Un nom est plein de choses, mais plus encore, il est important. Le négliger et négliger ce qui lui est attaché peut être préjudiciable et mal employé, il peut facilement poser une barre beaucoup trop haute à franchir. C’est bien pour ça que beaucoup de séries bien installées soit mettent le nombre du dessus à leur suite quand ils ont confiance en ce qu’ils font et ont sous le main, ou bien décident d’y apposer un sous-titre pour éviter justement que les attentes du public ne soient trop élevées si l’épisode qui le précède a acquis un statut légendaire ou est au moins très bon.

Et c’est aussi pour ça que nous étions beaucoup à être déçus à l’annonce de Astérix & Obélix XXL 3 : Le Menhir de Cristal. Il se revendique être la suite d’un action-platformer culte de l’ère PS2/Game Cube et Xbox alors que son ambition a été carrément revue à la baisse et son gameplay est si vastement différent. Pourquoi ne pas l’avoir tout simplement appelé Astérix & Obélix : Le Menhir de Cristal ? Les raisons m’échappent, d’autant plus que ça va forcément affecter mon jugement autour du jeu, puisque j’étais fan de XXL 2 et en attendais beaucoup lorsqu’on nous a annoncé en fanfare le retour de la série.

… Bon ok, on aurait probablement dû le voir venir, puisque faire un platformer en 3D avec les moyens modernes et aux standards de notre époque est un assez gros risque financier et Osome Studios est un studio indépendant de taille très modeste qui n’aurait franchement pas les moyens d’atteindre le niveau d’ambition requis pour ce genre de projet – et quelque chose me dit que c’est aussi lié à la récente restructuration de Microïds dont l’ambition de devenir un éditeur français de poids au même titre que Infogrammes à l’époque ne fait pas de doutes, mais dont les fonds sont pour l’instant encore assez limités et doit donc passer par des petits projets pour acquérir de quoi en lancer des plus gros… Ce qui sera très cool et qui je l’espère sincèrement arrivera plus tôt que tard parce qu’avoir un XXL4 qui soit du niveau du 2 mais avec les moyens actuels enverrait sérieusement du rêve !

Pour une raison qui m’échappe, en y repensant, XXL 3 me fait pas mal penser aux Mystérieuses Cités d’Or : Mondes Perdus, qui était un jeu tentant d’adapter une série française culte avec un gameplay en vue de dessus et un peu orienté puzzle mais contrairement à XXL 3 surtout infiltration. Sauf que lui était vendu 15€ et XXL 3 50€ pour une durée de vie équivalente…

Et si les problèmes ne s’arrêtaient que là…

Aventure Taille S

Avant de passer à la partie qui va faire que certaines personnes vont bien moins m’apprécier, il me faut parler des choses que cet épisode fait très bien : la présentation en général !

Pour le coup, XXL 3 est une très bonne adaptation de l’univers d’Astérix, se permettant même d’avoir une histoire dans la même veine que la bande-dessinée. L’enchanteresse Hella Finidrir, amie de Panoramix, s’est faite enlever et il en revient à Astérix et Obélix de la retrouver à l’aide d’un menhir enchanté nommé Snaefellhelgajökull ! Yes ! Premier coup !

Bon après, vu les moyens derrière la production, les cutscenes sont statiques et certaines péripéties sont juste narrées plutôt que montrées, mais les personnages parlent et agissent comme dans la BD, avec parfois quelques jeux de mots vraiment drôles. Et ce qui est encore plus drôle, c’est que j’avais déjà beaucoup apprécié l’écriture du jeu en tant que tel, mais c’est devenu encore plus cool – et logique – lorsque j’ai découvert durant les crédits de fin que Damien Duvot, plus connu sous le pseudo de Meea, avait bossé dessus comme consultant.

