C’est fatiguant d’avoir souvent raison… Souvenez-vous : il y a quelques mois, lors de la sortie de ma critique de Fire Emblem Warriors, je lamentais le fait que Hyrule Warriors était sorti avant et lui était largement supérieur. J’avais même formulé le voeu sur Twitter de voir le spin-off sauce Hyrule débarquer sur Nintendo Switch et, comme par hasard, ce voeu a été exaucé et même plus rapidement que je ne l’aurai voulu !

Ainsi, Hyrule Warriors débarque dans une version « Definitive » comprenant absolument tous les DLC sortis sur les versions Wii U et Nintendo 3DS et ne promettant rien de plus à l’avenir qui vaudrait un prétexte pour le ressortir en version « Definitive Plus Ultra », ce qui est tant mieux.

Et parce que je suis une flemmasse de première et que j’ai déjà écrit la critique de ce jeu deux fois, je ne vais pas vous cacher que le texte qui suivra sera un copié-collé modifié en fonction de ma critique de la version Nintendo 3DS perdue dans les abysses du Net (mais pas de ma boîte mail, hahah !), qui elle-même était un copié-collé légèrement modifié de ma critique de la version Wii U, car mon opinion n’a pas changé en 4 ans, bien au contraire.

Off to the Recycling Bin !

Hyrule Warriors : Definitive Edition est la combinaison parfaite des versions Nintendo Wii U et Nintendo 3DS, mélangeant la qualité graphique de la première avec les petits ajouts rendant le jeu beaucoup plus confortable et fun dans la seconde, tout en rajoutant un nouveau petit élément pour rendre l’ensemble encore plus sympa et en débloquant d’office tous les personnages pré-DLC pour nous permettre de nous amuser immédiatement en Mode Libre. Enfin, pour le coup, le nouvel élément n’est peut-être pas si nouveau que ça, puisque je fais cette critique de mémoire et la version Nintendo 3DS est sortie il y a deux ans, donc peut-être que je dis une bêtise, mais il me semble que l’affaiblissement des boss en réunissant tous les personnages jouables n’était pas là avant. Et c’est certes un petit détail, mais c’est un détail appréciable, puisque au risque d’offrir le reste du champ de bataille sur un plateau, on peut absorber la magie du boss et le rendre plus rapidement vulnérable. Plus on a de héros autour des gros monstres, plus facile il sera de lui péter les genoux (ou les tentacules… Ou les pattes). Couplez à ça la possibilité d’ordonner à vos troupes de se déplacer via un menu malheureusement trop bien planqué sur la carte et vous aurez une maîtrise totale de votre environnement.

Concernant le gameplay calqué de la version Nintendo 3DS et ses ajouts, deux d’entre eux raviront énormément de joueurs : l’ocarina et le changement de personnage à la volée. Dans le mode Histoire et Libre, il arrivera que l’on trouve des statues de hibou qui n’existaient pas dans la version Wii U. Ces statues sont des points de téléportation, auquel on peut accéder grâce à l’ocarina à tout moment et n’importe où. Ainsi, on gagne un temps considérable et on réduit les allers et retours sur des cartes parfois immenses, rendant la tâche de sauver ses alliés aussi débiles que des huîtres et non contrôlables bien plus plaisant. Et selon les scénarios proposés, on peut aussi changer de personnages contrôlable, faisant que si l’ordinateur se débrouille comme un manche au point qu’il est sur le point de mourir aux mains de deux monstres (ce qu’il fait systématiquement et continue de faire dans la version Nintendo Switch), on peut appuyer sur un bouton sur l’écran tactile pour le contrôler et ainsi non seulement gagner du temps en n’ayant pas à le sauver, mais aussi de prendre des forts plus facilement ! La meilleure tactique est d’ailleurs de d’indiquer à un de nos alliés d’aller à un certain point de la carte via une option un peu planquée dans le menu de pause et le contrôler une fois arrivé à destination pour se débrouiller avec la menace voulue, puis rechanger pour notre personnage précédent si on se sent plus confortable ou bien si celui-ci est plus puissant que les autres.

