Décidément, la France et les licences japonaises des années 90, c’est le grand amour ! Puisque après Wonder Boy qui a été remanié non pas une, mais deux fois en un an par deux studios français différents et bientôt Windjammers, c’est au tour de Streets of Rage de passer à la moulinette chocolatinesque !

Et on l’aura attendu un petit moment, celui-là ! Annoncé en Août 2018, Streets of Rage 4 nous en a mis d’emblée plein la tronche avec des visuels de fou et la promesse d’un beat-them-all à l’ancienne comme l’ont aimé les possesseurs de Mega Drive à l’époque. Puis sont venus d’autres arguments de poids pour bien nous hyper comme il faut, avec notamment toute une flopée de compositeurs pour la partie musicale, dont le big boss Yûzô Koshiro et Motohiro Kawashima, qui avaient bossé sur les trois premiers !

Le résultat ? Une expérience courte, intense, hautement rejouable et surtout… Extrêmement fun !

La Bagarre de Rue

Cette critique de Streets of Rage 4 promet d’être assez expéditive, et ce pour une raison assez particulière : elle joue les cartes du classicisme et de la nostalgie à fond et donc nous propose un pur trip rétro sans ajouter trop de nouveautés qui pourraient dénaturer notre expérience de jeu. Cela peut être vu aussi bien comme un bien qu’un mal puisqu’il en résulte un jeu avec un gameplay pas mal à l’ancienne.

Vous allez de gauche à droite en tapant sur tout ce qui bouge et dans toutes les poubelles pour ramasser un bon poulet nutritif qui faisandait dedans (ou bien un onigiri, une baguette ou une salade, puisque l’on peut choisir la nourriture que l’on ramasse via les options), puis vous arrivez jusqu’au boss de fin de niveau et vous lui tapez dessus jusqu’à ce qu’il n’aie plus de vie et vous répétez tout ça douze fois pour arriver aux crédits de fin.

Oubliez la notion de bouton de garde, de niveaux à monter ou bien de nouvelles capacités à apprendre au fil de l’aventure ! Toutes les armes vous sont données d’entrée de jeu et on vous laisse découvrir toutes les subtilités du gameplay au fil de la partie !

Et en parlant de découverte, je dois vous avouer que même passée la moitié du jeu je découvrais de nouvelles possibilités qui me mettaient des étoiles dans les yeux ! Je ne vais pas tout lister pour vous laisser le plaisir de voir ça par vous-même, mais sachez juste que le moment où j’ai découvert que je pouvais lancer une arme sur un gars, puis la rattraper au rebond m’a rendu très… Très heureux car ça m’a donné l’impression d’être un badass.

Ceci étant dit, même si la palette de coups est assez limitée, elle propose malgré tout deux subtilités qui rendent l’expérience plus complexe : vous pouvez utiliser des attaques spéciales dévastatrices en sacrifiant un peu de vie avec la possibilité de la récupérer si vous tapez assez vite sur les adversaires et il existe une grosse attaque spéciale que vous pouvez balancer à la condition d’avoir une des étoiles du niveau. Bien entendu, utiliser cette attaque fait que vous perdez l’étoile, sachant que celle-ci compte pour la note de fin de niveau qui vous est attribuée et vous fait perdre de précieux points qui vous permettent de débloquer de nouveaux personnages jouables, donc il convient de l’utiliser en dernier recours.

… Même si en vrai, si vous ne jouez pas en Facile (et encore), il y a de fortes chances pour que vous utilisiez ce genre de coups, puisque le jeu est bien difficile, comme à l’époque ! Il existe des options d’accessibilité qui se débloquent si vous perdez toutes vos vies et qui vous permettent notamment de vous ajouter quelques vies supplémentaires aux dépends de votre compteur de points, faisant que vous pourrez quand même en voir le bout et apprécier pleinement cette fabuleuse expérience sensorielle !

Oui, ça peut paraître débile, dit comme ça, mais Streets of Rage 4 fait aussi bien plaisir aux yeux qu’aux oreilles ! La direction artistique en 2D est à tomber par terre, grâce à Ben Fiquet, le magicien derrière le sublime Wonder Boy The Dragon’s Trap qui revient ici nous montrer son style si unique et plaisant ! Non seulement il a rendu le jeu beau, mais les designs des personnages sont incroyables ! J’ai surkiffé le design de Cherry Hunter, le nouveau personnage jouable, tout comme le redesign d’Axel avec sa barbe de daron et côté antagonistes, on est aussi sur du lourd, notamment les jumeaux Y, les enfants du méchant du second épisode ou bien Estel, la femme flic un peu trop badass !

