… J’ai vraiment pas envie de le faire. J’ai pas envie d’être méchant à l’encontre de ce jeu.

Daemon X Machina est un des jeux les plus décevants auxquels j’ai joué ces dernières années pour son mode solo alors que tout jouait en sa faveur. Un jeu de robots développé par une véritable dream team qui ne s’assemble que trop rarement pour des projets pareils.

Le producteur de la série Armored Core Kenichiro Tsukuda. Yusuke Kozaki, le character designer monstrueusement talentueux derrière Travis Touchdown de No More Heroes et une bonne partie du cast de Fire Emblem Awakening (et les leaders des teams dans Pokémon Go) ! Shoji Kawamori, un des co-créateurs de la cultissime série Macross et mecha designer sur tellement de séries à base de robots que ça en devient indécent. Et le duo Junichi Nakatsuru et Rio Hamamoto aux musiques, des légendes de la musique de jeux vidéo qui ont pondu des bande-sons monstrueuses pour la série des Ace Combat, Tekken et Soul Calibur !

Et c’est sans parler du gameplay, qui est un des meilleurs que j’ai jamais pu goûter pour un jeu de combats de robots géants.

TOUT était là pour faire de Daemon X Machina un des meilleurs jeux de robots solo de tous les temps. Tout ! Et pourtant… Daemon X Machina est la preuve qu’une bonne structure peut rendre un jeu légendaire ou le briser.

En solo, tout du moins. Non parce qu’en multi, il y a moyen pour que ça reste un des meilleurs jeux de l’année. Oui, je vais malgré tout tout faire pour le défendre, parce que bons dieux que j’ai adoré ce jeu pour ce qu’il faisait de bien… Mais devant être objectif et ne pas non plus occulter ses immenses problèmes pour vous décevoir si le jeu ne vous plaît pas alors qu’il y a une tonne d’alternatives en cette période, il me faut quand même mettre en avant son plus gros défaut.

Desmond X Machina

https://www.youtube.com/watch?v=99-r6sPtC2M&feature=youtu.be

L’histoire de Daemon X Machina est la plus étrange que j’ai pu vivre depuis un moment. Non pas parce que le jeu ne fait rien pour aider en vous balançant une petite cutscene de 30 secondes avant de vous balancer dans l’éditeur de personnages, puis directement dans le hub. Ni par son écriture absolument abominable. Mais elle est étrange parce que, aussi mauvaise qu’elle soit, on ne peut que finir par l’aimer.

J’ai passé tout le jeu à ne rien y comprendre, car on nous balance une dizaine de noms différents pour désigner tout et n’importe quoi, au point que l’on s’y perd facilement. Ce n’est qu’à trois missions de la fin du jeu que j’ai compris que l’Oval Link était le territoire sur lequel se joue le jeu, que Orbital était notre hub et que Zen n’était non pas un état d’esprit, mais un des quelques consortiums qui nous donnent des missions. Ajoutez à ça une bonne vingtaine de personnages répartis en genre 7 ou 8 factions différentes, chacune avec un nom bien perché et vous avez un cocktail parfait pour vous paumer.

Non seulement ça, mais le jeu peut être absolument hilarant par accident, parce que mercenaires obligent, les personnages changent d’allégeance toutes les deux minutes. Une mission ils sont nos potes, avant de devenir des ennemis la seconde d’après, avant de redevenir potes juste après sans explications autre que l’argent.

Une mission en particulier m’a fait exploser de rire parce qu’il n’y avait absolument aucune justification pour que les personnages se battent autre que, et je cite : « On devrait peut-être ne pas se battre, non ? Non parce que c’est clairement un piège qui a été tendu pour nous forcer à le faire ! Quoique, tant qu’on est là et que ça me gonflerait de n’avoir rien fait, autant qu’on se balance des missiles à la tronche pour le fun, quitte à répondre aux attentes de celui qui nous a tendu ce piège ! »

Sans compter les twists qui viennent de nulle part et qui ne sont plus jamais évoqués ou bien les moments sensés être purement émotionnels, gâchés par le fait qu’on a oublié qui sont les personnages affectés ou bien des contresens dans les motivations. L’écriture de ce jeu est désastreuse comme jamais je n’en avais vu depuis un moment…

Et pourtant… Bah je me suis accroché et me suis attaché à cette étrange bande de personnages incohérents parce qu’ils ont un design cool, une personnalité bien marquée et que malgré tout on sent la volonté des personnes qui l’ont écrit de créer un vrai univers un minimum complexe. C’est de la pure série B qui me fait un peu penser à du Earth Defense Force et ça me va parfaitement, notamment aussi parce que les doublages anglais peuvent être vraiment surjoués quand ils le veulent et ça devient vraiment hilarant !

Lancez plus de missiles !

