Il est parfois des décisions que l’on ne peut s’expliquer, comme Level-5 qui décide de publier en premier l’épisode de la série Layton le moins bien aimé sur Nintendo Switch. Ou bien le fait que j’aie décidé de me l’infliger une seconde fois alors que je ne l’avais pas du tout aimé la première fois sur Nintendo 3DS. On va dire rigueur scientifique pour le second cas et parce que cet épisode était déjà sorti en HD sur mobiles en 2017 pour le premier cas et donc il était plus simple d’en faire le portage.

Après, j’imagine que cette décision est motivée par le fait que Level-5 attend aussi que Professeur Layton et le Destin Perdu soit sorti sur mobiles pour ensuite faire une sorte de Trilogie HD sur Nintendo Switch l’an prochain… Ce que j’espère grandement, parce que s’ils nous les ressortent individuellement, ça va pas le faire. Surtout quand on voit que L’Étrange Village et la Boîte de Pandore sont vendus à peine 11€ pièce sur mobile. Et j’imagine que la décision de sortir L’Aventure Layton est aussi motivée par le fait que le studio n’avait pas grand chose d’autre à sortir en Occident cette année en dehors de Ni No Kuni Remastered et qu’il faut bien renflouer les caisses pour éviter de couler.

Au moins, on a une édition Deluxe d’un bon jeu qui est plus que fonctionnelle, donc… C’est toujours ça de pris ?

Shirley Parade

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L’histoire de l’Aventure Layton est… Plus ou moins inexistante. Katrielle Layton est la fille du célébrissime Hershel Layton. Un jour, Hershel disparaît et laisse sa fille se débrouiller seule dans les rues de Londres. Pour rendre honneur à son père, elle décide d’ouvrir une agence de détectives et tombe dès le premier jour sur un mystérieux chien qui parle et qui lui demande son aide pour résoudre le mystère de ses origines, uniquement pour que cette histoire soit immédiatement mise de côté pour un futur épisode au profit d’un autre mystère « plus important » : la disparition des aiguilles de Big Ben.

Puis une fois cette affaire résolue, on enchaîne les histoirettes sans véritable lien jusqu’à un final tellement précipité qu’il ne possède aucun impact émotionnel. Pour avoir fait tous les épisodes de la série et les avoir plus ou moins tous adorés, je dois avouer avoir été pas mal déçu de voir cet épisode atteindre le niveau de l’Appel du Spectre, qui lui aussi tentait de nous offrir une scène larmoyante sans comprendre ce qui avait rendu la fin du Destin Perdu aussi violente d’un point de vue dramatique… Et quand on met un épisode de la série au même niveau que l’Appel du Spectre, on sait que l’on ne va pas passer un excellent moment.

Heureusement, même si il manque un véritable fil rouge à l’histoire principale, les petites histoires, elles sont sympathiques. Pas non plus géniales, mais vu que cet épisode s’adresse à un bien plus jeune public que la série principale, on pourra pardonner le fait qu’elles ne contiennent aucune véritable surprise si l’on a suffisamment gagné en connaissances et vu/lu assez de films/livres. C’est plus du niveau Mickey Parade qu’Ace Attorney ou Professeur Layton.

Personnellement, en dehors d’une seule affaire, j’ai réussi à systématiquement deviner le fin mot de l’histoire dès que l’indice déterminant nous était montré (soit 10 minutes après le début de l’enquête). Les personnages sont en très grande partie unidimensionnels et vous aurez du mal à trouver ici un véritable méchant, mais cette volonté absolue de nier un quelconque mauvais esprit est plutôt rafraîchissant quand on le compare à toutes les oeuvres complexes auxquels on est confrontés aujourd’hui.

Cependant, et c’est là que va rentrer en compte le plus gros point noir de cet épisode, du fait que ce soit destiné à un jeune public, le joueur un peu plus âgé sera tout le temps confronté à cette sensation constante d’absence de satisfaction. La raison principale ? La structure du jeu, qui transforme le jeu d’enquête en simulateur de marche mélangé à du visual novel.

Katrielle mène ses enquêtes, mais le joueur, lui, ne le fera jamais. La seule chose qu’il peut faire, c’est suivre les flèches dictées par le jeu, cliquer sur les éléments que l’on nous indique, assister à des scènes et aussi et surtout assister impuissant à la résolution des énigmes.