Je l’avais dit à l’époque où Wonder Boy The Dragon’s Trap était sorti et je le répète encore : Ben Fiquet est mon dieu personnel et n’importe quel jeu pour lequel il assurera la direction artistique sera instantanément sur mon radar. Oui oui, même un éventuel remake de Bubsy ! Bon ok, c’est peut-être pas pro de partir sur une tangente comme ça, mais… Imaginez un épisode de Sonic en 2D avec ces graphismes. Avouez que ça donnerait envie !

Enfin, impossible de parler de Streets of Rage sans évoquer sa bande-son, qui est là-aussi absolument incroyable ! Je m’attendais déjà à quelque chose de stylé, mais si ce n’était que ça… Ils ont même pris la peine de faire une bande-son évolutive, avec des pistes qui gagnent en intensité au fil de notre avancée dans chaque stage, donc si vous trouvez la musique déjà géniale en début de niveau, au bout du truc vous serez en train de gigoter sur votre siège tout en tapant sur des bonhommes dessinés et ça, c’est juste du bonheur.

Mais si ce n’était que ça, encore… Car oui, Yûzô Koshiro et Motohiro Kawashima sont certes présents, mais ils ne sont finalement que des guests, car la vraie star et la plus grosse surprise de ce line-up n’est autre qu’Olivier Derivière, un compositeur incroyablement cool (et drôle, pour lui avoir parlé) qui a notamment signé la bande-son du reboot de Alone in the Dark, Remember Me, A Plague Tale Innocence ou bien l’extension Freedom Cry de Assassin’s Creed IV ! Pour le coup, j’étais surpris de voir qu’il était le compositeur principal, puisque ça semblait être un projet en dehors de son style habituel, mais cette surprise n’en était que plus agréable, puisqu’il a fait un taf monstrueux dessus !

Non seulement ça, mais niveau guests, on a aussi Keiji Yamagishi, compositeur de Ninja Gaiden sur NES et Gitaroo Man, Harumi Fujita, qui avait bossé sur Mega Man 3 ou bien, au calme, Yoko Shimomura qui apparaît le temps d’une piste pour nous rappeler qu’elle avait bossé sur Street Fighter 2 à l’époque (en plus de Final Fantasy XV, toute la série Kingdom Hearts, les Mario & Luigi, Radiant Historia ou bien Xenoblade Chronicles). Bref, je ne les ai pas tous cités, mais j’ai pris un pied monstrueux grâce à tout ce beau monde qui a réussi à me mettre en transe durant toute ma partie.

Notez que même si le jeu peut se boucler en 2 heures en mode Facile (3, voire 4 en Normal/Difficile vu comment vous allez prendre cher), le jeu est infiniment rejouable grâce aux personnages à débloquer ainsi que la possibilité de jouer en local jusqu’à 4 ou bien en co-op en ligne, sans parler des modes supplémentaires ajoutés pour le fun, comme le Boss Rush, le mode Bataille où on peut défoncer ses amis ou bien le mode Arcade, qui propose le défi ultime : finir le jeu en une seule traite et avec une seule vie… Autrement dit, je pense que si vous voulez finir le jeu à 100%, c’est pas deux heures que vous passerez dessus, mais très certainement une vingtaine, si ce n’est plus.

Au final, Streets of Rage 4 n’est peut-être pas mon beat-them-all préféré (cet honneur revient encore et toujours à Scott Pilgrim VS the World et River City Girls dans une moindre mesure), mais qu’est-ce que j’y ai pris du plaisir ! Le niveau de finition du jeu est exemplaire et il s’agit purement et simplement d’une expérience rétro avec des moyens modernes !

Bien évidemment, ce n’est pas réservé à tout le monde, mais tout a été fait pour que ceux qui aiment un tant soit peu le genre s’y retrouvent ! Pour le coup, si vous accrochez à ce style de jeu et que vous voulez le faire pour le défi qu’il propose, prenez-le définitivement plein pot pour soutenir les développeurs qui ont fait un travail incroyable ! Si vous comptez juste le faire une fois pour vous en prendre plein les yeux et les oreilles, les 25€ demandés peuvent faire un peu mal, mais plot twist : si vous avez une Xbox One ou un PC, il est dispo sur le Xbox Game Pass, donc vous pouvez techniquement le faire pour 4€ sur PC ou bien 10€ sur Xbox avec tous les jeux en plus que le service propose, sachant que le jeu ne demande pas un PC trop gourmand pour le faire tourner !

Je propose cette solution parce que je ne peux pas recommander de faire le jeu. Je vous L’IMPOSE !

Benjamin « Red » Beziat