Note : la critique qui suit a été réalisée après 45h de jeu (en 9 jours). Durant cette période, j’ai eu le temps de finir le scénario de Dimitri et ai fait environ un quart de celui d’Edelgard en New Game +. Je n’ai pas touché à celui de Claude, donc considérez mon avis sur le scénario comme plus ou moins partiel, mais non moins important car il touche un léger problème que connaît le jeu. Pour ce qui est des mécaniques, je pense avoir passé suffisamment de temps dessus pour en saisir les fondamentaux et voir ce qui fait de cet épisode un monstre de travail… Aussi bien pour les développeurs que pour ma pomme. Attachez vos souris, parce que ça va prendre un peu de temps !

J’ai l’impression que ça fait une éternité que l’on a attendu Fire Emblem : Three Houses, mais enfin le voilà entre nos mains ! Annoncé début 2017 pour une sortie en 2018, le jeu a connu quelques reports et a demandé l’intervention en très grande partie de Koei Tecmo Games pour assister dans le développement de l’épisode le plus ambitieux de la série.

Et parce que je sais que cette critique va être assez longue, je ne vais pas aller par quatre chemins : Three Houses est le point culminant de la série depuis qu’elle a connu un reboot avec Awakening ! Tout a été revu à la hausse, avec même une bonne dose de nouveautés très librement inspirée d’une certaine série de RPG devenue une référence dans le milieu et qui commencerait par un P et se finirait en « ersona ». Mais à trop vouloir être ambitieux, ne verse-t-on pas dans l’excès ?

Cessez-donc de déblatérer ces Sothis !

La version vidéo de la critique 😀

Malgré le fait que Nintendo se soit mis en tête de spoiler une des plus grosses surprises du jeu à peine un mois avant sa sortie, je n’irai pas trop en détails sur le scénario pour ne pas vous la gâcher.

Sachez juste que vous incarnez un(e) jeune mercenaire (que je vais appeler Byleth pour coller au nom par défaut que vous pouvez changer au début) débarquant un beau jour par accident dans le mauvais quartier du pays de Fodlan, car il se retrouve coincé entre une bande de bandits et des nobles qui étudient au monastère de Garegg Mach.

Au grand dam du père de Byleth, tous deux vont dans cet étrange endroit et, dans la confusion la plus totale, Byleth se retrouve à devenir professeur d’une des trois classes des nobles qu’il a secouru plus tôt.

Ainsi, après cette petite intro d’une quarantaine de minutes, vous vous retrouvez à devoir choisir entre la classe de Edelgard l’héritière de l’Empire, Dimitri, l’héritier du Royaume et Claude, le leader un peu hippie de l’Alliance. De ce choix découlera ensuite une histoire propre à chaque leader.

Je pars un peu sur de la spéculation basée sur mon expérience de jeu, mais j’ai la sensation que l’histoire ne diffère pas trop dans son premier tiers, mais change drastiquement par la suite, que ce soit en termes de ton ou bien d’objectifs, voire même de méchants.

Et il faut que l’on soit clairs d’emblée : Nintendo a pété un câble avec Three Houses. De son intro particulièrement violente à certaines scènes et sous-entendus, voire même certaines séquences de dialogues plus ou moins optionnelles, cet épisode est clairement destiné à un public adulte. Juste pour vous donner une idée du truc : en y jouant, j’ai parfois eu l’impression que Yoko Tarô, le génie timbré derrière NieR et Drakengard, s’était faufilé dans la salle d’écriture pour apposer sa patte au scénario sans que ce soit rectifié derrière. Alors certes, il n’y a pas de personnages aussi extrêmes… Non en fait si. Il y a quand même une belle brochette de psychopathes dans ce Fire Emblem et des moments qui m’ont vraiment mis mal à l’aise. Parfois dans le bon sens, parfois avec l’arrière-pensée que ce jeu est PEGI 12 là où il devrait être PEGI 16 !

Non seulement ça, mais outre la brochette de psychopathes, le reste des personnages présents et l’univers sont d’une richesse à presque faire pâlir Yasumi Matsuno ! On n’atteint peut-être pas non plus une complexité politique aussi folle que celle de Final Fantasy Tactics et XII, mais le niveau d’interconnexion entre les personnages et leurs histoires individuelles frôle l’indécent et explique facilement les multiples reports qu’a connu le jeu !

Le seul bémol est que le jeu est divisé en trois campagnes interconnectées et, comme avec Fire Emblem Fates, si vous ne comptez pas faire les trois campagnes, il y a pas mal de chances pour que vous restiez sur vôtre faim, car certains éléments à priori très importants peuvent potentiellement être introduits, uniquement pour ne pas être résolus dans une campagne ou l’autre. C’est assez frustrant, mais contrairement à Fates qui jouait la carte des histoires complémentaires, uniquement pour n’offrir rien de bien intéressant au bout et qui donc a fait que j’ai personnellement lâché l’affaire au bout d’une version, ici l’histoire et le monde sont tellement fascinants que mon premier réflexe passé le choc d’être « déjà » arrivé à la fin (au bout de 35 heures de jeu, quand même) a été de relancer le jeu en New Game + et commencer une seconde route avec également l’intention de siphonner les deux autres classes de leurs étudiants. Et en plus relancer une partie ne m’a pas coûté un jeu supplémentaire, c’est cool !

