J’aime bien avoir tort.

Bon ok, probablement pas dans toutes les situations et je fais trop souvent preuve de mauvaise foi quand les choses ne vont pas dans mon sens, mais quand il s’agit de jeux vidéo, j’aime bien quand un jeu pour lequel j’avais beaucoup d’appréhension finit par devenir un immense coup de cœur !

Pour le coup, avant la sortie de No More Heroes 3, je n’étais pas du tout confiant. Je n’avais pas du tout aimé le second épisode et Travis Strikes Again, même s’il avait un propos très intéressant sur le développement de jeux et la dépression que ça peut engendrer, ne m’avait pas trop conquis par son gameplay pas bien fou. De plus, le pitch de départ et le design des différents boss que l’on affronterait ne m’attirait pas trop et le framerate sur la carte me rappelait de bien mauvais souvenirs.

Oh et le jeu avait reçu un 4/10 de la part de GameSpot et sa moyenne Metacritic n’est vraiment pas ouf.

Bref, autant vous dire que ça partait vraiment mal. Mais en voyant la critique de Easy Allies qui était diamétralement opposée, couplée à mon infime espoir que ce soit aussi bon que le premier No More Heroes ont fait que j’ai finalement craqué et suis allé l’acheter dans l’après-midi. Et je ne l’ai pas lâché d’un bout à l’autre et si ça n’avait été pour certains besoins naturels comme manger, dormir et sauvegarder, j’aurais bien assez facilement fini le jeu d’une traite !

J’en suis le premier surpris, mais No More Heroes 3 est devenu mon épisode préféré de la série et je vais vous expliquer pourquoi.

Préparez-vous, parce que ce jeu est absolument batshit insane !

The Country of Madness

Avant de commencer la critique, je vais répondre à la question que vous vous posez très certainement : peut-on jouer à No More Heroes 3 sans avoir fait les précédents ? Pour le coup, la réponse est presque un non catégorique. Vous pourriez y jouer indépendamment, mais ça serait passer à côté de quasiment tout ce qui fait le sel de la série en plus de nombreuses références aux épisodes précédents et surtout Travis Strikes Again, qui est quasiment un prologue du 3 à ce stade. Aussi, il est plus que fortement recommandé de connaître un minimum le Suda-verse pour comprendre certains trucs et je dois vous avouer que j’ai du aller sur le Wiki de la série deux fois pour me remettre en tête des trucs que j’avais oublié en presque 10 ans depuis que j’ai joué au second épisode.

Je ne vais pas aller plus loin que le pitch de base du jeu pour ne pas spoiler, mais l’histoire de No More Heroes 3 est tout aussi incroyable que folle ! Des aliens ont décidé d’envahir la Terre et, comme Cell dans Dragon Ball Z, ils décident d’organiser jeu mortel pour voir si quelqu’un serait capable de leur tenir tête. Bien évidemment, le pauvre type qui se retrouve au beau milieu de tout ça n’est autre que Travis qui va devoir tuer les 10 aliens ultra puissants et leur armée.

Et contrairement aux trois précédents épisodes, No More Heroes 3 nous fait l’immense plaisir d’avoir un méchant qui a une vraie présence pendant tout le jeu ! Jess-Baptiste VI, ou FU est une menace tangible et qui se manifeste très régulièrement dans le scénario pour montrer à quel point il est détestable et c’est juste ultra kiffant, surtout après un No More Heroes 2 et son boss de fin qui n’apparaît que dans les 10 dernières minutes et qui était hyper naze !

Et j’avais aussi pas mal peur que les différents aliens manquent de personnalité, mais c’était faire une grosse erreur de jugement que de le penser, puisque en dehors d’un ou deux personnages, tous ont un ‘truc’ qui les rend vraiment uniques et intéressants à suivre ! Je ne vais pas entrer dans les détails, mais certains boss amènent des concepts tellement dingues que l’on ne peut que soit sourire, soit avoir la mâchoire qui pendouille par terre !

D’ailleurs, votre mâchoire pendouillera trèèèès souvent en jouant au jeu ! Que ce soit les cutscenes du jeu, les twists, les petits détails ou bien les mini-jeux entre chaque boss, j’ai vite arrêté de compter le nombre de fois où j’ai été choqué ou bien que j’ai ri aux éclats. La première heure du jeu est d’ailleurs tout bonnement exceptionnelle sur ce point et j’avais ressenti tout ce qu’il était possible de ressentir sur la dizaine d’heures qui allait suivre condensé en un chapitre. Ce jeu est absolument fou d’un bout à l’autre et ne possède presque aucun temps mort… À une grosse exception près.