Petite double parenthèse qui tombe bien : Meea est un pote à moi et il a objectivement une des meilleures chaînes YouTube dans la catégorie informative en France. Franchement, il faut absolument que vous alliez voir sa chaîne et les vidéos qu’il fait car non seulement on sent la passion derrière chacun des sujets qu’il aborde, mais c’est tellement bourré d’infos intéressantes et bien documenté que ça se regarde très facilement. Il a aussi bossé sur la série 24 FPS sur GameKult, qui parle des liens entre le jeu vidéo et le cinéma. C’est un immense fan d’Astérix, donc qu’il aie pu bosser sur le jeu n’est pas si surprenant et en y repensant je pense savoir avec précision quelles lignes il a pu écrire. Enfin bref, fin de la parenthèse… Mais abonnez-vous à sa chaîne !

L’autre truc que j’ai vraiment bien apprécié au niveau de la présentation est le casting 5-étoiles qui s’est rattaché au projet. En gros, si vous avez vu l’excellent Domaine des Dieux ou bien l’un poil moins ouf Secret de la Potion Magique (je m’en remets toujours pas de cette fin… Erf), vous reconnaîtrez le gros des voix, à l’exception d’Astérix qui n’est ni doublé par Roger Carel ou bien Christian Clavier, mais par Jean-Claude Donda que vous avez sûrement déjà entendu comme VF de C3PO dans Star Wars ou bien Kerubim Crépin dans Dofus et qui a déjà prêté sa voix à Astérix au détour d’une adaptation audio de la BD. Ajoutez à ça Guillaume Briat en Obélix, Bernard Alane en Panoramix, le merveilleux Benoît Allemane en Narrateur, Emmanuel Curtil en César et un petit caméo de Donald Reignoux en légionnaire romain et vous avez un jeu qui fait plaisir aux oreilles.

D’ailleurs, la musique, même si pas hyper folle, est aussi très agréable, notamment dans le village des Gaulois.

Et enfin, la dernière chose vraiment positive que je peux dire à propos du jeu, c’est que les deux derniers mondes ont un level-design intéressant. Pas oufissime, ni n’exploitant vraiment les possibilités offertes par le gameplay ou bien la mécanique de co-op, mais c’est bien plus intéressant que sa première moitié (à l’exception du second monde qui possède aussi deux-trois moments rigolos).

S*oupire* Jamais je n’avais joué à un beat-them-all où je cherchais activement à éviter la confrontation, mais c’est arrivé avec Astérix & Obélix XXL 3 car les combats de ce jeu sont… Pas intéressants sur le long-terme. C’est très simpliste et répétitif et la seule solution qui a été trouvée pour rendre les combats plus difficile a été d’ajouter plus d’ennemis à l’écran. Alors certes, il y a un peu de variété dans les ennemis avec notamment des légionnaires avec des boucliers, des archers et des mecs avec des lances qui nous stun-lock et qui sont en très grande partie la raison pour laquelle j’avais juste envie de zapper les combats… Ce que le jeu semble presque encourager, puisqu’il n’y a presque aucun moment où l’on est forcés de se battre et la seule pénalité pour ne pas le faire est que l’on aura moins d’argent à dépenser dans la boutique d’upgrade, sachant que ledit argent se trouve de toutes façons dans la tonne de caisses qui traînent.

Le jeu se divise en deux phases : les phases d’exploration et de rares énigmes et les camps romains. La première phase consiste d’aller d’un point A à un point B et la seconde phase est une sorte de défi où l’on doit là-aussi aller à un point donné tout en traversant les différentes portes gardées par les romains. Le twist, c’est que les leviers qui permettent d’ouvrir les portes sont utilisables que s’il n’y a aucun ennemi à la ronde et une fois que l’on comprend ça, on a juste à ignorer 95% des romains sur la route, taper sur ceux qui gardent le levier et progresser comme ça. Là-encore, on pourrait penser que le jeu encourage cette démarche, puisque se battre, c’est risquer de perdre bêtement des points de vie, que les moyens de la regagner sont assez rares et que les romains ne nous courseront rarement bien longtemps. Il y a aussi des quêtes annexes qui prennent la forme de petites épreuves, comme escorter un poulet d’un bout de la carte à l’autre ou bien courir en ignorant les combats pour arriver au point B dans les temps, mais les récompenses sont pas suffisamment intéressantes pour valoir le coup.