Plus sérieusement, le scénario de Fire Emblem : Three Houses est peut-être assez « simple » et est assez prévisible par endroits si on devait chipoter, mais il est d’une richesse et d’une noirceur tellement surprenantes qu’il faut le vivre pour croire que Nintendo a validé ça !

Chti Byleth

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En termes de gameplay, Three Houses est le plus Fire Emblem des Fire Emblem. Le gameplay stratégique au tour par tour n’a pas changé (mais peut drastiquement changer niveau présentation si vous le voulez en appuyant sur + pour une vue au plus près des combats… Mais qui rallonge considérablement les batailles), le système d’affinité est toujours présent, mais pas mal atténué par rapport à Awakening et Fates, se rapprochant plus d’un Echoes où les bonus sont plus les scènes cinématiques que l’on débloque plus que les bonus en combat et le triangle des armes, bien que moins déterminant de l’issue des combats, est toujours présent. La Bénédiction de Mila d’Echoes est aussi de retour, vous permettant de remonter le temps un certain nombre de fois pour effacer certaines erreurs. Cette option n’est pas trop utile dans le mode de difficulté où vos unités reviennent à la vie en fin de combat, mais vous évitera bien des redémarrages en mode Permadeath.

Les trois grosses nouveautés introduites dans cet épisode viennent du système d’armées, le calendrier et la flexibilité du système de classes.

Pour résumer ce dernier point, là où dans les précédents épisodes chaque personnage avait une classe prédéfinie et un cheminement qui lui était propre avec de rares embranchements, ici les personnages peuvent endosser n’importe quel rôle du moment qu’ils ont le niveau d’affinité des armes requis et aussi un peu de chance au moment de passer l’examen qui leur permet d’obtenir la classe. Bien évidemment, tout n’est pas si simple que ça et certains personnages auront plus de difficultés à acquérir des points d’affinité dans certaines catégories par rapport à d’autres catégories où ça montera bien plus vite, mais avec suffisamment de patience et d’intelligence, il est possible de customiser les personnages comme on l’entend.

Notez, et c’est quelque chose que j’ai mis presque 30h à comprendre, qu’il n’est pas inintéressant de changer régulièrement de classes : en effet, chaque classe a un niveau maximal, atteint après avoir défoncé suffisamment d’ennemis ou bien soigné assez d’alliés. Une fois ce niveau atteint, vous obtenez un bonus permanent, vous encourageant à changer de classe, histoire non seulement d’amasser un maximum de bonus, mais aussi de faire varier un peu plus les combats.

Le système d’armées, quant à lui, est plus une nouveauté balancée pour le style et rendre les combats plus spectaculaires plutôt qu’un outil indispensable (sauf si vous jouez à un niveau de difficulté supérieur ou bien que vous décidez d’être maso en rendant les morts permanentes). Ainsi, vous pouvez acheter des escouades de différents types pour pouvoir renforcer diverses stats de base et aussi pouvoir déclencher des attaques qui ne dégraderont pas vos armes, ni ne permettront à l’adversaire de répliquer. De plus, si vous parvenez à toucher l’ennemi et qu’il y survit, celui-ci sera cloué sur place durant son tour et ne pourra qu’attaquer. Les escouades sont aussi utiles face à des gros monstres qui possèdent plusieurs barres de vie et des boucliers à détruire pour maximiser les dégâts.

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Enfin, la troisième grosse nouveauté change radicalement la structure du jeu pour le meilleur… Et aussi pour le moins meilleur : le calendrier.

Pour faire simple, chaque mission principale liée au scénario se trouve à la toute fin de chaque mois. Et pour combler les trous, il est possible de faire diverses activités, chacune ayant pour but de soit vous renforcer vous ou bien vos alliés de manière plus ou moins directe. Ainsi le dimanche, vous pouvez choisir soit de vous balader librement dans Garegg Mach pour aller à la rencontre des étudiants et des professeurs, accomplir diverses mini-quêtes annexes tellement faciles à accomplir qu’il faut juste aller d’un point A à un point B en regardant vite fait la carte, faire ses courses ou bien participer à des mini-activités qui rogneront votre barre de temps, comme des duels, manger avec les élèves ou bien leur faire chanter des prières.

Notez que durant cette phase, il sera aussi possible de démarcher les élèves des autres classes pour tenter de les convaincre d’aller dans la vôtre, à condition de remplir leurs exigences (chose bien plus facile en New Game + et limite à éviter de faire lors de votre premier run pour renforcer le sentiment d’unité avec votre classe et les élèves originaux).

