S’il y a bien un film que j’attendais avec énormément d’impatience, c’était bien Baby Driver. Après tout, le film est réalisé par Edgar Wright, un des meilleurs réalisateurs britanniques actuels, ayant à son palmarès le très bon Shaun of the Dead, l’excellent Scott Pilgrimm VS The World, l’excellentissme The World’s End (ou le Dernier Pub Avant la Fin du Monde) et le « tellement-génial-qu’il-est-carrément-mon-film-live-préféré-de-tous-les-temps » Hot Fuzz. Il était censé ajouter le très fun Ant-Man à son palmarès, mais avait été contraint de quitter le projet… Des années ont passé et revoilà donc Edgar Wirght revenant avec une vengeance, prêt à montrer une nouvelle fois qu’il est un des maîtres du montage, avec un film à la fois plus classique, mais également très expérimental, puisqu’il s’agit presque du premier film de course-poursuite-comédie-pas-vraiment-comédie-musicale-sans-musique-originale. Si si.

Baby Don’t Hurt Me

Je vais éviter de trop entrer dans les détails pour ne pas spoiler, mais voici le pitch de base : Baby est un jeune adulte excellant en conduite et travaillant pour un criminel spécialisé dans les braquages de banques. Le rôle du garçon est simple, mais essentiel : il est le chauffeur sur chaque coup. Et il a pour particularité d’avoir constamment de la musique dans les oreilles, la faute à un bourdonnement constant dans les oreilles qu’il souhaite à tout prix endiguer.

Baby n’aspire qu’à une vie simple et sans problèmes, mais est contraint de bosser pour les braqueurs pour effacer une dette particulièrement lourde… Et je vais m’en arrêter là.

L’histoire est relativement simple, mais diablement efficace, possédant un bon lot de grosses surprises et même s’il y a un petit retournement de situation qui semble sortir de nulle part, l’ensemble tient particulièrement bien, avec des touches d’humour assez rares, mais diablement efficaces lorsqu’elles entrent en scène. D’ailleurs, en repensant au film et à la filmographie d’Edgar Wright, et malgré un côté beaucoup plus sérieux, Baby Driver reste dans une certaine continuité, notamment par la structure en deux temps « mise en place des personnages et enjeux/boss rush » que l’on retrouve dans Scott Pilgrimm, The World’s End et Hot Fuzz.

Mais là où le film devient monstrueusement cool, c’est là où l’on pouvait l’attendre le plus : sa réalisation et son sens du montage. Edgar Wright oblige, c’est un sans-faute, et même bien plus, car l’action est synchronisée avec la musique de la plus intense et jouissive des manières. S’il y a un coup de feu, vous pouvez être certain de l’entendre en même temps que le bruit des percussions. Idem pour les mouvements des personnages, qui se calent sur le rythme avec une précision folle et même le plus petit des détails aura le droit à une attention toute particulière. Ça peut parfois être très subtil, mais quand on le remarque, on ne peut qu’être émerveillé.

Et bons dieux que j’ai été émerveillé à de trop nombreuses reprises ! Car en plus d’être synchronisées, les scènes d’action sont très inventives, avec une utilisation des décors des plus intelligentes. On a également le droit à un ou deux plans séquences particulièrement bien montés, là encore synchronisés avec la musique pour rendre l’utilisation d’une technique actuellement très à la mode à nouveau unique et intelligente.

Et bien évidemment, le casting est plus que parfait. Kevin Spacey est Kevin Spacey, donc il a une présence monstrueuse, tandis que Jon Hamm, Ansel Elgort et Lily James s’éclatent totalement dans leurs rôles. On sent qu’ils se sont fait plaisir sur le film et on ressent en retour ce plaisir en regardant le film.

Je ne vais pas m’étendre des heures dessus, mais si vous pouvez aller au cinéma pour aller voir un film cet été, donnez sa chance à Baby Driver. Le marketing risque encore une fois d’être assez calamiteux (suffit de comparer les affiches françaises passe-partout et celles très stylisées destinées aux États-Unis et en Angleterre pour s’en convaincre), donc le film sera très certainement peu diffusé en salles, ce qui est dommage pour un film de cette trempe. Le film sort le 19 Juillet (j’ai eu la chance de le voir en avant-première grâce à une séance annoncée à la dernière minute) et il serait vraiment dommage de le louper. C’est un véritable festival pour les sens en plus d’être un excellent. Après, où est-ce qu’il se place sur l’échelle de Wright ? En dessous de Hot Fuzz, très clairement, et juste un poil en dessous de The World’s End, mais bien au dessus de Scott Pilgrimm, donc… Excellentissimus ?

En tout cas, je sens que l’attente pour aller le revoir sera longue… Et en disant ça, j’ai l’impression d’être un gars sorti d’une attraction de Disneyland et qui n’a qu’une seule envie : d’y retourner.

Je suis ce gars.

Benjamin « Red » Beziat