Petit instant confession : j’ai du mal à totalement apprécier le genre des Rogue-like. Le fait de devoir systématiquement reprendre la partie du début et laisser une bonne partie de notre réussite au bon vouloir des algorithmes fait que ça a plus souvent tendance à m’agacer qu’autre chose. Après, ça ne veut pas dire que je n’aime pas le genre, puisque j’avais quand même poncé Rogue Legacy jusqu’à en atteindre le bout et ai failli finir Dead Cells (#BordeauxRepresent), mais ça reste des exceptions pour un genre vers lequel je ne m’orienterai pas automatiquement.

Mais la curiosité est une force étrange et imprévisible. J’ai vu bon nombre de critiques très enthousiastes à propos de Slay the Spire, je voulais l’essayer depuis un moment et le hasard a fait que Just for Games avait des codes à disposition à l’occasion de la sortie du jeu en boîte ce mois-ci ! Et même si mon planning était un poil surchargé, je me suis dit naïvement « Eh, ça passe ! »… Résultat, j’ai failli manquer la sortie de Pokémon Épée et Bouclier tellement j’étais devenu accro à ce jeu et la critique de Slay the Spire a pris un joli retard parce que je n’avais pas eu le temps de l’écrire et me suis retrouvé enseveli sous les titres à critiquer au plus vite… Woops.

Il s’est donc écoulé une semaine entre le premier paragraphe de cette critique et la ligne que j’écris là et avec le recul nécessaire, je peux dire sans problème que l’on a ici un excellent et même redoutable mélange entre le rogue-like et les jeux de cartes. Car qu’est-ce qui est plus stimulant qu’un genre de jeu dont l’issue repose sur un mélange de hasard et de stratégie ? Un autre genre de jeu dont l’issue repose sur un mélange de hasard et de stratégie ! Et qui dit double de ces éléments dit aussi double de frustration… Mais aussi de satisfaction et d’addiction lorsque le vent tourne en nôtre faveur !

L’âme des cartes dévorées

Il est assez difficile de décrire le gameplay de Slay the Spire tant celui-ci est tout aussi simple que bourré de petites complexités dont je vous passerai le détail pour ne pas vous barber.

En gros, il est possible de choisir entre trois héros, chacun ayant un gameplay radicalement différent. Car là où le premier utilise des armes de gros bourrin assez classiques et possède une santé de base qui fait qu’il peut encaisser plus de coups que les deux autres, le second personnage utilise des dagues et divers poisons pour maximiser les dégâts sur la durée. Le dernier personnage, lui, repose sur l’acquisition à chaque tour d’orbes conférant divers effets comme le renouvellement de points d’armure ou bien des attaques régulières. Bien entendu, aucun de ces héros n’est plus avantagé que l’autre et c’est juste une affaire de préférences, car on peut tout aussi bien dominer une partie avec n’importe lequel d’entre eux que de se faire laminer en trois tours à cause d’une erreur de jugement.

Et donc le principe du jeu est hyper simple : vous allez de salle en salle pour atteindre le boss et vous faites ça quatre fois pour remporter la partie. Au début de chaque « monde », vous avez le choix entre plusieurs chemins, sachant que ceux-ci peuvent parfois s’entrecroiser et vous faites votre progression plus ou moins à la carte. Voulez-vous affronter un maximum de monstres pour espérer obtenir des cartes rares et de l’argent qui vous servira pour acheter des upgrades triées sur le volet ? Ou bien voulez-vous jouer la carte de la prudence en allant sur un maximum de salles avec des événements aléatoires qui peuvent découler sur des bonus très intéressants tout comme de sévères punitions ? Il y a aussi des salles plus calmes avec de simples coffres renfermant des upgrades ainsi que des feux de camp qui vous permettent soit de soigner 30% de vos PV ou bien d’améliorer de façon permanente une de vos cartes.

Tous ces choix couplés au côté aléatoire de chaque salle à événement et le contenu des coffres fait qu’aucune partie ne se ressemble, poussant d’autant plus le côté addictif du jeu.

L’autre élément que j’aime beaucoup sont les diverses upgrades que l’on trouve sur la route. Que ce soit dans les coffres ou bien en battant un monstre plus puissant, vous obtenez divers objets qui vous offriront des boosts qui dureront toute la partie. Ça peut aller de récupérer un peu de vie à la fin de n’importe quel combat à une contre-attaque automatique ou bien des points d’armure qui se régénèrent automatiquement. Certains sont plus utiles que d’autres, mais étant donné que Slay the Spire est un jeu assez difficile de base, toute aide est la bienvenue !