Car en termes de structure, chaque chapitre suit un schéma assez simple et qui peut s’avérer être un chouïa répétitif.

Concrètement, No More Heroes 3 parvient à trouver un bon équilibre entre la liberté mal dosée du premier épisode et l’absence totale de liberté du second en faisant preuve d’une retenue qui lui est louable. Le monde est divisé en plusieurs micro-cartes auxquelles il est possible d’accéder soit via des points de connexion, soit carrément en utilisant le système de fast travel dans le menu principal. Le but entre chaque chapitre est juste de faire 3 combats en respectant la couleur du cristal de combat demandée et aussi de réunir assez d’argent pour débloquer le combat suivant.

Et en voyant les critiques les plus négatives, je m’attendais à ce que ces phases de flottement entre chaque combat durent une éternité, mais il n’en est rien ! Les cartes de chaque zone sont minuscules, donc les traverser n’est pas si relou que ça et les 3 combats demandés offrent généralement assez d’argent pour couvrir au moins 60% des frais demandés pour progresser, même si ça peut parfois être un peu relou de devoir chercher un cristal dans une zone vaguement définie, uniquement pour se rendre compte que ledit cristal n’est pas de la bonne couleur.

Le reste des sous demandés peut être récupéré soit en faisant d’autres combats, soit en participant à des mini-jeux dans la droite lignée des épisodes précédents. Bon après, il y en a deux ou trois que je n’ai vraiment pas aimé, mais le reste fait parfaitement l’affaire et l’argent engrangé est là-aussi plutôt correct.

De plus, il faut savoir que cet argent est totalement séparé d’une autre forme d’argent que l’on récupère là-aussi en faisant des combats et des mini-jeux et qui permettra d’acheter des upgrades ultra utiles en santé, puissance d’attaque et même des nouvelles attaques. De fait, je n’ai jamais mis plus de 30 minutes pour débloquer le combat suivant et si j’allais au-delà de ce temps, c’était principalement parce que je m’amusais un peu trop à tondre la pelouse pour prendre un peu d’avance sur le chapitre suivant !

Oh et aussi je m’amusais à déboucher toutes les toilettes que je trouvais, puisque c’est le seul moyen de déboucher certains points de sauvegarde. J’adore ce jeu x)

Côté combats, le gameplay est plutôt simple, mais efficace. On a un bouton pour les attaques simples rapides, un autre pour les attaques lourdes, on peut choper les ennemis quand ils sont étourdis pour leur faire une prise de catch et si on esquive au bon moment, on peut ralentir le temps pour défoncer les ennemis comme il se doit. Bref, c’est du No More Heroes et, comme dans les épisodes précédents, quand vous achevez vos ennemis, vous pouvez faire tourner une roulette qui vous octroiera des effets plus que bénéfiques, au point que si vous avez de la chance, vous pourrez même défoncer certains boss en peu de temps !

La principale nouveauté de cet épisode est un reste de Travis Strikes Again avec le Death Glove, qui permet d’utiliser des capacités spéciales si leur jauge est bien remplie. Et c’est peut-être ce point qui a pas mal transformé le jeu pour moi, puisque là où face au premier boss je suis mort deux fois, une fois que j’avais débloqué le reste des capacités du Death Glove le jeu est devenu beaucoup plus simple ! Pas « facile » pour autant, mais j’ai réussi à bien mieux me débrouiller. Aussi, sauf si les circonstances le demandent, ne jouez pas au jeu en mode Facile. Vous êtes totalement invincible dans ce mode, au point que les combats de boss ne deviennent vraiment que des formalités, là où en Normal ils représentent des défis assez bien équilibrés et pas insurmontables.

D’ailleurs, en parlant des boss, je ne vais pas spoiler, mais ils sont quasiment tous excellentissimes ! C’est là que tout le cœur du jeu repose et en dehors du second boss et d’une des phases du boss final un peu molles, c’est du fun en barres d’un bout à l’autre et le jeu se réinvente constamment pour nous surprendre et nous faire pousser notre plus gros « What the fuck !? » possible !