Un autre ajout, bien plus anecdotique, concerne les fées, que l’on peut récupérer dans des pots dans le mode aventure. Il est possible d’élever ses propres fées en les nourrissant et les habillant pour qu’elles deviennent plus fortes et nous offrent des avantages en combat, comme presque instantanément prendre un fort ennemi ou bien nous ramener à la vie. Concrètement, c’est une petite distraction et une option qui ne rajoute rien de bien important, mais qui permet de gagner un peu plus de temps sur le long terme…

…Car bonnes déesses que ce jeu est chronophage ! La version d’origine contenait hors DLC treize personnages jouables que l’on pouvait monter au niveau cinquante. Doublez les deux chiffres et vous avez une idée des séances de levelling qui vous attendent, sachant qu’en plus de cela, il y a désormais des nouvelles cartes pour le mode Aventure, le double de missions scénarisées, dont des missions pour la nouvelle venue Linkle, la sorcière Cya et un épilogue basé sur The Wind Waker qui en plus de rajouter des musiques encore plus divines offrent un dernier développement bienvenu dans l’histoire.

Et maintenant, place à la plus ancienne critique légèrement modifiée, qui revient plus en détail sur le jeu en lui-même.

Higher Rule Warriors

Hyrule-Warriors-Definitive-Edition 2

Fruit de la collaboration entre Nintendo, Omega-Force et la Team Ninja, Hyrule Warriors mélange la sacro-sainte série des Legend of Zelda avec… Dynasty Warriors ? Sacrilège ! Blasphème ! Héré… Ah non ? Quand on y repense, ce crossover paraît totalement logique : l’armée d’Hyrule sert enfin à quelque chose et le combat entre la lumière et les ténèbres ne se résume plus à un pauvre clampin habillé en vert devant taper sur trois Moblins dans une vaste forêt. Non, là on parle d’armées se livrant à une guerre sans merci… Se déroulant entièrement en dehors de l’écran… Parce que les deux côtés sont aussi actifs que des citrouilles… On y reviendra.

Généralement, quand on s’intéresse aux crossover entre deux séries qui ont beaucoup de mal à cohabiter, on parle généralement plus du gameplay que du scénario, car celui-ci ne sert bien trop souvent que de prétexte pour réunir les divers protagonistes. Et Hyrule Warriors ne fait pas vraiment exception, puisque la justification de leur réunion n’est pas la plus inventive ou bien la plus folle, mais ceci dit, l’histoire proposée reste fun à suivre, proposant même quelques twists bienvenus et qui offrent un peu plus de personnalité à Link et qui rendent Ganondorf tellement cool que l’on voudrait un jeu entièrement centré sur lui.

Mettons tout de suite ce point en dehors du chemin : Hyrule Warriors EST un Dynasty Warriors ; il est donc voué à être bourrin, décérébré et répétitif. C’est juste un gros défouloir à lancer si on veut taper sur des gens en masse après une dure journée de labeur et rien de plus. Pour faire simple, le but est d’anéantir l’armée adverse en prenant le contrôle d’avant-postes, puis un fort ennemi tout en veillant à ce que les méchants ne le fassent pas en premier. Et c’est plus ou moins tout. Il y a donc de fortes chances que vous soyez lassés rapidement si vous cherchez un jeu avec de la consistance ou bien des situations vraiment variées (même si le nombre de variations offertes avec ce gameplay est assez surprenant). Personnellement, je n’ai commencé à m’en lasser qu’au bout d’une vingtaine d’heures – et aussi parce que ces vingt heures ont été écoulées sur une semaine et demi – mais ça ne m’empêchera certainement pas de le relancer de temps à autres, car pour moi il est quelque chose que peu de jeux peuvent offrir de manière aussi brute : du fun. Beaucoup de fun. Tout simplement parce qu’il est décérébré et qu’on peut ravager des armées entières avec un Ganondorf surpuissant ou bien un Ghirahim fabuleux. À vrai dire, rien que d’avoir la possibilité d’incarner les meilleurs méchants de la série (avis très subjectif) est une raison de posséder ce titre (Et pour le coup, même si il s’agit de la troisième fois que je joue au jeu d’un bout à l’autre via la version Switch, je ne m’en suis pas lassé un seul instant et j’y jouerai encore pendant bien des années, je sens).