Il est aussi possible le dimanche de prendre vous-même des cours afin de renforcer vos propres capacités, ou bien d’aller sur le champ de bataille pour du bon vieux grinding ou bien prendre part à des quêtes annexes approfondissant un peu plus les personnages secondaires. Il est aussi possible de prendre une bonne grosse sieste pour faire remonter la motivation des élèves et recharger un petit truc que je ne spoilerai pas.

Le lundi, il est possible de donner des leçons individuelles à vos élèves. Pour faire simple, vous choisissez le domaine dans lequel vous souhaitez qu’il ou elle s’améliore et vous spammez A jusqu’à ce qu’il n’aie plus la motivation d’étudier et vous faites ça pour chaque élèves jusqu’à ce que vous soyez à court d’options. Mais si vous avez la flemme de faire ce processus un poil long et très répétitif, il est possible d’automatiser les cours, mais vous n’aurez aucun contrôle sur les élèves tutorés, ni sur ce qu’ils étudient et recevrez moins d’affection.

Et en parlant d’affection, il est temps d’évoquer vite fait la partie romance, qui est… Beaucoup plus en surface que dans les épisodes précédents. Les avantages en combat sont vraiment minimes, mais ils permettent de débloquer des cutscenes très… Très intéressantes qui approfondissent énormément les personnages, ce qui est plus que cool et recommandé. Parfois c’est drôle, et souvent c’est dérangeant.

Image associée

Et comme le veut la tendance depuis Awakening, il est possible de marier certains personnages… Mais au risque d’en décevoir beaucoup, ledit mariage n’a lieu que lors de l’épilogue et n’a donc aucun véritable impact sur le jeu autre que d’apporter une jolie touche à sa fin. Et, chose cool, le nombre de relations gay a pas mal augmenté, passant de 1 dans Fates à 3 pour le personnage masculin et 4 pour le personnage féminin (et de bonnes options dans les deux cas, j’ajouterai).

Mon seul vrai problème avec Three Houses vient de la structure en calendrier. Car même s’il est très addictif et nécessaire si on veut rouler sur la compétion, je dois avouer que lorsque le scénario devenait très intéressant, j’avais juste envie de zapper les mois pour avancer, sachant qu’un mois peut prendre entre 10/15 minutes si on a vraiment la flemme à presque 45 minutes/une heure si on veut faire les choses bien. Vous pouvez donc imaginer que si vous vous lassez de cette structure, vous allez facilement grincer des dents passé un certain stade parce que vous voulez continuer à suivre l’histoire ou bien que vous voulez jouer au jeu strictement pour ses batailles.

Enfin, impossible de parler de Fire Emblem sans parler de sa présentation. Le jeu est superbe, avec des modèles détaillés et joliment animés (même si je suis un poil moins fan d’une bonne partie des character designs cette fois-ci) et tourne plutôt bien en mode portable… Cependant, si vous avez une Switch de première génération, préparez-vous à pleurer, puisque ce jeu vous BOUFFE la batterie à un rythme presq ue inquiétant. En ce qui me concerne, la batterie tenait environ 2h30 avant de déclarer forfait, ce qui était assez énervant vu le nombre de fois que j’ai été contraint de le brancher pour pouvoir faire les sessions que je devais faire pour sortir cette critique dans les temps…

Et les musiques… Elles rentrent assez vite en tête et certaines sont juste merveilleuses, au point que pour cette critique j’ai laissé la console tourner en mode jukebox !

Au final, est-ce que j’ai vraiment besoin de dire que j’ai trouvé Fire Emblem : Three Houses fascinant ? Je pense qu’à la longueur de cette critique vous vous en doutiez déjà, mais j’ai trouvé ce jeu fantastique en plus d’être une énorme prise de risque pour Nintendo, Intelligent Systems et Koei Tecmo Games qui se sont probablement dit que les personnes qui prendront à coup sûr ce jeu sont ceux qui ont grandi avec Awakening.

Pour le coup, peut-être est-ce mon côté vieux joueur qui ressort, mais je pense sincèrement qu’il faut avoir au minimum plus de 16 ans pour pouvoir pleinement apprécier ce jeu et ne pas être un peu traumatisé par certaines séquences. Ce n’est peut-être pas aussi complexe qu’un Final Fantasy Tactics sauce Matsuno (mais presque) ou gore comme un Berserk, mais ça n’en reste pas moins un épisode sombre et mature… Au point que je suis presque tenté de dire que Three Houses est à Fire Emblem ce que Majora’s Mask était à The Legend of Zelda !

Bref, si vous êtes fan de Fire Emblem, vous savez déjà quoi faire et si la face sombre de Nintendo vous attire, bah idem.

Benjamin « Red » Beziat