Pour le coup, j’ai mis à peine plus de 10 heures pour finir le jeu et même si certains trouveront ça court, je trouve que c’est la durée parfaite et les développeurs ont vraiment réussi à trouver un bon équilibre pour que l’on ne ressente pas trop d’ennui entre chaque boss. Aussi, si jamais vous voulez vraiment rallonger la durée de vie, il y a pas mal de petits bidules à collectionner ici et là et des combats bonus si c’est votre truc. Encore une fois, No More Heroes 3 est un cas d’école et un argument parfait dans le débat durée de vie VS rythme du jeu, car son rythme est plutôt bien maîtrisé et ne se perd pas en trucs pas forcément intéressants. Suda51 et Ren Yamazaki ont misé sur ce qui faisait la plus grande force du jeu que sont les boss et ils ont vraiment réussi leur pari !

Maiiiis il me faut quand même parler d’un petit défaut qui passe pas inaperçu qui se trouve dans la présentation du jeu : son framerate, qui oscille entre les 60 images par secondes et les 15. Durant les phases de combat, le jeu tourne plus que bien, puisqu’il a l’intelligence de ne pas être trop ambitieux dans ses décors et se limite à des arènes closes de taille modeste. Mais durant les phases en monde ouvert, ça peut vite ramer. Attention, on est quand même très loin d’un Deadly Premonition 2, mais la navigation sur la carte reste pas des plus agréables. C’est jouable, mais on va clairement pas se balader sur la carte pour le plaisir de se balader, d’autant plus qu’elle reste relativement vide.

Aussi, il arrive régulièrement que les textures bavent ou bien mettent un peu de temps à s’afficher et les temps de chargement peuvent parfois prendre un peu trop de temps avec l’impression que le jeu va nous claquer entre les pattes, mais bon, personnellement je ne m’attendais pas à un miracle technique d’une si petite équipe avec de telles ambitions, donc ça ne m’a pas plus dérangé que ça.

Plus positivement, No More Heroes 3 est une petite célébration de la communauté artistique et on sent que Suda51 s’est fait plaisir en invitant des artistes qu’il adore ! La liste est longue, mais rien que d’avoir Yusuke Kozaki (même s’il était déjà présent sur le premier jeu) ou bien Inio Asano, c’est la grande classe et si ces noms ne vous disent rien, bon courage pour suivre les nombreux noms que lâchent Travis et ses amis ! Les références à la pop culture sont nombreux, et encore plus à la pop culture japonaise et je me considère plutôt chanceux d’avoir baigné là-dedans, autrement pas mal de trucs me seraient passés par dessus la tête !

Enfin, musicalement, le jeu est toujours aussi classe, même si mon petit reproche est que pas beaucoup de musiques restent en tête uniquement en jouant au jeu. Ceci étant dit, l’OST mérite vraiment une écoute en dehors tant c’est varié en termes de genres musicaux et que ça s’écoute vraiment sans déplaisir !

Au final et à ma grande surprise, j’ai passé un excellent moment sur No More Heroes 3 ! Pour le coup, je suis heureux d’avoir écouté mon instinct et ne pas m’être limité aux seules critiques que j’ai pu en voir, autrement je serais passé à côté d’un de mes jeux préférés de cette année !

No More Heroes 3 déborde d’une énergie plus que communicative et on sent en y jouant que l’on fait face à une lettre d’amour pour le jeu vidéo de manière globale. C’est un jeu fait par des joueurs pour des joueurs et même si ce n’est pas le plus beau ou le plus stable qui existe, la folie, la passion et l’esprit punk de l’équipe peut vite nous prendre par les tripes si jamais l’on adhère à leur délire !

Bien évidemment, mon avis n’est que le mien et, clairement, vu la différence entre les notes, il vous conviendra probablement d’en savoir plus avant de vous engager là-dedans, au point limite que je vous recommanderais d’abord de faire le premier No More Heroes pour voir si c’est votre truc, mais en ce qui me concerne, j’ai passé 10 excellentes heures en compagnie d’un des héros les plus barrés de l’histoire du jeu vidéo !

De fait, je vais recommander No More Heroes 3, mais avec la condition que vous aimiez les jeux vraiment barrés qui n’ont pas peur de vous choquer ou bien qui sont un peu pétés sur les bords !

Suda51 est de retour et je ne pouvais pas en être plus heureux !