Comment ? Une critique manga ? Et une critique manga qui ne figure aucun personnage animalier ? Mais quelle est cette folie ?

Vous savez, même si je peux souvent ne me focaliser que sur un seul type de chose à la fois, il m’arrive aussi de suivre mon instinct et de sélectionner une oeuvre un peu au pif parce que je m’attends à quelque chose de cool. La couverture de Talli, Fille de la Lune, de Sourya m’a pas mal happé, avec des personnages aux designs qui me plaisent tout particulièrement et la promesse d’une aventure Fantasy intrigante. Et il m’aura fallu aller un peu partout, demander à gauche et à droite sur une bonne semaine et demi avant de pouvoir mettre la main dessus, m’acharnant encore et toujours à ne pas céder à la facilité qu’offre un site marchand (uniquement pour en voir partout le lendemain de l’achat). Est-ce que cette traque quasi-désespérée valait cependant la coup ?

Oh que oui, je n’ai pas été déçu !

La part du Talli, on ne la néglige pas !

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Talli, Fille de la Lune commence de manière assez classique pour une oeuvre de Fantasy. Une fille liée à la noblesse doit partir en exil, poursuivie par des membres du pouvoir qui veulent mettre la main sur elle pour des raisons mystérieuses. Dans leur fuite, Talli et Alan, son chevalier servant, vont tomber sur des alliés improbables qui les aideront à atteindre le domaine d’une personne capable de les protéger. Pavel est un vieux marchand d’armes rigolard et rigolo et Lélo son apprenti mystérieux aux réflexes plus qu’affûtés. Tous deux vont aider Talli dans sa quête dans le but de toucher un joli petit pactole.

Cependant, les choses sont loin, très loin d’être simples, puisque non seulement le petit groupe est poursuivi par les sbires d’un puissant noble, mais le temps joue aussi contre eux et ils doivent absolument arriver à destination avant la fin du mois pour des raisons que je ne vais pas spoiler, puisque le mystère fait aussi tout le sel de cet aventure.

Les révélations s’enchaînent assez rapidement sans pour autant s’empiler et le tome se termine sur un final plus qu’intéressant ainsi qu’un cliffhanger certes présent et qui donne envie de lire la suite, mais pas trop putassier, ce qui est toujours agréable.

L’un des plus gros points forts de ce premier tome, c’est la capacité de Sourya à mélanger habilement sérieux et humour, ce qui n’est pas sans rappeler certains des meilleurs travaux de Hiromu Arakawa (Fullmetal Alchemist et surtout The Heroic Legend of Arslân, avec qui Talli partage le même genre). D’ailleurs, presque comme dans les oeuvres de Hiromu Arakawa, les effets de gore sont limités, ce qui est plutôt appréciable, puisque quand ça arrive, c’est d’autant plus surprenant.

L’autre gros point fort de ce tome, c’est comment j’ai réussi à m’attacher à tous les personnages en à peine plus de 160 pages. Tous se répondent bien et ont une alchimie qui fait que ça fonctionne directement. Ceci dit, premier tome oblige, tous n’ont pas le temps d’apparaître sous leur meilleur jour et même si l’on a largement pu voir Talli, Lélo et Pavel en action, passée la scène d’introduction, j’ai trouvé qu’Alan était assez rapidement mis en arrière-plan (exception faite d’une ou deux bonnes interventions plus tard). Le fait qu’il soit aussi le gentil chevalier de service dans un groupe autrement composé de trois personnalités explosives fait qu’il a un peu plus de mal à respirer, mais bon, je peux attester du fait qu’il est assez difficile de jongler avec trop de personnages et de tous les faire vivre de manière égale dans un premier tome et encore plus un tome de BD, donc je peux facilement imaginer qu’il sera plus développé/mis en avant par la suite.

Dans le titre, je disais que le livre était un bel hommage au JRPG, et ce n’est pas que moi qui dit ça, puisque comme en atteste le texte à l’intérieur de la couverture et le petit making-of en fin de livre, Sourya lui-même a été influencé par les JRPG de son enfance, notamment Dragon Quest VIII, que l’on remarquera dans le manga par le côté humour/drama ou bien les Suikoden, dont on retrouve le côté « serious Fantasy » où la magie se fait très discrète et les relations entre les personnages sont tout autant mises en avant que l’environnement et les jeux de pouvoir qui se tiennent à l’extérieur. J’espère d’ailleurs que la suite explorera un peu plus le fonctionnement de ce monde, puisque c’est typiquement le genre de choses que j’aime bien voir dans ce type d’oeuvres et les indices donnés ici et là donnent envie d’en savoir plus.

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En bref, un premier tome plus que prometteur ! Par son grand format, il coûte un poil plus cher qu’un manga classique, mais je ne peux que vous recommander Talli, Fille de la Lune. C’est beau, drôle, mystérieux et ça met de bonne humeur en plus de vouloir lire la suite !

Je vais vraiment finir par croire qu’Ankama ne prend jamais de mauvaises décisions en ce qui concerne les choses qu’ils éditent à ce stade… Hum.

Benjamin « Red » Beziat