Et même si le principe du jeu le condamne à l’immédiate sensation de répétitivité, ce n’est pas la faute de Omega-Force ou bien de la Team Ninja qui ont réussi à faire de cet épisode un des meilleurs Warriors. Le gameplay est ultra dynamique et les possibilités de combos sont suffisamment présentes pour que seuls les joueurs obstinés à appuyer sur le même bouton puissent trouver à redire à cet effort de diversification… D’autant plus qu’on a le choix entre vingt-sept personnages aux coups largement différents pour éviter une sensation de redite. Ajoutons à cela le fait qu’une poignée d’entre eux aient plusieurs armes aux comportements différents, donnant ainsi l’impression de contrôler quelqu’un d’autre. Le seul véritable regret à avoir est que certains bonhommes n’ont qu’une seule arme, limitant quelque peu leur intérêt – notamment Midona, qui ne se cantonne qu’à balancer des loups du Crépuscule en pleine figure… Dit comme ça c’est vraiment cool en fait ! – et qu’il n’y ait pas de bouton de saut. On aurait vraiment aimé que la Team Ninja aille jusqu’au bout et incorpore des combos aériens dignes d’un Ninja Gaiden. À noter que parmi les meilleures idées que cet épisode propose, il y a la possibilité de faire monter en niveau les personnages les plus faibles et ce, grâce aux rubis. Plus vous aurez de rubis, plus vous pourrez rattraper le retard avec votre personnage le plus fort, ce qui évite ainsi des séances de grinding qui auraient pu rendre l’expérience plus que déplaisante sur le long-terme.

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Un autre défaut propre à la série des Warriors reste la stupidité des adversaires : les ennemis de base ne sont que des obstacles qu’on aura vite fait de tuer en deux coups de loup bien placés. Les chefs de groupe, eux, varient en stupidité selon leur race : les Moblins et les Stalfos sont très stupides, les Lizalfos, Darknuts, Hyliens et Gorons offrent un joli combat de quelques secondes tandis que les Aeralfos, Gibdos et les Âmes vous énerveront au bout de la vingtième rencontre, car il faut attendre une ouverture avant de taper. Et c’est encore pire avec les Généraux (les personnages jouables passés du côté de l’ennemi) ! Ça m’est extrêmement difficile à dire, mais affronter un Général dans Hyrule Warriors rappelle les combats que je menais en jouant à Xena Warrior Princess sur Nintendo 64 : ils bloquent quasiment tous les coups et vous enchaînent avant de se remettre à bloquer tous les coups. Heureusement, contrairement à Xena, une fois qu’ils finissent leurs combos, une jauge de vulnérabilité s’affiche au-dessus de leur tête et la vider déclenche un coup très puissant capable d’enlever au minimum un quart de vie. Il y a presque aucune stratégie requise pour les battre, ce qui est dommage, surtout quand on prend en compte que certains de ces duels se déroulent dans des espaces clos et que la caméra peut parfois devenir folle, rendant les affrontements encore plus énervants.

Crossover avec The Legend of Zelda oblige, il fallait bien qu’il y ait des éléments de la série en dehors de (très) nombreux détails esthétiques. Ainsi, le jeu comporte de nombreuses petites références aux mécaniques chères à la licence, avec notamment les objets comme le boomerang, l’arc, les bombes et le grappin… Qui servent presque tous à rien, sauf contre la poignée de boss tirés de la série. Car en dehors des boss « humains », on a le droit à des gros boss bien résistants, chose que les Warriors n’avaient pas vraiment (voire pas du tout) (ce qui a quelque peu changé avec notamment Dragon Quest Heroes). Au nombre incroyable de six – sept si on compte le boss final – ils offrent un challenge décent la première fois qu’on les rencontre, puis deviennent juste de gros obstacles gênants passé la treizième rencontre avec eux en mode Aventure. Et c’est juste dommage, puisque l’idée est bonne, mais elle est implémentée de manière assez maladroite. Ceci dit, le boss le plus redoutable ici reste la cocotte : vous ne voulez pas la frapper, car l’énerver signifie que vous sentirez en vous une urgente envie de finir la mission en hurlant.

