Les Animaux Fantastiques est un film qui a pas mal divisé la critique. Ceux qui l’aiment le trouvent génial, tandis que ceux qui ne l’aiment pas disent qu’il s’agit de la « dernière plus grosse arnaque de J.K. Rowling ». Et, personnellement, après l’avoir vu hier après-midi et m’être rendu compte quelques minutes avant d’aller me coucher que « Ah bah oui, je suis allé voir un film aujourd’hui », bah… Je peux dire que, malgré son cadre plus qu’intéressant et des bribes d’éléments cool, ce que j’ai vu n’était pas particulièrement fantastique (ni ne contenait masse d’animaux, d’ailleurs).

Not So Fantastic Story Beats (by Dr Dre)

Les Animaux Fantastiques nous racontent l’histoire de Newt Scammander (ou le beaucoup plus «  » » »mignon » » » » Norbert Dragonneau en VF), un sorcier qui débarque à New York pour à priori récupérer une créature rare qu’il rajoutera à son Pokéde… Sa valise magique qui s’avère être une réserve naturelle pour des bêtes étranges et magiques et aussi son espace d’études, car comme tout bon Maître Pokémo… Scientifique, Newt veut écrire un livre pour pouvoir permettre à n’importe quel sorcier de mieux comprendre ces monstres et permettre leur préservation.

Mais cet aspect de l’histoire et ce message écologiste sont oubliés à peine l’introduction passée, puisque Newt se retrouve embarqué dans une histoire de sauvetage du monde assez classique et absolument dénué de subtilité et de nuance.

Car s’il y a bien quelque chose qui manque à ce film, c’est la subtilité : le méchant se fait griller dès la scène d’ouverture et possède un nom de méchant digne de ceux que l’on trouve dans le Journal de Mickey (et se fait même démasquer sans véritable cérémonie, ni logique, comme dans un épisode de Scooby Doo), un autre « méchant » est montré à l’écran littéralement une minute et est seulement montré comme tel de manière grossière pour justifier son meurtre quelques dizaines de minutes plus tard, ne suscitant ainsi aucune réaction particulière, l’humour ne repose que sur du slapstick et/ou ne se fait quasi exclusivement qu’aux dépends des personnages et la fin, sans spoiler, est tellement stupide et convenue que je me suis senti insulté devant les facilités d’écritures employées ici pour éviter que l’histoire globale ne mute en quelque chose de trop gros… Et de trop intéressant.

Alors certes, je peux comprendre qu’il s’agit d’un premier épisode de ce qui semble être une série de cinq films, mais là, il ne s’agit que d’un film de « world-building » jonglant avec tellement de balles et de sous-intrigues qu’il n’arrive à en développer aucune. Newt est absolument plat en tant que personnage et ne connaît aucun développement ou ne change pas d’un point à l’autre du film, tandis que les personnages secondaires sont très nombreux et n’ont pas le temps de devenir autre chose que des fonctions… À l’exception de Jakob Kowalski, un des rares personnages « non-mag' », notre « touriste » du film, qui se laisse balader et découvre le monde en même temps que nous. C’est le seul personnage de tout le film qui connaisse un véritable développement et qui devienne véritablement attachant, même si son rôle de sidekick rigolo et les tentatives d’humour maladroites à ses dépends manquent de peu de casser la fraîcheur qu’il apporte au film.

D’ailleurs, en y repensant, on m’a présenté le film comme une comédie. Comme un Ghostbusters au pays de Harry Potter, mais il s’avère que l’humour y est tellement rare que quand il apparaît, il tombe totalement à plat, tant il apparaît hors de propos et aussi manque cruellement de subtilité pour véritablement amuser. Une scène en particulier d’ailleurs intervient sans prévenir au beau milieu du film pour dire « Ah ouais… Mais on ne s’appelait pas ‘Les Animaux Fantastiques’ ? » joue avec le concept des Animaux et aurait eu sa place dans un film nommé Les Animaux Fantastiques si le focus avait été mis sur lesdits Animaux Fantastiques et ne s’était pas transformé à ce stade en « film faussement complexe pour donner une illusion de gros film d’aventure ».

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Un autre détail qui m’a pas mal attristé est la non-exploitation de l’univers du film. On se retrouve dans le New York des années 30 ! L’époque du jazz, de la Prohibition, de la ségrégation malsaine et des gangsters ! Une de ces périodes où tout est visuellement sublime et où l’on peut faire tant de choses… Mais le film n’en fait rien. Alors certes, il cite tous les éléments que j’ai listé là, mais n’en fait jamais rien. On aurait pu changer de ville et d’époque, ça n’aurait rien changé du tout à la manière dont se déroulent les événements… D’ailleurs, j’en profite pour caser une petite pub pour Lackadaisy, un webcomic vraiment sympa qui fait véritablement quelque chose de son contexte historique et qui vous défonce les rétines à coup de batte. En fait, si on m’avait offert l’équivalent sorcier de Lackadaisy ou remis le focus sur les animaux fantastiques, il y avait des chances pour que ce film devienne cool.

Après, je donne l’impression de détester ce film, mais au contraire, je l’ai trouvé sympatoche, sans plus. Il manquait clairement de focus et s’éparpillait beaucoup trop pour entrer dans ma liste des meilleurs films de l’année, mais il n’en restait pas moins visuellement fou, avec des monstres visuellement intéressants et créatifs (et une seule séquence filmée en 4K à 120 images par secondes qui dénotait tellement avec le reste pour aucune raison en particulier) et les musiques étaient plutôt cool, bien que pas assez mémorables ou appuyées. C’est juste dommage que ce film soit aussi mal écrit. On sent que J.K. Rowling veut bien faire, mais qu’elle n’a aucune idée de comment se débrouiller pour développer ses personnages dans un format aussi court et sans avoir à se reposer sur des poncifs lourdingues. Passer de 450 pages Word pour l’Ordre du Phénix* (ou 150 pour l’École des Sorciers) à l’équivalent de 40 maximum pour un script de cinéma, ça force à faire pas mal de choix. Et écrire un film, c’est beaucoup plus compliqué à faire, car il est également possible de raconter son histoire au travers de plans de caméra et de non-dits, choses qui soit sont totalement absentes, soit délivrées avec autant de subtilité qu’un épisode de Dora l’Exploratrice.

* Ayant fait les calculs pour estimer le nombre de pages des Multiples Vies de Leo Davis, je peux dire qu’une page de Harry Potter au format Poche est équivalent à une demi-page Word, ce qui rend tout de suite l’Ordre du Phénix moins impressionnant… Et qui me fait dire que je n’y suis pas allé de main morte avec Leo Davis, puisque les deux premiers tomes réunis font 305 pages Word, soit 610 pages si publiés au même format que Harry Potter… Hum. (Oh, et #PublicitéGratuite, au passage ♪)

En bref, est-ce qu’il faut aller voir Les Animaux Fantastiques ? J’ai envie de dire oui, mais je préfèrerais vous conseiller d’attendre au moins un an, histoire de voir si la suite de ce film sera suffisamment bonne pour garantir son visionnage. Car on sent qu’il s’agit d’un film posant les fondations de quelque chose de plus grand, mais en tant que film « standalone », il ne vaut pas tant le coup que ça. Après, si vous voulez voir un truc plus Fantastique, vous pouvez toujours opter pour Captain Fantastic, qui est toujours en salles et qui apparemment est excellent. Beaucoup moins grand public et plus philosophique, mais apparemment excellent.

Benjamin « Red » Beziat