Sorti sur Nintendo Wii en 2007, Final Fantasy Fables: Chocobo’s Dungeon était le premier épisode de la série Chocobo’s Dungeon à sortir en Europe, presque dix ans après la sortie au Japon du véritable premier épisode sur PlayStation. Là où les choses prennent un tournant pour le plus étrange, c’est que cette série est en fait une variation de la série Mystery Dungeon, qui était passé d’abord par Dragon Quest, puis Shiren the Wanderer, puis Chocobo et enfin Pokémon, qui a plus ou moins porté la série à une célébrité méritée accompagnée des pleurs de très… Très nombreux joueurs.

Chocobo’s Mystery Dungeon Every Buddy!, quant à lui, est un remake de Final Fantasy Fables: Chocobo’s Dungeon, créé un peu à la va-vite dans le but de célébrer les 20 ans de la série Chocobo’s Dungeon avec une remise à niveau des graphismes l’ajout du mode co-op et un tout nouveau système de compagnons pour « assouplir la difficulté ».

J’avais bien aimé ce que j’avais pu jouer de l’épisode Wii à l’époque (même si je n’y avais pas beaucoup touché faute de temps) et donc pouvoir refaire cet épisode sur Switch était, en théorie, un bon moyen pour moi de me remettre en selle et découvrir le fin mot de cette curieuse fable…

… Ce que je ne savais pas, c’est que cette fable serait pleine de souffrance et d’envie de jeter ma console contre un mur sur fond de musique guillerette.

La Méthode Kweh !

Chocobo’s Mystery Dungeon Every Buddy! nous conte l’histoire de Chocobo accompagnant l’explorateur Cid dans des ruines mystérieuses à la recherche d’un artefact magique. Après une rencontre avec Irma et Volg (mais si, ces personnages qui étaient fortement mis en avant dans Final Fantasy Fables: Chocobo Tales sorti sur Nintendo DS en même temps que Chocobo’s Dungeon et qui n’a pas été remaké – qui d’ailleurs était très sympa, au passage), nos deux protagonistes sont propulsés dans un autre monde après le plus gros massacre d’ambiance causé par un remake depuis les versions HD de Silent Hill, où en lieu et place du superbe opening chanté de la version Wii on se retrouve avec une version tronquée durant quinze secondes avec en fond une version « rigolote et fun » du thème des chocobos. Chouette.

Heureusement, ces erreurs de remaking sont vite balayées une fois que le duo arrive à Lostime, une étrange ville où les habitants vivent paisiblement, privés de leurs souvenirs. Cid subit cette malédiction et Chocobo en réchappe de justesse, sauvé par une jeune fille qui l’amène en dehors de la ville. Sans trop de liens logique une dizaine de minutes plus tard, un oeuf tombe du ciel et de cet oeuf émerge un bébé magique qui peut pénétrer l’esprit des gens pour remettre la main sur les souvenirs perdus. Oui, c’est bizarre dit comme ça, mais on s’y fait très vite et on suit avec plaisir une aventure un poil prévisible sur les bords, mais avec des thématiques vraiment intéressantes et un univers très rapidement attachant.

Puis vient le gameplay. Si vous avez joué à un Pokémon Donjon Mystère, vous savez déjà plus ou moins à quoi vous attendre, à la différence près que Chocobo’s Mystery Dungeon lorgne plus du côté de Shiren the Wanderer, qui est connu comme étant extrêmement difficile et presque injuste.

Pour ceux qui ne connaîtraient pas la série, imaginez juste que vous déambulez dans des labyrinthes générés aléatoirement en tentant d’éviter les nombreux pièges sur le chemin, en tapant tous les ennemis qui bougent et en veillant à ne pas mourir de faim à cause d’une jauge qui baisse constamment. Oh, et si vous mourez, vous perdez absolument tout ce qu’il y a dans votre sac en plus de votre argent, à l’exception de vos seules pièces d’équipement déjà équipées (sauf si vous jouez en Difficile, où même ces pièces d’équipement disparaissent à votre mort en plus de devoir faire face à des ennemis qui frappent comme des tanks). Oh, et votre équipement peut bien trop souvent diminuer en qualité si vous faites face aux mauvais ennemis. Oh et si vous restez trop longtemps dans un étage pour faire un peu de grinding, un Mog habillé comme la Mort vient pour potentiellement vous tuer en quelques coups. Oh, et les boss sont extrêmement difficiles et il n’est pas rare de mourir face à eux sur une bête erreur. Oh, et…

Enfin bref, vous voyez l’idée. Chocobo’s Mystery Dungeon est difficile et requiert de bien trop souvent demander au joueur de revisiter les précédents donjons pour monter en niveaux pour progresser. On n’est pas dans Pokémon Méga Donjon Mystère où l’on pouvait plus ou moins faire le jeu de manière linéaire. Ici, les pièges sont beaucoup plus nombreux et bien plus vicieux, au point qu’il n’est pas rare de tout perdre en quelques secondes si on regarde ailleurs trop longtemps.