Le seul truc qui fait que j’aurais pu accrocher plus si ça avait été présent aurait été l’obtention plus immédiate d’un bonus qui nous aiderait dans nôtre partie suivante si on est mort. Ici, vous obtenez de l’expérience à la fin de chaque partie et si vous obtenez suffisamment de points, vous débloquez l’accès à un nouveau lot de cartes plus puissantes qui se rajoutent à vôtre sélection de base et que vous pouvez obtenir assez tôt avec un peu de chance. J’aurais préféré avoir une nouvelle carte à chaque mort, mais ça va par lot de trois ou quatre et le nombre de points obtenus dépend aussi de notre progression donc si on se débrouille assez bien, on peut passer les différents paliers assez rapidement.

Enfin… C’est pas tout ça, mais je n’ai pas parlé de ce qui fait la grande réussite de ce jeu : les combats ! C’est ultra simple, mais bourré de subtilités : en gros, faut réduire à 0 les points de vie de l’adversaire. You don’t say, me direz-vous. Le truc, c’est que votre niveau d’attaque dépend du niveau d’attaque des cartes de votre main, sachant que celles-ci consomment un nombre de points donnés sur votre compteur très limité de points d’action. En gros, une attaque de base à 5 points de dégâts consommera un de vos 3 points d’énergie. C’est aussi la même chose pour vos points de défense, sachant que l’ennemi aussi peut en avoir et qu’il faudra d’abord passer par ces point-là avant de pouvoir attaquer la barre de vie. En gros, si vous avez une attaque à 5 points et que l’adversaire à 3 points de défense, vous ne lui retirerez plus que deux points de vie et les attaques suivantes seront plus dévastatrices.

Il existes plein de cartes d’attaque différentes avec des degrés d’efficacité et des demandes en points d’action plus ou moins élevés, tout comme il existe des cartes d’attaque qui vous confèrent aussi des points de défense en bonus ou bien des attaques spéciales qui peuvent attaquer plein de gens. Couplez à ça les diverses upgrades dont j’ai parlé plus tôt et selon vôtre deck et les effets de ces upgrades, il se peut qu’un combat contre un monstre de base peut se boucler en un ou deux tours ou bien en cinq.

Mais si ce n’était qu’une affaire de chance, ça ne serait pas très satisfaisant et, et c’est là que j’ai vraiment adoré ce jeu, c’est que comme la plupart des grands jeux de cartes il demande pas mal de réflexion en amont de chaque partie et nous propose d’expérimenter au maximum. Avoir des cartes puissantes, c’est bien, mais c’est encore mieux de réussir à les placer au meilleur moment pour en maximiser leur effet et d’essayer de créer des combos de cartes qui pourront tout démolir en quelques actions !

Obtenir une nouvelle carte et trouver comment l’utiliser en conjonction avec nos autres cartes est un pur plaisir et le fait que chaque personnage vienne avec son propre lot de cartes qui lui est propre fait que si un personnage que l’on a dosé n’a pas été assez efficace, on peut toujours retenter une partie avec un des deux autres pour remettre les choses à plat et revoir nos stratégies.

Le dernier truc très intelligent au niveau du design de ce jeu vient de notre progression. On commencera toujours une partie avec un nombre très limité de cartes et chaque combat nous en rapportera de nouvelles, faisant que l’on se retrouve avec des decks à plus de 20 cartes au bout du premier monde. Le fait de commencer petit à chaque fois instaure un sentiment de montée en puissance et de prise de risque constants, rendant chaque victoire toujours satisfaisante et donc par la même, addictive.

Au final, Slay the Spire est un jeu beaucoup trop intelligent pour mon cerveau de primate et ça, ça fait un bien fou ! C’est un jeu qui nous prend certes pour un idiot en faisant que chaque action soit satisfaisante et donc délivrant de la dopamine par paquets de cinq cartes en booster pack, mais qui le fait en nous faisant nous sentir très intelligent dans le processus.

C’est un jeu ultra addictif qui demande beaucoup de réflexion et pas mal de chance et le fait que chaque partie soit unique et que l’on commence très rarement sur le mauvais pied fait que l’on commencera toujours avec l’espoir que « cette fois-ci, ça sera la bonne ! »

Si vous aimez les rogue-likes, il n’y a aucune hésitation à avoir tant ça rentre à la perfection dans les clous du genre. Si vous aimez les jeux de cartes et le deck-building, idem ! Et si comme moi vous êtes une buse dans les deux genres… Bah je pense être la preuve que ça marche plutôt bien malgré tout ! C’est à la fois d’une simplicité et d’une complexité affolantes et je suis à la fois content et effrayé d’y avoir joué car j’ai encore envie de relancer une partie alors que mon planning commence tout juste à enfin de nouveau se libérer…

Et c’est la raison pour laquelle Slay the Spire est un Indispensable… Je me relancerai bien une petite partie tiens…