Note : la critique qui suit a été réalisée avec l’aide de Nintendo, qui nous a fourni un code presse.

« Nintendo ne fait pas de nouvelle licences ! »

Combien de fois a-t-on pu entendre cette phrase, balancée à tort à travers les forums et autres commentaires de news ? Beaucoup trop, je dirais, compte tenu du fait qu’il s’agit d’une phrase totalement fausse. Alors certes, Nintendo ne sort pas des masses de nouvelles IP surmarketées comme Splatoon (et visiblement ARMS), mais la Nintendo 3DS a connu pas moins de cinq nouvelles séries. Dillon’s Rolling Western (♥), Box Boy, Pushmo, Speedthru, Steel Diver et aujourd’hui Tank Troopers (et probablement d’autres, mais là j’ai cité ceux dont je me rappelais). Comme la plupart des jeux cités ci-dessus, Tank Troopers est un « petit jeu » eShop proposé à un prix assez bas et proposant un concept simple : celui des combats de tanks. Et même si ce concept peut sembler assez limité de prime abord, vous seriez assez surpris par la variété de manières que vous aurez de balancer votre console contre un mur.

#NotMyAdvanceWars

Lorsque Tank Troopers avait été annoncé, on avait l’espace d’un instant cru qu’il s’agissait d’un spin-off de la série des Advance/Battalion Wars. Thématique militaire, tanks et soldats colorés… On aurait pu y croire, mais il n’en est rien. Il s’agit de sa propre série, avec ses propres règles et une galerie de personnages variés au design cool, aux capacités uniques (l’un nous fera aller plus vite, un autre tapera plus fort, un autre nous fera jeter des bombes puissantes avec une zone de dégâts plus conséquente, etc.) et doublés en français. Un français absolument ridicule et incroyablement déphasé par rapport aux productions actuelles, mais j’ai juste envie de croire que c’est un choix conscient de la part des personnes qui ont dirigé les acteurs autrement on qualifierait ça de hautement nanardesque.

Il n’y a pas du tout de scénario. Juste un enchaînement de missions à la difficulté légèrement inconstante, mais aux objectifs pas mal variés. Un instant on devra anéantir tout ce qui bouge, un autre on devra traquer nos adversaires ou bien protéger un objectif, détruire des boss imposants, jouer au billard avec des boules géantes ou éclater des ballons. C’est fun, mais ce fun trouve un point d’arrêt assez brutal en plein milieu car une certaine mission est tellement difficile qu’elle nécessite de faire un long et pénible grinding pour accumuler suffisamment de pièces pour acquérir un tank suffisamment puissant et mobile pour nous éviter de perdre quasi-instantanément la mission (ou du moins, ça, ça concerne le mode de jeu où l’on peut choisir son tank et les personnages qui l’habitent, puisque dans le mode où tout est prédéfini, la mission est juste infaisable).

Bien évidemment, ce grinding peut être rendu plus fun si on décide de jouer avec des amis, mais là encore surgit un certain problème : le multi n’est que local. Heureusement que l’on peut y jouer qu’avec un seul exemplaire, mais pour l’avoir essayé en situation réelle avec des amis, le jeu a passionné cinq minutes avant que l’on ne décide de repasser à Mario Kart 7.

Cela ne veut pas non plus dire que le gameplay de Tank Troopers est trop simpliste ou pas assez nuancé pour ne pas être fun. Contrôler le tank n’est pas aussi rigide que dans des jeux qui viseraient plus la simulation et il y a pas mal de power-ups rigolos comme le camouflage pour créer des situations assez drôles de guet-apens où un buisson vous détruira de manière soudaine. On peut aussi utiliser le gyroscope pour avoir théoriquement plus de contrôle sur notre visée, même si dans la pratique c’est impossible pour la simple et bonne raison qu’il suffise qu’un tank roule dans notre dos pour que l’on s’explose la colonne vertébrale en tentant de le suivre avec notre tourelle (mais l’on peut aussi choisir de simplement utiliser les boutons pour plus de facilité, ce qui est une excellente chose).

Au final, le truc qui me rend le plus perplexe avec Tank Troopers, c’est que l’on sent les efforts des développeurs pour offrir un jeu qui soit au maximum complet. Et pour 8€, on a facilement autant de contenu qu’un jeu qui ferait trois fois son prix, avec énormément de tanks à débloquer et une quinzaines de personnages rigolos à acquérir. Le gameplay a été soigneusement taillé pour offrir une expérience optimale et même si le multi ne nous a pas autant passionné que prévu, il y a quand même moyen de faire quelques parties sympathiques si l’on trouve les bonnes personnes. C’est juste dommage que le système de progression forçant au grinding et les rares missions difficiles et frustrantes viennent ternir un tableau qui est franchement respectable. Si suite à ce jeu il y aura, je ne dirai clairement pas non, dans tous les cas.

Benjamin « Red » Beziat