Au niveau du gameplay, il n’y a pas plus fun que Daemon X Machina. Sincèrement, je n’ai pas joué à un jeu de robots géants aussi dynamique et jouissif, et ce parce que les développeurs ont réussi à la perfection à nous offrir des sensations de jeu ultra plaisantes. Les déplacements sont parfaits, avec notre robot qui fait du roller au sol façon Nightmare Frame de Code Geass ou bien qui peut assez vite s’envoler pour des combats aériens comme aucun autre jeu ne peut le proposer. C’est rapide, nerveux et hautement satisfaisant, surtout parce que les développeurs ont eu l’intelligence de rendre les sensations de pilotage de plus en plus satisfaisants au fil des équipements débloqués.

D’ailleurs, en parlant d’équipement, les possibilités de customisation sont dingues ! Entre les différentes pièces d’armure, la tonne d’armes et les très nombreux décalcos et motifs, il n’est pas difficile de créer un robot idéal ou bien une copie approximative de l’EVA-01 d’Evangelion !

Votre personnage n’est pas en reste, puisqu’il est aussi possible de le modifier à l’envie… Même si malheureusement les upgrades de stats de votre perso le changent de façon permanente et pas forcément pour ce que vous voudriez. Après, vous pouvez tout annuler si vous le sentez pas niveau esthétique, mais vous vous priverez alors d’upgrades qui changent la vie et c’est un peu dommage.

Pour en revenir au gameplay, un truc que j’ai trouvé plus que cool est la possibilité d’embarquer jusqu’à quatre types d’armes différents. Les deux premières seront assignées à vos mains, chacune étant assignée à une gâchette, et les deux autres sont en réserve et à changer à volonté. Vous avez aussi la possibilité de vous équiper d’armes de soutien comme des missiles téléguidés que vous pourrez utiliser avec un autre bouton ainsi qu’un auxiliaire de terrain, comme un booster pour vous faire descendre plus vite ou bien un brouilleur de radar pour paumer un peu vos adversaires.

Cependant, il y a un élément que je ne peux que vous recommander d’équiper et de garder avec vous, car on va taper dans le plus gros défaut du jeu : l’assistance à la visée. Totalement optionnelle et assez pénalisante, cette assistance prend la forme d’un processeur à équiper et vous permet d’automatiquement diriger la caméra vers l’adversaire le plus proche de vous. Si vous vous en éloignez trop ou bien redirigez la caméra, vous pouvez ignorer cette première cible et passer à autre chose, mais si vous ne vous en équipez pas, la caméra est totalement libre. Il n’y a aucune autre fonction de lock-on, signifiant que si votre adversaire est un peu trop mobile, bon courage pour le viser et lui tirer dessus sans ça !

Après, je dois nuancer en disant que le jeu cible directement les ennemis dans le champ de vision et donc si vous vous mettez à tirer, les balles iront directement sur l’adversaire ciblé, mais sans l’assistance, il suffit de bouger un peu trop vite pour perdre l’ennemi de vue et avoir à redéplacer manuellement la caméra pour le retrouver.

Et là vous vous dites probablement « C’est pas un peu chiant, ça ? », ce à quoi je vous répondrai juste un peu, puisque j’ai fait l’équivalent de la première moitié du jeu sans cette assistance (d’où le fait que je croyais qu’il n’y avait pas de lock-on dans ma preview ahem). C’est jouable et pas insurmontable… Jusqu’à un certain point.

Imaginez la chose : j’affronte un groupe de trois adversaires qui sont de ma taille sans assistance à la visée. Les deux premiers, je réussis à les avoir tranquillement. Puis est venu le leader du groupe, considéré dans le scénario comme étant un des meilleurs pilotes existants.

J’ai mis littéralement 30 minutes pour le battre parce qu’il se déplaçait tellement vite et tout le temps qu’on aurait dit que j’étais en train de chasser un moustique particulièrement énervé ! Je devais constamment réajuster la caméra, au point que ça m’en a rendu malade et j’ai même failli vomir ! Et pourtant je n’ai jamais eu de sensations de vertiges ou ne me suis senti malade en jouant à des jeux comme Mirror’s Edge ! Ce combat était long, énervant et au bout de quinze minutes, j’en avais juste marre, d’autant plus que ça s’est fini sur le fil, n’ayant presque plus de munitions ni de santé.

J’ai activé l’assistance à la visée et l’ai défoncé en 5 minutes chrono la fois d’après.

L’autre truc que j’ai pas trop kiffé vient du maniement des épées, qui si le papier devraient être parfaits, mais dans la pratique et à cause de la caméra un peu capricieuse hors assistance, la plupart des coups passent totalement à côté, ce qui est dommage.

Mais le pire et c’est ce qui a totalement brisé mon enthousiasme pour ce jeu, c’est sa structure.