En plus du scénario, Hyrule Warriors propose un mode Aventure rendant hommage aux différents épisodes de la série, mais surtout The Legend of Zelda. Ici, nous devons parcourir la carte en accomplissant divers objectifs. Les accomplir avec le rang demandé débloquera les cases adjacentes, le but étant de tout découvrir et accessoirement tout débloquer. Pour faire simple, il s’agit d’un mode Challenge où la progression se fait de manière non linéaire : certains objectifs consistent à tuer un nombre de monstres donné en moins de dix minutes, tandis que d’autres demanderont de combattre une, voire deux armées ou bien deux gros boss. Il existe aussi d’autres missions plus spécifiques et parfois bien plus idiotes que l’on ne vous spoilera pas, car elles sont vraiment très drôles. Là où l’aventure devient intéressante, c’est dans les cartes d’objets gagnées en réussissant moult objectifs, à utiliser directement sur la map afin de débloquer la possibilité de récupérer soit des armes puissantes, soit  des personnages jouables (notamment ceux des DLC, certains d’entre eux étant accessibles très rapidement, tandis que d’autres seront des plaies à débloquer tant ils sont loin par rapport au point de départ… Yuga, je ne t’oublierai jamais…). Le seul gros problème vient du fait que pour débloquer ces nouveaux prix, il faut obligatoirement un objet. Sachant qu’un objet ne s’utilise que sur une tuile de la carte, on en vient à refaire des objectifs pas spécialement intéressants pour les farmer… Bref, il ne faut pas avoir peur de refaire la même chose si vous comptez terminer le jeu à 100%.

À vrai dire, finir le jeu à 100% semble être une tâche quasi-herculéenne tellement il y a de contenu et de petits sous-objectifs à remplir, comme les Skulltullas d’Or à tuer : elles apparaissent au hasard et sont très difficiles à trouver. Une fois éliminées, elles lâchent un morceau d’image (Tail Concerto-style) et plus vous en récupérerez, plus de bonus vous obtiendrez. De plus, le jeu incorpore un système de « succès » – même principe que sur consoles Microsoft ou Sony – qui ne sert strictement à rien si ce n’est donner des indications quant au degré de complétion du jeu.

Enfin, parlons un peu, mais parlons bien du point qui brûlait ma plume depuis le début de ce test : les musiques ! Les fans les plus fermés d’esprit ont déjà fait de multiples saltos arrière lorsqu’ils ont entendu le thème de Célesbourg en version guitar-porn, mais ce style de musique est la marque de fabrique de Dynasty Warriors et c’est vraiment plus qu’agréable à écouter ! Certes, il y a des pistes qui sont moins bonnes, notamment « Sequence of Drops » qui est beaucoup trop sinistre pour le Lac Hylia et pour le jeu en général ou bien « In the Greenwood » qui devient très vite irritante, mais globalement c’est excellent. « Hidden Skill Training » est un morceau court, mais enchanteur et « Eclypse of the Moon/Sun/World » sont des pures merveilles (et pour le coup sont des compositions originales). Les remixes des musiques de Zelda : Twilight Princess ne sont pas en reste et « Twilight Field » donne juste envie de tuer des armées entières dans la joie et la bonne humeur en hurlant comme un frat boy lors d’une soirée de Spring Break trop arrosée. Bref, Masato Koike, Yuki Matsumura, on vous aime !

Au final, Hyrule Warriors était un très bon jeu pour la Wii U. Hyrule Warriors Legends était un des meilleurs jeux de la New Nintendo 3DS. Et Hyrule Warriors : Definitive Edition est le meilleur Warriors de tous les temps. C’est le même jeu, mais en des millions de fois mieux, car il est possible de l’emporter partout avec soi pour des petites batailles rapides et est tellement bourré de contenu que l’on peut passer des semaines tout en ayant l’impression d’en avoir que gratté la surface. Si vous avez une Switch, que vous cherchez un défouloir qui n’est pas prise de tête et que vous n’avez jamais touché à Hyrule Warriors, vous vous devez de le prendre ! Et si vous avez déjà joué au jeu sur les autres consoles sans avoir payé les Season Pass à l’époque, la recommandation ne dépendra que de votre niveau d’amour pour le jeu de base ou bien de si vous voulez une expérience encore plus confortable ou bien cherchez un jeu à jouer avec votre partenaire/famille/ami, car il n’y a rien de plus fédérateur que de démolir la tronche d’armées entières à deux !

Bref, Hyrule Warriors : Definitive Edition est le meilleur Warriors de tous les temps et ça, c’est définitif. Édition.

Benjamin « Red » Beziat