Il ne fait plus aucun doute que la Nintendo 3DS vit ses derniers instants. Entre les sorties de la part de Nintendo qui commencent à se faire de plus en plus rares et les éditeurs tiers qui mettent désormais la plupart de leurs ressources dans des projets destinés à la Nintendo Switch ou les autres plateformes, la console aux deux écrans en a pour un an grand max avant qu’elle ne soit officiellement considérée comme finie. Nintendo sort quelques titres de ses tiroirs histoire de faire acte de présence et c’est limite dommage que WarioWare ait été considéré comme un de ces bouche-trous de dernière minute, même si on sent aussi que la série n’en a plus pour longtemps à vivre.

Car si WarioWare Gold se veut être une célébration de tout ce que la série a fait de meilleur, on peut aussi interpréter que, de par sa nature best-of, ce jeu est le signe que l’équipe derrière commence à être à bout d’idées et qu’il valait mieux finir là-dessus plutôt que sur un autre Game & Wario, qui cherchait absolument à innover et ne proposait donc que trop peu de contenu.

Cela étant dit, même s’il s’agit de la plus grosse compilation de micro-jeux de la série… Je ne m’attendais pas à la terminer en un seul début d’après-midi. Yeech.

Le plus court cabaret du monde

Chose plutôt sympa : le jeu propose une véritable histoire ! Comme d’habitude, Wario cherche à se faire de l’argent et parce qu’il découvre que les jeux vidéo sont la nouvelle mode, il décide de demander à ses amis de créer des jeux pour lui en plus d’organiser un tournoi au cashprize suffisamment aguicheur pour que tout le monde veuille acheter une place. Ce tournoi attire énormément de monde en plus d’une mystérieuse jeune fille qui semble en vouloir à Wario pour une raison inconnue.

Chacun des personnages de la série a le droit à sa petite histoirette et toutes sont rigolotes, allant d’un scientifique se faisant pourchasser par une de ses inventions oubliées à une battle de rap pour récupérer les jeux d’un gamin. Là où le joueur habitué de la série sera particulièrement choqué : pour la première fois, le jeu est entièrement doublé en français (si l’on excepte les tutoriels de WarioWare Smooth Moves sur Wii) ! Donald Reignoux ou bien Martial Le Minoux répondent présent avec d’autres acteurs que l’on reconnaîtra d’ici ou d’ailleurs et même si ça n’est pas la performance la plus ahurissante au monde, ça fait son effet. J’y ai joué en anglais pour Charles Martinet jouant Wario et en français par rigueur scientifique et les deux versions sont bonnes (même si j’ai une préférence pour la version anglaise, parce que Charles Martinet) et, chose amusante, si le doublage ne vous plaît pas, un des gadgets que l’on obtient dans les bonus permet de doubler nous-mêmes les cutscenes et c’est très drôle à utiliser.

Le mode Histoire est donc le cœur du jeu et est découpé en quinze segments, eux-mêmes découpés en quatre catégories. Le premier réunit tous les micro_jeux se jouant uniquement aux boutons, le second réunit ceux utilisant le gyroscope (et donc contient que des jeux inédits pour nous pauvres européens n’ayant pas eu le droit à WarioWare Twisted), la troisième les micro-jeux purement tactiles et la quatrième est une compilation qui mélange le tout.

Finir le mode Histoire prendra en tout et pour tout… Environ 2h30. C’est court et c’est d’autant plus impressionnant dans le mauvais sens du terme que tous les micro-jeux se retrouvent exclusivement dans ce mode. Il suffira de repasser une seconde fois par chaque personnage et prier les dieux de l’aléatoire pour obtenir les 5-6 micro-jeux manquants et ensuite vous les rejouerez tous ad nauseam dans les diverses épreuves du mode Challenge, qui propose des manières plutôt cool d’y jouer, que ce soit contre la montre, avec une seule vie ou bien que deux micro-jeux s’enchaînent en alternant entre l’écran du haut ou bien du bas. Le jeu Gamer de Game & Wario revient (un des meilleurs modes du jeu Wii U), où l’on doit finir notre partie tout en faisant gaffe à ce que notre mère ne nous chope pas. Imaginez Five Nights at Freddy’s, mais avec moins de peluches sanguinaires et plus des mamans véner’.

Histoire de rallonger un peu plus la durée de vie, WarioWare Gold possède une liste interminable de missions à accomplir, du style réussir à finir un certain nombre de micro-jeux sans perdre de vies ou bien débloquer tous les micro-jeux de tel ou tel personnage. Elles permettent de gagner de l’argent et cet argent sert à alimenter un des aspects les plus déplaisants du jeu : la machine à gachapons.

WarioWareGold Lulu

Car le jeu possède une tonne de gadgets et extras inutiles à débloquer, comme des parodies complètement débiles d’autres jeux (comme Metroid – dont Yoshio Sakamoto, créateur de WarioWare, a aussi aidé à créer -, devenant Miaoutroid), de véritables réveils, des mini-vignettes revenant sur certaines des créations de Nintendo en dehors des consoles, de véritables consoles virtuelles jouant véritablement des versions réduites de WarioWare ou bien les séquences animées que l’on peut s’amuser à doubler nous-mêmes. Et pour les récupérer, non seulement il faut récolter de l’argent filé à un rythme effroyablement lent, mais en plus il faut obligatoirement passer par une machine à gachapons, qui vous filera un gadget au hasard, et bien plus souvent un truc inutile que quelque chose que l’on veut. On est forcés de jouer à des micro-jeux que l’on aura déjà fait quinze-mille fois si jamais on veut avoir plus de choses intéressantes et ça, c’est juste… Naze.

Après, de là à dire que je ne me suis pas amusé sur ce WarioWare Gold serait trahir mes souvenirs du jeu et les sourires débiles qui se sont affichés sur mon visage au moins une à trois fois toutes les deux minutes, car non seulement je souriais en découvrant les nouvelles idées stupides des développeurs, mais je souriais aussi assez souvent en redécouvrant certaines épreuves que j’avais passé durant mon enfance, réveillant certains souvenirs autour du jeu qui me sont précieux. On râle souvent sur le côté commercial des compilations, mais, dans un sens, jouer à ce jeu m’a permis de retrouver un pan de mon passé que je chéris encore à ce jour. Et ça, c’est plutôt cool.

En bref, je ne sais pas trop quoi penser de ce WarioWare Gold. Car d’un côté, il s’agit de l’épisode le plus complet sorti à ce jour, proposant plus de contenu que n’importe quel épisode de la série en plus de reprendre ce qui s’était fait de meilleur. Mais d’un autre côté, si vous ne cherchez pas à aller plus loin que ce que le mode Histoire et Challenge vous proposent et que le gachapon ne vous fait pas vibrer, vous ferez face à un titre qui ne vous durera pas plus de cinq heures avant d’être remis dans votre bibliothèque pour une durée très indéterminée.

Indéniablement, le jeu est un concentré de fun. C’est une célébration de la stupidité et je ne peux que l’adorer et je le recommanderais à n’importe qui ayant encore volontairement conservé une part d’immaturité… Mais à 40€ ? Probablement pas. Si vous le trouvez à moitié prix, en revanche et que vous préférez la qualité d’expérience à la durée de vie, je pense que vous y trouverez le compte. Autrement, si vous vous sentez aventureux ou bien que votre Nintendo 3DS se sent délaissée, je vous dirais…

Why Not IconBenjamin « Red » Beziat