Daemon X Machina prend la forme d’un Monster Hunter-like avec un hub qui permet aux joueurs de se réunir et de choisir des missions à effectuer. Les missions sont divisées en rangs allant de E à A et ces rangs sont divisés entre les missions de scénario et les missions libres, ces dernières n’étant là que pour le fun et un peu de loot.

Et le truc… C’est que là où les missions étaient plutôt variées et intéressantes jusqu’aux alentours du Rang C, allant de l’escorte de vaisseaux à la défense de bidules ou bien l’annihilation de beaucoup d’ennemis, quasiment TOUTES les missions de scénario des rangs B et A sont des combats contre d’autres pilotes ! On ne fait plus que ça et ça devient très vite répétitif et lassant. Peut-être qu’en alternant avec les missions annexes ça passe mieux, mais pour voir le scénario jusqu’au bout, il faut s’enchaîner une quinzaine de duels contre des robots comme le nôtre et c’est toujours la même chose avec la même méthode pour les battre. C’est comme si les développeurs avaient manqué de temps et d’idées sur la fin et se sont résolus à ne faire plus que des duels pour meubler, ce qui est vraiment dommage.

Et c’est d’autant plus dommage parce que les combats contre les boss sont vraiment cool visuellement et niveau variété. Le boss de fin en particulier est plutôt ouf… Même si c’est un sac à PV et que mon premier affrontement contre lui s’est mal terminé parce que j’étais à court de munitions et qu’il n’y avait aucun moyen d’en avoir plus…

C’est ce manque de variété et d’ambition sur la fin qui rend le jeu en solo particulièrement difficile à encaisser et j’imagine que les faire en multi atténue ces sentiments. Pour le coup, je n’ai pas pu l’essayer parce que personne n’avait le jeu, mais j’imagine facilement en quoi le jeu peut devenir bien plus intéressant avec les bonnes personnes.

Enfin, et c’est le dernier point qui fait extrêmement plaisir, la présentation est hyper cool ! Les graphismes sont vraiment stylisés et uniques et même s’il y a parfois des gros problèmes de framerate ici et là (même s’ils sont très très rares) et que le jeu ne tourne pas totalement à 30 images par secondes, ça reste malgré tout assez fluide pour rester hyper fun en termes de sensations.

Et les musiques… Je pense pouvoir dire sans trop me mouiller que Daemon X Machina possède une des meilleures bande-sons de l’année ! Ça tape principalement dans la musique orchestral épique que l’on attend d’un jeu de robots typique, mais ça explore parfois des genres vraiment inattendus aux moments où l’on s’y attend le moins, au point que l’on mettra volontairement le jeu en pause pour mieux écouter la folie qui nous atteint les tympans. J’ai tellement envie de parler de l’immense surprise qu’est le thème du boss de fin, mais c’est tellement inattendu et ça arrive sans prévenir que ça en devient choquant et donc je ne peux décemment pas vous gâcher le truc.

Au final, vous l’aurez compris : j’ai vraiment aimé Daemon X Machina. Le jeu est bourré de défauts, notamment sa structure qui fait qu’il s’essouffle là où il aurait justement fallu qu’il gagne en intensité, mais je ne peux m’empêcher de l’aimer parce qu’il est beaucoup trop plaisant à jouer ! Si le gameplay avait été moins bon, j’aurais eu moins de remords à être un peu plus sévère, et si le jeu avait eu plus de missions intéressantes sur la fin ça aurait facilement été un de mes jeux préférés de l’année, mais on sent qu’ils ont voulu bien faire sans forcément savoir comment faire mieux. Sans compter qu’il sort juste après un Astral Chain monstrueusement cool et pile avant un Link’s Awakening qui va s’accaparer toute l’attention… Sans parler de la TONNE de jeux sortant entre les deux qui font que je sais d’avance qu’il va rapidement tomber dans l’oubli. Et ça m’attriste un peu.

C’est aussi pourquoi je vous conseille d’au moins lui donner une chance en testant la dernière démo sortie pour que vous vous rendiez compte du travail abattu pour avoir un des gameplays les plus plaisants que j’ai pu toucher.

Si vous aimez les jeux de robots géants, je sais d’avance que ça deviendra votre nouvelle référence et que vous ferez probablement un peu plus l’impasse sur le problème de rythme cité et auquel cas ça devient un indispensable. En revanche, si vous tombez malade dès que la caméra part en vrille, c’est même pas la peine. Pour ceux qui hésitent, mais qui ont trop de jeux sur leur radar en cette période beaucoup trop chargée… Ça me gonfle de devoir dire ça, mais je pense que vous pouvez placer votre priorité ailleurs en attendant que ça se tasse et que vous le trouviez à un prix que vous jugerez plus approprié.

C’est pourquoi aussi mon verdict sera double : à plein prix, Daemon X Machina… Pourquoi pas ? Mais à un prix plus correct et si vous aimez les jeux d’action vraiment véner, c’est une très… Très forte recommandation !