faible durée de vie. Ce qu’on comprend moins, en revanche, c’est que même si les passages de gameplay ont été entièrement refait dans une 2D qui déchire la rétine de beauté, les cutscenes entre chaque niveau sont tirées de la version PSP et n’ont pas été retravaillées. Alors certes, vu le style graphique du jeu, ça n’est pas si choquant que ça, mais elles sont ridiculement petites et entourées par un cadre qui lui détruit nos yeux à coups de pelle. Le son est aussi assez étrange, mélangeant le grain de l’époque avec certaines sonorités bien nettes et propres, résultant en quelque chose de légèrement désagréable.

Après, s’il y a bien quelque chose qui est indéniable, c’est que PaRappa The Rapper possède un charme fou. Son univers coloré et mignon est peuplé de personnages assez uniques et les situations dans lesquelles se met notre héros sont assez rigolotes (à l’exception de l’épisode des toilettes, qui n’était clairement pas nécessaire) et même si le doublage est vraiment mauvais, il possède ce petit quelque chose qui fait qu’on ne lui en veut pas. Et les musiques sont toutes très cool, notamment le légendaire rap de Master Onion qui donne envie de chanter en même temps que lui.

Au final, est-ce que je peux recommander PaRappa The Rapper Remastered ? Pas vraiment. En tant qu’univers, il fonctionne du tonnerre si l’on est un minimum ouvert d’esprit, mais en tant que jeu de rythme, il ne tient absolument pas la route. Le jeu est beaucoup trop vieux et possède beaucoup trop de défauts que les productions actuelles ont depuis longtemps gommé qu’il ne présente que très peu d’intérêt ludique aujourd’hui, en plus de potentiellement vous coûter une nouvelle manette. S’il avait bénéficié d’un véritable remake qui aurait corrigé ses erreurs de gameplay, alors j’aurais pu aisément le recommander à tout le monde, mais ce n’est pas le cas. Après, si vous êtes un tant soit peu intéressé par l’histoire du jeu vidéo et que vous voudriez découvrir un classique du jeu vidéo dans une version un minimum actualisée, ça peut être intéressant. Faut juste que vous pesiez le pour et le contre d’un investissement à 12/15€ pour ce qui reviendra à une heure de voyage dans le temps et avoir la foi que vous apprécierez l’expérience.

Benjamin « Red » Beziat