Après, dans un sens, je suis plutôt content qu’il n’y aie pas trop de barrières arbitraires pour nous forcer à nous battre en chemin puisque l’on gagne du temps et je pense que l’on deviendrait fou tant les combats sont basiques. En gros, on peut taper ou bien utiliser des attaques spéciales en appuyant sur la gâchette puis un bouton dédié, utiliser la potion magique d’Astérix pour taper plus vite sur tout le monde et utiliser Idéfix avec Obélix pour effrayer les romains. Et même si dans d’autres jeux ce genre de gameplay peut facilement passer, parce que la caméra est si détachée de l’action et aussi parce que les ennemis ne résistent pas trop et ont des attaques difficiles à cerner, mais trop faciles à esquiver quoi qu’il arrive, bah ça ne nous engage pas des masses en solo. En co-op, ça peut bien s’y prêter, puisque l’on n’a pas besoin de faire attention à grand chose, mais en solo ça devient presque ennuyant.

Un autre point qui me dérange et qui vient de ce changement de perspective vient… Bah justement de la perspective un peu hasardeuse par endroits qui donne l’impression que certaines plateformes sont alignées alors qu’elles ne le sont pas ou bien, parce que les personnages se déplacent aussi vite, il n’est pas impossible de tomber. Il y a un moment en particulier que j’ai du recommencer deux fois parce que je n’arrivais pas à distinguer la plateforme gelée du trou d’eau et donc suis passé dedans.

Enfin, j’ai joué à la version Switch du jeu et… Yeech. Le jeu est joli en mode télé et ça tourne relativement bien sur la première moitié, mais en mode portable, ça tourne à la bouillie de pixels. Bon après, ce souci est loin d’être unique à ce jeu (coucou Xenoblade Chronicles 2 ou bien Travis Strikes Again No More Heroes dans les exemples les plus notables), mais parce que la caméra est trop éloignée des personnages, ça devient vite déplaisant pour les yeux. Ajoutez à ça le fait que le framerate devient de pire en pire au point de frôler le point diapositives sur la fin à cause des combats impliquant de plus en plus de romains à l’écran. Encore une fois, en mode télé, ça passe, mais en mode portable, ça devient très inconfortable et j’ose à peine imaginer ce que ça deviendrait en co-op…

Au final… Je n’arrive pas à trouver de véritable conclusion à cette critique. Astérix & Obélix XXL 3 n’était pas un mauvais jeu et je ne peux que reconnaître les efforts d’Osome pour faire au mieux et construire un jeu qui respecte autant la BD, mais je ne me suis pas vraiment amusé dessus. J’ai passé 4 ou 5 heures dessus pour le finir et ce n’est que dans ces deux dernières heures que ça commençait à devenir un minimum intéressant avant de s’arrêter abruptement.

Comme dit dans l’intro, peut-être que s’il n’avait pas porté le nom de XXL je n’aurais pas eu autant d’attentes et peut-être que je m’y serais un peu plus amusé si j’avais pu le faire en co-op, mais je me retrouve avec un jeu qui m’a fait sourire plus par son écriture et sa présentation que son gameplay… Dommage.

Si vous aimez Astérix et que vous cherchez un jeu à faire avec vos enfants, ça peut le faire, j’imagine, mais je n’y mettrais pas les 50€ demandés. 20 ou 30 à la rigueur, mais pas le même prix qu’un Luigi’s Mansion 3 ou bien Donkey Kong Country Tropical Freeze. Ou bien au pire prenez le 2 sur PS4, Xbox One ou PC (la version Switch est un peu trop buggée, malheureusement) en attendant une baisse de prix.

J’imagine que je vais devoir inaugurer une nouvelle catégorie dans mon système de notation et lui mettre un « Eeh ? » et attendre un XXL 4 qui je l’espère nous offrira une aventure qui lorgne plus sur l’esprit des platformers de la génération N64/PS2.