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Et on est tenté de faire ça, car le gameplay du jeu est assez basique : on attaque avec A, on se fait taper dessus par en ennemi et ainsi de suite jusqu’à ce que l’un ou l’autre tombe. Certes, on a des compétences spéciales que l’on peut utiliser si on a assez de points d’aptitude, mais les combats rebuteront beaucoup de joueurs de par leur aspect répétitif et simplistes. Heureusement, il est possible dans cette version d’embaucher des compagnons avec des aptitudes spéciales (en plus d’offrir un coup en plus, ce qui est un plus non négligeable) et chacun possède un lot de stats et d’attaques suffisamment différent pour apporter un minimum de variété et de stratégie, même si ça n’aboutira pas non plus à un très haut niveau de complexité. Ajoutez à ça la structure très similaire de chaque étage et vous pouvez avoir un jeu qui peut très vite être lassant si ce n’est pas votre truc.

Cela étant dit, et c’est là que je trouve que le jeu se prend un peu les pieds dans le tapis, c’est dans le fait que seuls les donjons optionnels possèdent un vrai level-design, avec un cheminement unique pensé et réfléchi, là où les donjons de scénario sont tous générés de manière semi-aléatoire. Les donjons optionnels possèdent des restrictions de niveau et d’objets et sont même souvent très fun. Peut-être est-ce parce qu’ils ont été conçus pour n’être traversés qu’une ou deux fois qu’ils ont été conçus à la main, là où l’on doit se taper plusieurs fois ceux de scénario parce qu’ils nous font mourir à répétition ? Dans un sens, ça se comprend, mais je pense que ça ne donne pas vraiment envie de s’attarder dans les donjons principaux (sauf pour récupérer du loot quand il y en a besoin).

Enfin, là où le jeu se porte plus que bien, c’est dans sa présentation : non seulement Chocobo’s Mystery Dungeon est ultra choupinou, mais en plus la remasterisation a été plutôt bien faite ! Fallait s’y attendre avec un jeu mettant en scène une des créatures de jeu vidéo les plus adorables de tous les temps, mais tout est très coloré et vivant et le jeu se permet même quelques animations optionnelles pas utiles, mais ô combien adorables !

Et bien évidemment, qui dit Final Fantasy dit musiques ! Parce que Final Fantasy Fables: Chocobo’s Dungeon est sorti en 2007, la sélection musicale se limite à des remix des onze premiers épisodes (et le XII passé sous silence pour des raisons qui m’échappent… Trop récent à ce moment-là ?), avec, j’ai l’impression, une légère préférence pour le IX. Beaucoup de thèmes cultes et des thèmes obscurs remixés avec amour et même une bonne mise en avant de Home Sweet Home de FFV, pas assez reconnu à mon goût ! C’est une excellente sélection, même si je dois avouer que certains thèmes sont utilisés à des fins parfois étranges ou bien les thèmes utilisés dans les donjons les plus longs peuvent vite prendre la tête.

Au final… C’est difficile à dire, mais je ne peux pas recommander Chocobo’s Mystery Dungeon Every Buddy! à tout le monde. Pour le coup, il s’adresse même à un public bien plus spécifique que d’habitude à cause de son gameplay un poil trop simpliste/répétitif et de la main lourde qu’il a à l’égard des joueurs les plus étourdis. Est-ce que ça veut dire que je ne me suis pas amusé ? Au contraire ! Il y a des moments où l’on peut se sentir bien en jouant et je dois avouer que rouler sur la concurrence reste un exercice qui procure toujours autant de plaisir, sans compter la présentation ultra adorable qui aidait à faire passer la pilule des défaites les plus amères.

Si vous aimez les challenges et que vous n’avez pas peur du grinding, il y a moyen pour que vous y trouviez votre compte. Si vous êtes fan des Donjons Mystères et que vous n’avez pas peur de jouer à une version plus « rudimentaire » par rapport à ce que l’on peut trouver aujourd’hui, vous pouvez aussi l’envisager. Pour les autres types de joueurs, je dirais qu’il serait plus sage d’attendre une baisse de prix ou bien une éventuelle suite qui adoucirait un peu l’expérience, mais en attendant, je mets un bon gros…

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Benjamin « Red » Beziat