Car même si le jeu nous dit que l’on récolte des « indices », ceux-ci n’arrivent que quand Katrielle veut bien que ce qu’elle voit soit un indice et l’on doit juste faire entrer une forme dans une case et se taire. Une fois les 6 « indices » récupérés, on assiste à une scène où Katrielle les intègre tous dans son esprit et assemble elle-même le puzzle, sans nous offrir la possibilité éventuelle de nous tromper en désignant un mauvais coupable, puisque une fois qu’elle a trouvé la réponse, on ne peut que déclencher le début de la scène qui mettra un terme à l’enquête en cours.

Cette absence d’implication du joueur couplée à la nature ultra-prévisible des enquêtes fait que l’histoire finit beaucoup trop rapidement à ennuyer, sachant que l’on aura juste à résoudre les énigmes et voir les personnages discuter entre eux et tourner en rond tandis que l’on va les maudire d’être aussi stupides alors que la vérité leur pend au nez depuis déjà 40 minutes…

Après, le truc vraiment bien avec cet épisode, c’est le nombre d’énigmes disponibles ! Il y en a plus de 200 dans le jeu principal, puis environ 400 autres que l’on téléchargera sur l’année qui suivra la sortie du jeu. Si on vire l’histoire gentillette, on a quand même suffisamment d’énigmes pour nous faire réfléchir et leur variété fait que l’on aura du mal à trop s’ennuyer.

Côté présentation et gameplay, le portage Switch fait plus que du bien, allant même à corriger un des plus gros défauts de la version Nintendo 3DS. Car là où la version précédente était uniquement tactile, ici on peut soit utiliser l’écran tactile, soit les boutons pour faire ce que l’on veut. J’ai joué au jeu au Classic Controller et c’était plus qu’appréciable car les développeurs ont vraiment tout adapté aux boutons.

Le jeu bénéficie aussi grandement du changement de définition et donc les séquences animées ne sont plus compressées. On passera juste outre le doublage anglais qui n’est pas du tout synchronisé, mais le doublage français, lui, est très bon. D’ailleurs, truc cool, on peut changer de langue depuis l’écran-titre, ce qui n’était pas faisable avant. Le seul petit détail qui me chagrine un peu est le fait que les animations de l’écran du haut de la version 3DS sont mises en bas à gauche de l’écran et dans une plus petite fenêtre. C’est juste un détail, mais c’était aussi un sacrifice nécessaire pour rendre le jeu jouable sur un seul écran.

Oh et parmi les costumes que peut porter Katrielle, il y a un cosplay de Jotaro. Je dis ça, je dis rien.

Au final, L’Aventure Layton : Katrielle et la Conspiration des Millionnaires n’est pas un mauvais jeu, mais en tant que successeur au Professeur Layton, on est bien loin de la perfection qu’avait atteint Le Destin Perdu. Beaucoup trop prévisible, avec un twist final tout droit sorti d’un chapeau magique, des personnages moins intéressants et sans aucune véritable montée en puissance, ni fil rouge, la comparaison fait bien mal et je ne peux désormais que prier pour que Level-5 nous sorte une vraie compilation des trois premiers épisodes de la série Professeur Layton, ou mieux encore, une compilation des 6, même si je doute que ça arrive. C’est une histoire feel-good et non feel-amazing ou feel-sad, hélas.

Cela étant dit, même si l’histoire est assez décevante, ça n’en reste pas moins une bonne grosse compilation d’énigmes qui tiendront votre cerveau en haleine pendant une dizaine, voire une vingtaine d’heures sur l’année à venir et donc si vous jouiez à la série pour cet aspect-là, vous ne serez probablement pas déçus.

Encore une fois, je me répète : L’Aventure Layton n’est pas un mauvais jeu et je peux quand même vous le recommander pour son aspect plus ludique. Cependant, si vous accordez beaucoup d’importance à l’histoire, passez juste votre chemin.

Et c’est parce que je suis le genre de personne à accorder de l’importance aux histoires L’Aventure Layton entre dans la catégorie des… Pourquoi pas. Je voulais l’aimer, mais malgré son fort potentiel, il lui manquait ce petit quelque chose qui aurait pu le rendre très intéressant… Tant pis.